Le 5 mars 2015, la presse quotidienne, les hebdomadaires, les radios, les télévisions ne manquent pas de parler de la découverte archéologique exceptionnelle des archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui ont mis au jour, sur le site du Moutot à Lavau, un exceptionnel complexe funéraire, la tombe d’un prince celtique datant de l’âge de pierre, une tombe à char du V° siècle avant Jésus-Christ (la mieux conservée à ce jour dans le monde), contenant un mobilier aussi fastueux qu’à Vix.
Le site, au beau milieu d’une zone commerciale ayant été totalement préservé des pillages, l’état des vestiges est donc exceptionnel.
Le Figaro titre " Les mystères d'un prince celte : ... c'est en effet un véritable trésor artistique et historique qui vient d'être mis à jour dans une tombe princière celle du début du V° siècle avant notre ère (1er âge du fer, avant la période gauloise proprement dite). Du jamais vu en France depuis la découverte de la tombe de Vix en 1953...".
Mon ami J.-M. Van Houtte, journaliste à L’Est Eclair ayant été un des premiers à photographier et faire un reportage, je ne peux mieux faire que de lui laisser la parole :
« Il y avait le cratère de Vix découvert dans les années 50, il y aura désormais le chaudron de Lavau. Une pièce de bronze monumentale et finement ornée parmi un riche mobilier à libation rituelle d’origine grecque ou italique.
Dominique Garcia, président de l’INRAP, dit que la tombe princière qui vient d’être révélée est bien plus que la découverte de l’année, c’est une découverte d’importance européenne, un jalon essentiel dans la connaissance de cette civilisation du Halstatt (1er âge du fer), installée dans le nord-est de la France et l’ouest de l’Allemagne avant nos Gaulois.
Responsable d’opération, Bastien Dubuis, spécialiste de la protohistoire donne la mesure de la découverte : Un site de 2 hectares, dont 1 hectare est fossoyé vers 500 avant notre ère. Ce fossé, ceint d’un seul tenant des sépultures souvent remarquables du bronze final (1.300 à 800 avant notre ère), 1 importante tombe à char sous tumulus du V° siècle avant Jésus-Christ, et des sépultures tardives d’époque gallo-romaine jusqu’au III° siècle.
Un complexe funéraire centré sur cette tombe princière manifestée par un tumulus de 40 m de diamètre sur 4 à 5 m de haut, cantonné par une palissade, un fossé de 3 m de profondeur et un talus.
Un complexe entretenu et fréquenté du IX° siècle avant au III° après. Arasé au Moyen-Âge et ainsi scellé, l’ancien tumulus a livré une chambre funéraire intacte en élévation – fait rarissime – contenant le corps du défunt accompagné d’un char à 2 roues soigneusement démonté et d’un mobilier rare. Il y a là l’ensemble des pièces nécessaires aux libations rituelles. Le chaudron de bronze qui contient le vin : sa lèvre est rythmée d’anneaux portés par 4 têtes du dieu grec Acheloos et de gueules de félin. Le seau nécessaire à le puiser. Et puis un bol à verser, une passoire d’argent et son couvercle, les restes d’une corne à libation, une oenochoé – un vase ansé de céramique attique à figures noires. La lèvre et le pied cerclés d’or, elle est la seule du genre que l’on connaisse, explique Emile Millet, spécialiste du mobilier métallique.
Il y a aussi un rare rasoir de bronze, accessoire de l’élite celte.
Les premières tombes datent de 1.400 avant notre ère.
Une telle richesse s’explique sur la position de Lavau sur la Seine. Le monde méditerranéen – grec et étrusque – commerce avec les peuplades celtiques du nord de l’Europe par la vallée du Rhône et de la Seine. Il exporte bronzes, céramiques et vin en échange d’esclaves, d’étain ou de matières précieuses comme l’ambre. Et il enrichit ainsi une aristocratie qui se manifeste fastueusement dans la mort ».
Merci Jean-Michel.
Les fouilles ne sont pas encore terminées, le squelette du prince n’a pas été totalement mis au jour. Il s’agit de préserver les os pour les analyses ADN.
Philippe Adnot, président du Conseil Général de l’Aube fera tout pour que « cette exceptionnelle richesse historique et scientifique se confirme en atout touristique. Bien mis en valeur, le patrimoine archéologique peut contribuer à l’attractivité du département ».
En octobre 2015, les archéologues confirment que le personnage aristocratique inhumé au V° siècle, est bien un prince.
En mars 2016, J-M. Van Houtte récidive : après moult études, recherches et interview, il régale les lecteurs de l'Est-Eclair et Libération- Champagne, en un livret magnifique de 12 pages consacré à Lavau. Dominique Garcia, Président de l'INRAP, spécialiste du monde Celte, jette un regard incisif et passionné sur le site de Lavau, emblématique du Halltstatt et de la fin du 1er âge du fer, et lui confie que Lavau est " une découverte d'intérêt européen, que c'est un cas passionnant, car il marque la fin de ces princes prestigieux, que c'est le témoignage qui nous manquait dans la chronologie européenne ". D'ailleurs, l'intérêt de cette découverte a tout de suite paru évident, puisque, dès que la découverte fut annoncée, outre la presse locale et nationale, les télévisions ou les radios américaines, allemandes ou italiennes s'y sont intéressées, parce que c'est un phénomène lié à une période qui touche à la fois la culture méditerranéenne et le domaine européen, puisque ce phénomène celtique intéresse les Autrichiens, les Suisses, les Allemands, que c'est un élément identitaire européen.
Dominique Garcia dit qu'il y avait sur le secteur de Troyes une population riche, importante, assez puissante pour dialoguer avec les populations de la Méditerranée.
Les élus de la commune de Lavau, de la Ville de Troyes et du Conseil départemental sont unanimes sur la nécessité de conserver et de valoriser dans l'Aube le trésor de Lavau : le prince reposait dans la chambre funéraire inviolée, couché sur son char démonté, les roues posées à ses côtés, paré et entouré de tous les attributs de son pouvoir : ses bijoux d'or, de lignite, de métal incrusté d'ambre ou de corail, au milieu d'une riche vaisselle à boire.
" L'international Archeological Discovery Award " a décerné son prix 2017, à la découverte de la tombe du prince de Lavau.
Le 17 juin 2017, la chaîne de télévision Arte diffuse un documentaire de 90 minutes consacré à " L'énigme de la tombe celte d'un prince du V° siècle avant Jésus-Christ ".
Le 13 avril 2018, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, venue inaugurer le musée Camille Claudel de Nogent, confirme à Troyes l'accompagnement de l'Etat au grand projet de mise en valeur du mobilier de la tombe découverte à Lavau.
Du 5 mai au 30 décembre 2018 a lieu à l'Hôtel-Dieu-le-Comte, rue de la Cité, " Arkéaube " : " Des premiers paysans au prince de Lavau ", ainsi qu'au musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Troyes".
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