Les sites d’occupations néolithiques sont très nombreux dans l’Aube, mais ce sont souvent des gisements de surface non structurés et non remaniés par les actions géologiques et les labours profonds.
Ainsi, la découverte de 4 haches polies en roche verdâtre :
En 1925, M. Hugot-Herluison, agriculteur au hameau de Sivrey, commune d’Auxon, en préparant dans un enclos, lieudit Le Pré Carré, un silo à betteraves, a fait une découverte intéressante au point de vue préhistorique.
Dans la terre noirâtre, à 2 fers de bêche de profondeur, il mettait à jour 4 haches polies, de forme générale triangulaire, qui étaient alignées côte à côte.
Aucun autre vestige ne les accompagnait et il ne fut trouvé ni silex, ni ossements.
Voici la description de ces haches :
Grande hache de 0,275 sur 6 centimètres de large au milieu. Côtés abattus en angles. Vert moyen.
Hache de 0,185, sur 0,05. Forme tranchet. Côtés abattus en angles. Sommet laissant voir le cortex en intaille. Cassure à l’extrémité opposée au tranchant. Roche vert sombre.
Hache 0,18 sur 0,045. Sommet pointu. Roche vert noir.
Petite hache de 0,14 sur 0,045, bombée. Complètement polie avec une grande régularité. Roche vert clair.
Ces 4 pièces présentent un tranchant en forme de croissant qui ne porte pas la moindre ébréchure. On se trouve donc en face d’instruments qui n’ont jamais servi.
Ils sont en jadéite (le plus rare des 2 minéraux recouvrant l’appellation « jade ») et revêtent une nuance olivâtre différente. On pourrait même se demander si le choix de ces teintes graduées ne serait pas voulu, dans une certaine mesure.
Les trouvailles de haches isolées en jadéite ne sont pas extraordinaires dans nos régions, et même sont assez répandues dans la Champagne.
Mais, réunies au nombre de 4, c’est une autre affaire.
Deux hypothèses se présentent pour expliquer ce dépôt.
Ou bien il s’agit d’instruments votifs offerts à une divinité, et cette divinité pourrait être ici une source, car les eaux sourdent en cet affleurement et alimentent la Blaine.
Mais on sait que d’ordinaire les instruments votifs sont de petits modèles, exécutés avec une certaine virtuosité.
Ou bien il s’agit d’une cachette faite par un négociant nomade, venu pour échanger le produit de son travail contre d’autres marchandises.
A l’époque néolithique, les armes et outils accusent en effet une grande aire de dispersion qui ne peut s’expliquer que par le fait d’un commerce assez régulier.
La supposition d’une cachette est la plus vraisemblable, en raison de l’état neuf des outils qui venaient d’être fabriqués et importés.
Tout le profit possible a été tiré de la roche très dure qui les a formées, puisqu’elle présente des parties qui n’ont pu être atteintes par le polissage, pourtant soigné.
Le lieu de la découverte est situé entre le ruisseau de Blaine, qui devait former marécage à l’époque néolithique et une petite côte calcaire dite « Le Crayon », qui fournit un point de guet favorable.
De telles découvertes sont très rares dans notre département. Celle-ci est peut-être unique en son genre.
M. Hugot-Herluison a résisté longtemps aux offres d’achat qui lui ont été faites.
Maintenant, ces haches sont à admirer au Musée de Troyes
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