L’enlèvement du terre-plein des anciens remparts de la Porte Saint-Jacques, à l’ancienne glacière, avait donné lieu à la découverte de nombreux débris d’anciennes poteries de l’époque gallo-romaine, tels que vases, amphores, tuiles à rebord, peintures murales, monnaies romaines… faisait pressentir que non loin de là avait dû exister un établissement important de cette époque.
En 1858, de nouveaux déblais s’effectuent pour les fouilles du nouvel abattoir, à l’emplacement de l’ancienne propriété dite du Fort-Bouy et des anciens remparts, situés entre le bras de la Seine et la rivière du sous-bief de Jaillard, donnent l’espoir d’obtenir de nouvelles découvertes. Et en effet, en creusant les premières fouilles pour les murs de fondation du nouvel abattoir, on s’aperçoit que les terres contiennent d’anciennes substructions.
Les ouvriers terrassiers rencontrent à 1 mètre de profondeur une mosaïque de 5 m 40 de longueur sur 3 m 30 de largeur. Quelques instants plus tard est découverte une deuxième mosaïque de même dimension, mais comportant des dessins différents.
La première mosaïque est formée de petits cubes colorés de 0m008 de côté. Au pourtour, une bordure ayant une bande blanche sur les rives, accompagnée de lisérés noirs et de dessins triangulaires au milieu. Le fond de cette mosaïque représente une série de cercles fond blanc, formant étoiles s’entrecoupant et se dessinant sur un fond noir.
La deuxième mosaïque formée aussi de petits cubes, est entourée d’une bordure avec grecques et lisérés se dessinant sur fond blanc. Le milieu représente des bandes alternativement formées de carrés placés en losanges noirs et blancs.
Ces 2 mosaïques sont remarquables de conservation.
Sont trouvés aussi différents débris de poterie en terre rouge, recouverts de sculptures en relief, portant au fond le nom du potier. La direction des murs de fondation d’un ancien monument, un aqueduc transversal aboutissant à ce sous-sol, un gisement considérable d’ossements humains, des fragments de vases de toutes sortes, des étages pour la conduite des eaux et de la vapeur, indiquent qu’il existait à cet emplacement des thermes.
La municipalité de l’époque, à la vue d’une aussi riche découverte, décide de la transporter au Musée. L’extraction du sol de ces 2 mosaïques, leur fixation sur dalles et leur installation donne lieu à de grosses dépenses pour la ville, qui résolut de faire une souscription volontaire remboursable en 10 ans, et non passible d’intérêts.
La mairie construit, à la suite des bâtiments du Musée, une nouvelle aile de 30 m de longueur sur 12 m 50 de largeur, à laquelle est donné le nom de Musée Simart. En effet, Madame Simart, veuve du célèbre sculpteur Troyen, a fait don à la ville, de la belle et riche collection des moulages en plâtres exécutés par son mari et ayant servi de modèle pour la sculpture des bas-reliefs en marbre qui ornent la chapelle sépulcrale de Napoléon 1er, érigée sous le dôme des Invalides, à Paris. Or, les salles du Musées de la ville étaient insuffisantes pour recevoir une aussi riche collection d’objets de sculptures. C’est ainsi qu’est rendue possible l’installation des 2 mosaïques.
A l’occasion d’un Concours régional qui se tient à Troyes en 1860, une Exposition d’objets d’art a lieu en même temps. La Commission qui préside à cette Exposition, consent de prendre à sa charge les frais de pose et d’installation de ces 2 mosaïques.
En avant des 2 mosaïques est établi un garde fou pour en éloigner d’abord, et afin de les préserver de tout contact de la part du public.
C’est dans ces conditions que ces 2 mosaïques ont reçu, au Musée de Troyes, dans la salle Simart, une installation convenable et digne de l’importance de ces objets d’art, qui contribuent à être un, des plus beaux objets d’ornementation du Musée.