" Entre tous, l’évêque saint Loup occupe une place exceptionnelle, son seul nom suffit à classer cette Eglise de Troyes dans l’histoire… tout le désigne à l’admiration, au respect, et fait de lui le plus grand des évêques troyens ", a écrit Mgr Roserot de Melin.
Saint Loup naît vers 383 à Toul. Parvenu à la plus haute érudition, la renommée de sa brillante éloquence, le fait connaître à tout le pays.
En 417, il épouse une bergère, Piméniola. Sept ans après, ils n’ont pas encore d’enfants, et d’un commun consentement, s’engagent à garder la continence et à vivre comme frère et sœur.
Il abandonne son bien aux pauvres, quitte la demeure familiale et se rend auprès de saint Honorat, abbé du monastère fondé dans l’île de Lérins. Après une année passée dans une fervente piété, Loup juge sa vocation affermie.
Il regagne Troyes qui vient de perdre son évêque saint Ours. Les Troyens le prient de lui succéder. Ainsi commence en 426 un pastorat remarquable.
Il crée le monastère de Saint-Martin-ès-Aires, instruit un peuple ignorant, gouverne son clergé " avec les rênes d’une sainteté attentive ".
" Doté d’une intelligence vigoureuse, d’une éloquence célèbre, d’une éminente sainteté ", il est envoyé en 429, en mission en Grande Bretagne, afin de purger l’île de l’hérésie pélagienne. Il calme une forte tempête en s’y rendant, et est accueilli par la foule, au vu de miracles éclatants : les paralytiques marchent, les morts sont réanimés, les aveugles voient.
Après cette mission, il regagne Troyes avec une autorité accrue du succès éclatant qui l'a couronnée. " les Gaules tressaillent d'allégresse à l'annonce de son arrivée ", dit le biographe de saint germain.
Il établit à Troyes une école d’où sortent plusieurs disciples qui ont honoré l’épiscopat.
Mais les Huns deviennent un grave danger. En 451, Attila franchit le Rhin, brûlant les villes, et assailli par les Romains, il résiste dans la célèbre bataille des Champs catalauniques, près de Saint-Mesmin.
Notre évêque, qui fait également fonction de maire, lui envoie 8 clercs avec des paroles de paix, pour le prier d’épargner Troyes. Mais un incident est cause de leur mort : les rayons du soleil frappent les évangiles, et par réverbération, les yeux d’un cheval qui renverse en le tuant son maître, général d’armée et parent d’Attila.
Le roi barbare furieux, ordonne la mort des troyens. Un jeune clerc (qui deviendra saint Camélien) peut se sauver et en faire le rapport à son évêque.
Saint Loup se présente, vêtu de ses ornements pontificaux,son clergé marchant processionnellement devant lui. Attila a peur que le prélat ne soit armé d’une puissance surnaturelle, il est frappé du discours du pontife, subissant l’ascendant de notre évêque qu’il devine comme partenaire digne de lui.
Il traverse notre ville sans dommage, la population n’est pas molestée, et en admiration pour la vertu de notre évêque, il lui demande de l’accompagner dans sa retraite jusqu’au Rhin, puis le renvoie à Troyes comblé d’honneurs et se recommandant à ses prières.
Les miracles continuent, et saint Loup encourage et protège les premières foires de Champagne.
Il décède en 479, et est inhumé à Saint-Martin-ès-Aires.
La postérité le définit d’un mot : " son amour a sauvé la patrie ".
Les miracles continuent après sa mort, les mères portent leurs enfants à son tombeau lorsqu’ils sont malades…
En 574, après le décès de Clotaire 1er, fils de Clovis, ses 3 fils Gontran, Sigebert et Chilpéric, à la mort de leur frère Caribert, se disputent son héritage. Ils se retrouvent à Troyes, et y jurent la paix, se promettant amitié, sur le tombeau de saint Loup. Alors, les Troyens, d’abord effrayés de se voir au milieu de 3 armées prêtes à combattre, passent de la crainte à la joie la plus vive, et reçoivent les rois " avec des applaudissements universels ! ".
Le corps de notre évêque, dans ses vêtements pontificaux, miraculeusement conservé intact, est montré en 1147 " à tout le peuple de la région " , et est mis dans une magnifique châsse en argent.
En 1515, notre évêque Jacques Raguier expose le chef de saint Loup et le transfère dans un magnifique vase précieux, décoré d’or et de pierreries, avec des plaques d’émail de Limoges retraçant la vie du saint (Trésor de la cathédrale).
En 1524, lors du grand incendie qui détruit une partie de la ville, 3.000 maisons brûlées, 3 églises gravement endommagées, les hospices Saint-Bernard et Saint-Abraham détruits… le fléau s’arrête près de Saint-Jean, quand des religieux apportent processionnellement les reliques de saint Loup.
De même, en 1430, alors qu’un incendie consume déjà 80 maisons, les chanoines de Saint-Loup apportent la châsse de leur saint patron, et les flammes s’abattent aussitôt.
Dans la malheureuse nuit du 9 au 10 janvier 1794, les révolutionnaires ouvrent la châsse et jettent les ossements dans un feu allumé à la sacristie de la cathédrale. Seule, une portion du crâne et 16 émaux sont détournés par deux employés de l’église.
En 1811, une nouvelle châsse est bénie, et y reçoit les restes du saint.
Saint Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont-Ferrand (431-486), parle toujours de saint Loup dans des termes les plus flatteurs. Il l'appelle " le père des pères, l'évêque des évêques, la règle des moeurs, la colonne des vertus, l'évêque incomparable, le premier des pontifes de la Gaule... il fait partie de cette phalange de grands redresseurs de torts, de pourfendeurs d'hérésies, infatigables prêcheurs, que préoccupent plus que les vicissitudes politiques, le souci de leurs ouailles et la conversion des païens...".
On dénombre dans l'Aube, de nombreuses églises dédiées à saint Loup : Blaincourt, Bouy-Luxembourg, Buxeuil, Chappes, Molins, Saint-Loup de Buffigny et Thuisy.
Veuillez regarder dans le chapitre " Vie à Troyes ", le sous chapitre " Nos rues ", pour lire la polémique sur la rue saint-Loup.
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