Associations, sociétés



Le Grand Air, Ecole de Plein Air et Colonie Scolaire de Vacances


 

« Marchons toujours ; si lentement que nous marchions, nous ferons beaucoup de chemin » (St-François-de-Sales) : c’est dans cette intention que, le 1er juin 1911, à la suite d’un rapport sur la question des colonies scolaires de vacances, des hommes bien connus pour leur dévouement au bien public jetèrent les bases du « Grand Air » et ajoutèrent « un fleuron à la couronne des œuvres sociales troyennes ».

 

            2 mois après la fondation, ils avaient réuni les sommes, le matériel nécessaire pour  faire profiter 29 enfants des bienfaits de la campagne, tant en placement collectif qu’en placement familial. La cure fut installée à Rumilly-les-Vaudes. Les résultats en furent heureux puisque les enfants « remportèrent de Rumilly-les-Vaudes de belles couleurs et un souvenir profond des choses vues ».

 

            Les visiteurs affluèrent et leur propagande allongea la liste des membres bienfaiteurs et honoraires, qui, de 130, passa à 200. Quelques donateurs offrirent le prix de 10 petits lits blancs. Les initiatives privées, la Caisse des Ecoles de Troyes, la Municipalité s’intéressèrent vivement aux efforts de l’œuvre naissante et leur aide pécuniaire lui permit d’étendre son action dans de notables proportions. Le nombre des colons passa, en 1912, de 29 à 90.

 

            A Courgerennes, à 6 km de Troyes, en 1913, une vaste maison  répondant aux besoins de l’œuvre se trouva libre. 77 enfants y prirent leurs ébats, pendant que 23 autres « profitèrent des effluves de la Mer du Nord ».

 

            En 1914 et 1915, avec la guerre, la plupart des administrateurs étant mobilisés, et en 1916, 1917 et 1918, Mme Arpin assura la lourde charge de procurer joie et santé à 35 garçons et 33 filles. 1919 amena le reprise du fonctionnement d’avant-guerre, avec 36 garçons et 31 filles. En 1920, le Grand Air érigea des baraquements dans la propriété départementale de Rosières-près-Troyes, de l’Office des Pupilles, et abrita alternativement pendant les vacances,  31 garçons et 20 filles.

 

            Grâce à un legs du Dr Millard de 80.000 f dans le but d’organiser  des colonies scolaires d’une durée d’au moins 3 mois, en avril 1921, fut décidé la création de l’« Ecole de plein air pour les enfants débiles et anémiés des écoles de Troyes et de Sainte-Savine », en même temps que se développait la colonie de vacances : 11 enfants en suivirent les cours d’essai en 1921, du 4 août au 30 octobre, et 43 autres bénéficièrent des bienfaits de la campagne pendant 21 jours. En 1922, l’Ecole de plein air était crée : 31 garçons la fréquentèrent en internat, du 7 mai au 7 août. Pour la Colonie de vacances, 31 garçons et 28 filles furent admis en internat, et 25 garçons et 6 filles en externat, pour une durée de 55 jours. A cette date le Grand Air a pris sous sa tutelle 707 enfants, représentant 19.460 journées. Mais la population troyenne est alors une population essentiellement ouvrière, qui vit dans des ateliers immenses ou dans des logis séculaires et surpeuplés, en des rues étroites et sans soleil. « Sa progéniture est chétive et les enfants des écoles sont pour beaucoup, des débiles physiques et, par suite, des retardés intellectuels ».

 

            L’oeuvre du Grand Air qui les ravit à la rue et aux taudis pendant plusieurs semaines, « aide à fortifier leur intelligence et leur cœur, aussi bien que leur corps, mais son action est insuffisante ».

 

            Enfin, le 1er avril 1923, le Grand Air fait son entrée dans le riche domaine de Chanteloup (voir ce chapitre), propriété de 4 hectares, ancien château qui permettra une belle carrière pour la santé physique et morale des enfants.

 

            M. Léon Poron, industriel et philanthrope, a acheté ce domaine pendant la guerre 1914-1918. Il y a installé un Sanatorium et en a fait don aux Hospices de Troyes. La Commission administrative des Hospices a désaffecté cet établissement et l’a mis à la disposition du Grand Air pour un loyer annuel de 1 franc.

 

            Charles Arpin (voir ce chapitre) y installe son école de plein air. Elle y restera jusqu’en 1945.

 

            L’emploi du temps était :

 

            7 h réveil, 7 à 8 h 30, service de propreté, petit déjeuner, jeu libre ; 8 h 30 à 10 h 15, éducation morale et intellectuelle ; 10 h 15 à 11 h 30, éducation physique, douche, chant ; 11 h 30 à 14 h, déjeuner, sieste et jeu ; 14 h à 17 h, éducation intellectuelle, travail manuel (bois, fil de fer, osier), éducation des sens (orthopédie mentale, dynamomètre, spiromètre) ; 17 h à 18 h 30, travail au jardin, étude et lecture libre ; 18 h 30 à 20 h, dîner, jeu, lecture ou chant et coucher.

 

            Tout se fait en plein air : les repas sous le préau, et les classes sous les pommiers, avec un matériel fixe, et, dans les champs, avec un matériel portatif. La salle de classe aménagée dans l’ancienne chapelle, n’est habitée qu’en cas de fort mauvais temps, pluie ou froid, mais ses fenêtres ne se ferment jamais complètement.

 

            Le contact familial n’est pas rompu, puisque, tous les 15 jours, les parents passent librement à l’établissement une partie de l’après-midi, tantôt à la salle de jeu, tantôt dans les cours, parc ou jardin.

 

            En 1947, la Ville de Troyes crée l’école de plein air de Chanteloup (voir ce chapitre).

 

            A la fin des années 50, l’école accueille peu à peu des élèves déficients moteurs, puis déficients sensoriels.

 

            En 1965, le Conseil municipal de Troyes transforme l’école de plein air en un établissement médico-social. L’établissement devient autonome en janvier 2003.

 

            Les travaux de reconstruction débutent en 2009. Le nouvel établissement est  inauguré en décembre 2012, et prend le nom d’Institut Chanteloup.

 


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