Archéologie départementale

En 1894, Louis le Clert, conservateur de l’Archéologie au Musée de Troyes, fait paraître « Aube - Archéologie départementale ».

         Voici un résumé intéressant de ce document.

         Fouilles archéologiques à Molins : en 1880, des terrassiers creusant un chemin sur la route qui conduit à Pel-et-Der, ont découvert une sépulture antique renfermant des objets remarquables qui ont été déposés au Musée de Troyes.

         Découverte à Barbuise d’une sépulture renfermant des ornements en bronze dans la carrière « Les Vieilles Grèves », soit une remarquable torque (collier de métal porté par les Celtes au cours de l'Âge du Fer, puis à titre honorifique, par les guerriers gaulois) et 2 anneaux en bronze. L’un semble avoir été porté à la jambe, l’autre est un bracelet.

Découvertes d’objets anciens dans le lit du canal de la Haute-Seine, près de l’Hôtel-Dieu et de la Préfecture : en août 1893, les fouilles pratiquées pour assurer la fondation des 2 nouveaux ponts tournants, ont amené la découverte d’un certain nombre d’objets intéressants. Celui de la Préfecture était celui « de la Salle » (à cause de sa proximité du palais de nos comtes, dit le « Palais de la Salle ». On a trouvé 1 vase en terre noircie et 1 pied de « patina » ou bol, en  terre rouge lustrée, portant à l’intérieur du fond, la marque du fabricant « Silvinus ». Près de ces poteries, on a recueilli des monnaies romaines, bronzes moyens du 1^er siècle, 1 longue et large épée à 2 tranchants, avec poignée, garde et pommeau de fer, sorte de rapière datant de la fin du XVI° siècle. Au pont tournant de la rue de la Cité, qui occupe l’emplacement de l’ancien pont de la Girouarde, furent découvertes des monnaies romaines, petits bronzes de Claude II le Gothique (268-270) ayant pour revers Iovi Victori et Consecratio.  

Découverte à Sainte-Savine : découverte d’un cimetière antique à l’entrée du faubourg de Sainte-Savine, près la rue des Noës. Les travaux exécutés pour l’agrandissement de la Gare de Troyes ont amené la découverte de plus de 60 sépultures antiques, à la limite de la rue des Noës, faisant partie d’un cimetière : de nombreux ossements et des débris de poterie. Les corps avaient été mis dans des cercueils, dont il ne reste plus que les clous. Furent trouvées également des défenses et des mâchoires de sangliers, 2 pots de terre dont l’un contenait le squelette d’un enfant, une urne de couleur verdâtre, avec anse, des monnaies et des médailles, un flacon ou « ampulla », biberon de couleur vert  clair en forme de sphère, muni d’un col à orifice, d’une anse repliée et d’une petite tétine, des petits pots, un vase à goulot avec anse, sorte de cruche ou aiguière. Il y avait également de nombreux fragments de poterie en terre rouge vif, en terre brune et en terre noire, poteries fabriquées au tour, 1 fond de vase avec la marque « Mascrony », 1 autre signé « Lugetus », 1 petit pot en terre noircie, sorte d’ « olla » (marmite), 2 gobelets. Les monnaies découvertes appartiennent aux empereurs Trajan (97-117), Septime Sévère (193-2121), Gallien (253-268-, Victorin (265-267), Claude le Gothique (268-270). Les fouilles ont donné également 1 anneau en argent, et 3 en bronze, 1 très belle petite buire ou « lagène » (vase antique dans lequel on conservait le vin), ornée de filets tracés à la roulette et d’une décoration de feuillages et fleurons placés entre 2 rangs de perlettes, 1 fragment de mortier.

        Découverte à la gare de Troyes : découverte d’une galerie souterraine conduisant de la Ville de Troyes au faubourg de Sainte-Savine : les travaux d’agrandissement de la Gare ont amené la découverte de cette galerie située à 50 mètres au sud du point de Sainte-Savine, à une profondeur de 8 m 35 x 1,65 m de hauteur, 0,95 m de largeur. Ce souterrain prend naissance dans l’ancien château de la Vicomté (disparu en 1397 et remplacé par la tour du Beffroi démolie en 1587), occupé alors par les Dames de la Providence, et servait à mettre cette ancienne forteresse en communication avec la fausse porte la « Porte-aux-Bœufs ».

         Démolition de la ferme des Planches près Barbuise : aperçu de ce qu’étaient les anciennes maisons de culture fortifiées de notre région. Leur disparition remonte à une époque éloignée et présente un intérêt historique. Dans l’emplacement de ces demeures, on trouva des débris de maçonneries, de larges fossés ou des puits comblés. La ferme des Planches était située sur le finage  de Barbuise, près de la Noxe. Cette ancienne habitation doit son nom à la présence de plusieurs ponts. Ce fief dépendait de la seigneurie de Courtavant et relevait de la châtellenie de Pont-sur-Seine. Les Planches sont mentionnées sous le nom de « Les Planchettes », vers 1170, et appartenaient à Frahiers de Nogent, homme lige du roi (qui est lié plus étroitement que d'autres envers son souverain). En 1201, nous trouvons le nom de Nicolas de la Sauceite (La Saulsotte). En 1576, Claude de Balmée, écuyer, sieur de Sommesols le vend à Louis d’Aubery, seigneur de Courtavant. En 1689, Anne Ollier était dame des Planches depuis 1679. En 1707, ce fief des Planches appartenait à Pierre-Benoît Morel conseiller du roi, président en la Cour des Aides, qui l’a acheté aux héritiers d’Anne Ollier. Ce domaine passe successivement à son fils Claude-Pierre-Gaston-Morel de Vindé, maître des requêtes , puis à son autre fils, Charles-François Morel de Vindé, seigneur de Meix, Bricot…qui eut pour héritier son fils Charles-Gilbert Morel de Vindé, pair de France, dont la fille épousa en 1800, Claude-Hippolyte Terray possesseur alors des seigneuries de Barbuise, Courtavant, Les Planches…Cette dernière est vendue à M. Gavotte, marchand de biens à Troyes. La ferme des Planches fut préservée de toute attaque imprévue, par des fortifications. L’œuvre de destruction commencée en septembre 1892, fut achevée en novembre.

         Le dolmen du bois Charnier à Barbuise : la Société Académique possédait sur le finage de Barbuise, près de la lisière du bois du Charnier, un beau dolmen, qui a rejoint le Musée de Troyes.