L’abbaye de Larrivour était située entre Géraudot et Courteranges, au bord de la Forêt d’Orient.
Hatton, évêque de Troyes, est heureux de trouver en Bernard de Clairvaux, son contemporain, un appui efficace à l’occasion des mesures disciplinaires qu’il prend vis à vis de son clergé. La fondation du monastère de Larrivour (du latin Arripatorium) resserre encore les liens d’amitié unissant de longue date l’évêque de Troyes et l’abbé de Clairvaux.
L’abbaye est fondée en 1139, à l’initiative de saint Bernard et sous la protection du Comte de Champagne Thibaud II, avec les sires de Chappes et Hilduin de Vendeuvre. Guillaume I de Villehardoin, maréchal de Champagne, et ses descendants, seigneurs de Lézinnes, comblent Larrivour de bienfaits.
Ces générosités sont si nombreuses et si répétées, qu’en témoignage de reconnaissance, l’abbaye prend pour armoiries celles de Villehardoin. Plusieurs donateurs ont été inhumés dans le chapitre et même dans l’église de Larrivour.
Le site choisi pour cette fondation monastique convient admirablement aux cisterciens : des terres à défricher, une campagne humide proche de la forêt, de l’eau, donc des étangs, des prés.
Larrivour va devenir rapidement une belle abbaye. L’ampleur des constructions, de grandes propriétés foncières, témoignent que la population monastique est assez élevée aux XII° et XIII° siècles.
Les tuileries de Larrivour étaient connues « fort loin ». Elles n’étaient pas uniques dans l’ordre de Citeaux, car depuis le XIII° siècle, les cisterciens étaient maîtres dans l’art des vernis plombifères et l’emploi des terres de couleurs pour la création de carreaux émaillés, historiés, aux mille combinaisons ornementales.
Le Chapitre Général, en 1190, intervient et charge les abbés cisterciens dont celui de Morres, de régler un différend entre Larrivour et les chanoines de Troyes. De nombreux conflits suivent pendant toute l’histoire de cette abbaye.
Au cours des siècles, l’abbaye connaît une grande prospérité, et, malgré sa ruine au cours de la guerre de Cent ans, elle retrouve bientôt ses richesses.
L’ensemble des bâtiments de l’abbaye était entouré par un mur d’enceinte encore partiellement debout, qui enfermait un terrain de plus de 6 hectares.
A Troyes, l’abbaye possédait des dépendances dans la rue de Molesme, en face du Prieuré Saint-Quentin.
Le premier abbé de Larrivour est Alain de Flandre, un des 30 jeunes nobles que Bernard a séduits pour le Christ, pendant son voyage dans les Flandres en 1131. Moine de Clairvaux, puis abbé de Larrivour, il devient évêque d’Auxerre. En 1167, il donne sa démission et se retire à Clairvaux. Il rédige alors la vie de saint Bernard que l’on appelle « la Vita Secunda ».
Signalons en passant, que c’est d’abord à Larrivour que Nicolas de Montiéramey, futur secrétaire de saint Bernard, ami intime de Pierre le Vénérable et de Pierre de Celle, vient frapper après sa fuite de son abbaye bénédictine et avant son admission à Clairvaux.
Vendue et dispersée en biens nationaux, il ne reste de l’abbaye, en dehors d’une partie de son mur d’enceinte, que le moulin magnifiquement bien restauré (qui a été un magasin d’antiquité), et la bergerie.
En août 2020, Madame Brigitte Rebollar de Saint-Dizier, nous signale qu’elle a lu dans l’ouvrage du Chanoine Petit « Vieilles rues, vieilles pierres », publié en 1986 et consacré à sa ville, que l’orgue de l’abbaye de Larivour avait été acheté le 5 juin 1792, pour leur église Notre-Dame. Il fut perfectionné en 1862. Un grand merci, Madame pour cette information.
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