Villenauxe existait comme ville en 1153, puisque le cartulaire (registre qui contient les titres de propriété ou les privilèges temporels d'une église ou d'un monastère) de l’abbaye du Paraclet l’appelle « Villonissa ». Or, ce nom dérivé du gentilice romain « Villonius » et du suffixe gaulois « ssa », indique la période celtique, tout comme son faubourg « Duval », « Val de Dieu » dont le nom figure dans le glossaire celtique. On peut donc affirmer que cette région fut habitée au cours de périodes beaucoup plus anciennes, ainsi que l’attestent les fouilles entreprises dans Villenauxe et ses environs immédiats. Au Musée d’Histoire Naturelle de Troyes, il y a quelques ossements réunis : « un humérus perforé, des fragments de crâne, une partie de mâchoire ». Ce sont les restes d’un des plus vieux ancêtres de la région. Ils ont été trouvés au début du XX° siècle, à Resson, dans une couche de ce fameux tuf dont les pétrifications sont une véritable photographie en relief de cette période moyenne de l’époque quaternaire, dont le début a vu l’aurore de l’humanité. Ils datent du moustérien qui s’étend de 300.000 à 40.000 ans avant J.-C. ! Le tuf de Resson a fourni quelques silex moustériens qui datent le dépôt, 500 de cervidés, des dents de carnassiers, 3 bois de cerf, une mâchoire de castor, 2 dents de mammouth, divers os humains. Le site de Resson n’est pas seulement intéressant par ses vestiges humains moustériens, mais les eaux calcaires de la Douée ont solidifié plantes, fleurs, animaux, avec une précision telle qu’on a pu les cataloguer tous et déterminer, d’après la flore et la faune, que le climat de cette époque était fort humide, mais pas excessivement froid. L’homme de Resson était un Néanderthalien du nom de la vallée rhénane de Neandertal, où on a trouvé, pour la première fois, un homme de cette race.
Cette région a-t-elle été habitée par une race antérieure de paléanthropiens ? Cela se pourrait puisque des outils chelléens et acheuléens ont été trouvés dans notre département, notamment dans le canton d’Aix-en-Othe. Les hommes chelléens et acheuléens qui y vivaient, ont pu voir, ainsi que les premiers moustériens, les vallées de notre contrée transformées en véritables lacs, d’où émergeaient, de place en place, les plus hauts sommets formant de nombreuses îles où ils s’étaient établis. « Dans ce décor préhistorique on pouvait voir la forêt de Pont regardant le Crepin au-dessus d’une immense nappe d’eau ».
D’où venaient ces hommes primitifs ? Nous ne le savons pas. Puis la période glacière Wurmienne est arrivée, l’homme moustérien qui s’était installé au début sur des plateaux, a cherché refuge dans des cavernes où nous découvrons ses restes. Près de Villenauxe, on n’a retrouvé de cette période, que des pièces sporadiques : un petit biface près de la ferme des « Mignons », un très beau à la « Grange Guillaume », d’autres à Montpothier avec des pointes de la même industrie, enfin un biface sur la colline qui domine le hameau de la Rue où passe une voie romaine (on désigne sous le nom de biface, un outil de forme triangulaire ou cordiforme avec enlèvements d’éclats sur les deux faces, pierre taillée faces, pierre caractéristique des périodes anciennes de la Préhistoire).
Non loin de Resson à Courtioux, Ch. Vaché a découvert en 1936, une station moustérienne qui a été ensuite occupée par des Aurignaciens, d’après les outils laissés sur le sol. Nous retrouvons ainsi, aux environs de Villenauxe, avec les Aurignaciens, une nouvelle race d’hommes, celle de Cro-Magnon dont les représentants vécurent entre 40.000 et 20.000 ans avant notre ère. Cet homme, ce néanthropien, était, lui, très proche de nous et a mérité le nom d’ « Homo-Sapiens ». D’où venait-il ? Le mystère reste entier sur le processus des transformations qui lui ont donné naissance, mais il profita certainement des acquisitions et connaissances des premières ébauches d’humanité.
