Je viens d'avoir 90 ans !
Le coin de ma rue est 2 fois plus loin qu’avant, et ils ont rajouté une montée que je n’avais jamais remarquée.
J’ai dû cesser de courir après le bus, parce qu’il démarre bien plus vite qu’avant !
Je crois qu’on fait maintenant les marches d’escalier bien plus hautes que dans le temps !
L’hiver, le chauffage est beaucoup moins efficace qu’autrefois.
Avez-vous remarqué les petits caractères que les journaux se sont mis à employer ?
Cela ne sert plus à rien de demander aux gens de parler clairement : tout le monde parle si bas qu’on ne comprend quasiment rien !
On vous fait maintenant des vêtements si serrants, surtout à la taille et aux hanches, que c’est désagréable !
Les jeunes gens eux-mêmes ont changé : ils sont bien plus jeunes que quand j’avais leur âge !
D’un autre côté, les gens de mon âge sont bien plus vieux que moi ! L’autre jour, je suis tombé sur une vielle connaissance. Elle avait tellement vieilli qu’elle ne me reconnaissait plus !
Je réfléchissais à tout cela en faisant ma toilette ce matin ! Ils ne font plus d’aussi bons miroirs qu’il y a 50 ans !
Eh oui, nous sommes nés avant la télévision, avant la pénicilline, avant les produits surgelés, les photocopies, le plastique, les verres de contact, la vidéo et le magnétoscope et avant la pilule.
Nous étions là avant les radars, les cartes de crédit, la bombe atomique, le rayon laser, avant le stylo à bille, avant les lave-vaisselle, les congélateurs, les couvertures chauffantes, avant la climatisation, avant les chemises sans repassage et avant que l’homme marche sur la lune.
Nous nous sommes mariés avant de vivre ensemble. La vie en communauté se passait au couvent.
Le fast-food, pour les anglais était un menu de carême.
Il n’y avait pas de mari au foyer, pas de congé parental, pas de télécopie ni de courrier électronique.
Nous datons de l’ère d’avant les HLM et d’avant les Pampers.
Nous n’avions pas entendu parler de la modulation de fréquence, de cœur artificiel, de transplant, de machine à écrire électrique.
Pour nous, un ordinateur était quelqu’un qui conférait un ordre ecclésiastique, une puce était un parasite et une souris était de la nourriture de chat.
Les paraboles se trouvaient dans la Bible, pas sur les toits.
Un site était un point de vue panoramique, un CDRom nous aurait fait penser à une boisson jamaïcaine, un joint empêchait un robinet de goutter, l’herbe était pour les vaches, une cassette servait à ranger les bijoux.
Un téléphone cellulaire aurait été installé dans un pénitencier. Le rock était une matière géologique…
Mais nous étions sans doute une bonne race, robuste et vivace, quand on songe à tous les changements qui ont bouleversé le monde et à tous les ajustements que nous avons su négocier.
Pas étonnant que nous nous sentions parfois sûrs de nous et fiers d’avoir su sauter le fossé entre nous et la génération d’aujourd’hui.
D’ailleurs, nous correspondons même par courrier électronique !
Nous sommes toujours là !
Nous sommes après tout, un bon cru !!!
C'est pourquoi j'ai fait mien ce sage poème :
Prends le temps d'aimer...
C'est le secret de l'éternelle jeunesse !
Prends le temps d'écouter...
C'est la force de l'intelligence !
Prends le temps de penser...
C'est la clef de la réussite !
Prends le temps de rêver...
C'est un souffle de bonheur !
Prends le temps de rire...
C'est la musique de l'âme !
Prends le temps de pleurer...
C'est l'émotion d'un grand cœur !
Prends le temps de vivre...
Car le temps passe vite
Et ne revient jamais !
Savoir Vieillir
Vieillir, se l’avouer à soi-même et le dire,
Tout-haut, non pas pour voir protester les amis,
Mais pour y conformer ses goûts et s’interdire
Ce que la veille encore on se croyait permis.
Avec sincérité, dès que l’aube se lève,
Se bien persuader qu’on est plus vieux d’un jour.
A chaque cheveu blanc se séparer d’un rêve
Et lui dire tout bas un adieu sans retour.
Aux appétits grossiers, imposer d’âpres jeûnes,
Et nourrir son esprit d’un solide savoir ;
Devenir bon, devenir doux, aimer le jeunes,
Comme on aima les fleurs, comme on aima l’espoir.
Se résigner à vivre un peu sur le rivage,
Tandis qu’ils vogueront sur les flots hasardeux,
Craindre d’être importun, sans devenir sauvage,
Se laisser ignorer tout en restant près d’eux.
Vaquer sans bruit aux soins que tout départ réclame,
Prier et faire un peu de bien autour de soi,
Sans négliger son corps, parer surtout son âme,
Chauffant l’un aux tisons, l’autre à l’antique Foi,
Puis un beau soir, discrètement, souffler la flamme
De sa lampe et mourir parce que c’est la loi.
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