Nous ne trouvons pas moindre trace dans notre région, de vestiges de Solutréens, ni de Magdaléniens qui vécurent sur le sol de France entre 30 et 20.000 avant notre ère, bien que les premiers aient, par leur outillage, laissé leurs traces dans la Forêt d’Othe, et les seconds, dans le département voisin de l’Yonne.
L’homme est maintenant arrivé, depuis déjà de nombreux millénaires, à dompter les formidables ennemis qui l’entouraient. Il a gagné la partie, il vit en troupe, il a un langage rudimentaire, un culte religieux ou magique, et des activités artistiques. La période désignée sous le nom de paléolithique, ou âge de la pierre taillée est maintenant révolue Au froid rigoureux d’une grande partie du Moustérien, et de l’âge du renne, englobant l’Aurignacien, le Solutréen et le Magdalénien, succède le climat tempéré que nous connaissons actuellement. L’homme s’installe au bord des rivières ou sur les côtes, et bientôt va s’ouvrir le Néolithique, âge de la pierre polie. Entre ce dernier et le Paléolithique, se place un âge moyen : le Mésolithique, vers 8.000 avant J.-C., caractérisé par un outillage de petits silex de forme géométrique. Jusqu’à présent on n’a trouvé à Villenauxe, qu’un silex sporadique de l’industrie néolithique : un microburin (outil préhistorique résultant de la segmentation d'une lamelle de silex) qui en est un des fossiles directeurs. Cela semble indiquer qu’il pourrait exister dans les environs une station de cette civilisation. Puis, 3.000 ans avant l’ère chrétienne, nous voyons apparaître dans notre pays, la civilisation Néolithique fondée sur l’agriculture et l’élevage. Ce qui caractérise l’outil néolithique, c’est la présence de la hache polie, de pointes de flèches habilement retouchées avec pédoncules et ailerons, et de poteries. C’est également les mégalithes : menhirs et dolmens. Quant aux polissoirs, ce sont des blocs de grès dur servant à polir les haches et d’autres instruments. Il y en avait 16 dans l’arrondissement de Nogent, dont 2 à quelques centaines de mètres du Plessis-barbuise. Les dolmens étaient nombreux dans l’arrondissement de Villenauxe, ce qui fait dire qu’il était comme « la Bretagne du département de l’Aube ». Le plus beau de tous, qui était ce qu’on nomme une « allée couverte », se trouvait près de la Ferme de Frécul. Il a été reconstruit dans la cour du Musée de Troyes. Les restes d’un autre dolmen se trouvent encore à Villenauxe, dans les prés, derrière la place du Château, et on peut aussi voir à Resson, un menhir dit « La Pierre Aigüe ». Les autres mégalithiques qui existaient sur le finage de Villenauxe ont été malheureusement détruits. On a trouvé, aux environs immédiats de Villenauxe, de nombreuses haches polies, des outils néolithiques, de la poterie, notamment sur les pentes de la ferme des Mignons, aux Vigneaux, au Plessis-Barbuise, à la Rue, Montpothier, Resson. A Courtioux les silex néolithiques sont mélangés en surface à ceux des âges antérieurs. Enfin, les métaux font leur apparition vers 2.500 ans avant J.-C. Il y eut alors une période de transition pendant laquelle les hommes continuèrent à utiliser les outils de silex en même temps que ceux de cuivre. A Villenauxe, qui se trouve sur la grande voie de pénétration du monde oriental en Europe occidentale, par les vallées du Rhône, de la Seine, jusqu’à la Manche, on a trouvé, dans la contrée des Maix ou Meix, une grosse pierre plate recouvrant un squelette, à côté duquel il y avait un petit vase en cuivre, et 4 pointes de flèche en bronze, à 3 ailerons, d’origine grecque avec une hache en pierre polie. Sur le territoire de Villenauxe et de Dival existaient plusieurs tombes semblables, que les habitants désignaient sous le nom de « Dormants ». Dans le canton de Villemauxe la première sépulture de l’âge de bronze fut trouvée par Morel en 1875, à Courtavant. Trois autres ont été trouvées jusqu’en 1937. Puis, entre 1937 et 1938, C. Vaché et H. Lamarre en ont découvert, dans les mêmes parages, 10 nouvelles qui ont donné 2 poignards, 2 rasoirs, 2 bracelets, 3 poinçons, 1 épingle à tête roulée, 1 à tête plate, 2 à collerettes, 1 pendeloque, 4 anneaux, 11 vases. Sur les communes de Barbuise et de la Saulsotte, on a mis à jour plusieurs cachettes de haches de bronze. Vers l’an 900 avant J.-C., le fer s’est propagé dans l’Europe Centrale et Occidentale. La première époque (dite de « Hallstatt ») de 900 à 500 n’est pas représentée à Villenauxe et environs, mais la seconde (dite de la « Tène » de 500 à l’ère chrétienne, y est largement répandue, surtout dans sa première phase, de 500 à 300. Les armes sont alors en fer. Ch. Vaché et H. Lamarre ont découvert 3 cimetières de la Tène : - le premier lieu dit « Les Grèves de Frécul », à l’est de la ferme du même nom, - le deuxième, sur la colline de Molénois (où 2 sépultures avaient déjà été trouvées par M. Jacquemard, de Courtavant), - le troisième à l’ouest de la ferme de Frécul. Le plus important, le premier avec 43 sépultures, a donné 24 bracelets en bronze et 1 en fer, 15 fibules en bronze (destinées à attacher un vêtement), 3 épées, 1 stylet, 2 fers de lance. Le 2° et le 3°, beaucoup moins importants, ont rapporté plusieurs bracelets, torques (collier connu pour avoir été porté par les Celtes au cours de l'Âge du Fer, puis, à titre honorifique, par les soldats romains) et fibules en bronze. Enfin, près des Vigneaux, sur une colline lieu dit « Le Pleu de la Mousse » ; il a été aussi mis à jour plusieurs sépultures du même âge. A la fin de l’époque de la Rène, nous arrivons à l’ère chrétienne, et Villenauxe entre dans les temps historiques.
Pour vous y retrouver plus facilement :
Le Paléolithique commence avec l’apparition de la première espèce du genre Homo, Homo habilis, il y a environ trois millions d'années. Cette période inclut l'apparition de notre espèce, Homo sapiens, il y a environ 200.000 ans, son expansion et le déclin des autres espèces du genre Homo , elle s'achève vers - 12 000 avant J.-C.
- Epoque quaternaire : 2,6 à 1,5 millions d’années avant J.-C.
- L’Acheuléen dès 1,7 million d’années avant J.-C.
- Mousténien : 300.000 à 40.000 avant J.-C.
- Neandertal : 300.000 à 28.000 avant J.-C.
- Paléanthropien : homme fossile dont les vestiges sont trop diffèrents de l'homme actuel pour que l'on puisse le classer dans la même sous-espèce homo sapiens (on parle plutôt d'homme de Neandertal).
- Les termes « Chelléen » ou « Acheuléen », désignaient une industrie lithique ancienne du Paléolithique inférieur.
- L'Aurignacien est une culture du début du Paléolithique supérieur, datant d'environ 39.000 à 28.000 ans avant J.-C.
- Cro-Magnon, homo sapiens ou « hommes modernes » arrivés en Europe au Paléolithique supérieur entre 43.000 et 12.000 avant J.-C.
- Néanthropien relatif à un homme fossile du paléolithique supérieur, ancêtre de l'homme actuel (équivalent homo sapiens).
- Le Néolithique débute vers 9.000 ans avant J.-C.. Il prend fin avec la généralisation de la métallurgie et l’invention de l'écriture, vers 3.300 avant J.-C..
- Mésolithique : vers 8.000 avant J.-C.
- L’âge de bronze s'étend sur une période de 2.000 ans, de 3.000 à 1.000 avant J.-C.
- Ere
chrétienne : période de temps qui est comptée depuis l'époque
de la naissance de Jésus-Christ.