"L’Affaire du collier de la Reine", ce n’est pas Marie-Antoinette, c’est notre auboise Jeanne de Saint-Remy de Valois, comtesse de La Motte.
Quelques
années avant la Révolution, les religieux de Clairvaux, devenus
riches propriétaires et qui ne pratiquaient plus l’ascétisme cher au fondateur, se comptaient tout juste au nombre d’une soixantaine.
A cette époque, le père abbé Dom de Rocourt, s’ennuyait loin de l’agitation de Versailles.
Il était d’apparence fort agréable : Marie-Antoinette n’avait-elle pas murmuré, lors de sa présentation à la Cour : « Ah ! Quel beau moine ! ».
Dom Rocourt ne brillait pas des qualités d’intelligence particulières, mais il savait recevoir, et invitait beaucoup dans la grande salle à manger du monastère de Clairvaux.
C’est ainsi qu’il accueillit à la veille de la Saint Bernard et à l’occasion de cette fête, une comtesse devenue tristement célèbre, Jeanne de Saint-Remy de Valois, comtesse de la Motte, originaire de Fontette (près d’Essoyes), qui avait acquis un luxueux hôtel à Bar-sur-Aube.
Jeanne descendait par son père du roi de France Henri II et de sa maîtresse Nicole de Savigny.
Née en 1756, elle avait épousé en 1780, à Bar-sur-Aube, un jeune officier, Nicolas de La Motte. Ils usurpèrent rapidement le titre de comte et comtesse de La Motte.
Cela n’est pas par hasard que la vie de cette femme a inspiré de nombreux écrivains ou historiens : elle fut plus extraordinaire que le plus passionnant des romans.
Madame de la Motte arriva dîner à Clairvaux, en compagnie d’un ami, également convié par Dom Rocourt, Jacques-Claude Beugnot, jeune avocat, enfant de Bar.
Il comptera parmi les personnages importants de l’Etat : député à l’Assemblée Législative, de tendance modérée, il entrera au Conseil d’Etat sous le Consulat et occupera un poste élevé dans l’Administration sous l’Empire, avant de devenir ministre de la Marine sous Louis XVIII.
Il laissera des mémoires forts intéressants sur son époque et notamment sur la Comtesse de la Motte.
Or, c’est ce soir-là, au début du dîner, que la rayonnante comtesse tomba de son piédestal, en apprenant de la bouche de l’abbé Maury, prédicateur du roi, arrivant de la capitale, l’arrestation de son amant, le cardinal de Rohan, qu’elle avait embarqué, à son insu, dans l’affaire du collier de la reine, la plus grande escroquerie de tous les temps :
« Il y a une nouvelle à laquelle personne ne comprend rien, qui étonne, qui confond tout Paris… Le cardinal de Rohan, grand aumônier de France a été arrêté mardi, jour de l’Assomption… Et en habits pontificaux alors qu’il sortait du cabinet de roi !... On parle d’un collier de diamants qui aurait été acheté pour la Reine, qui ne l’aurait pas été… enfin, on ne sait ».
Le visage de Jeanne se décolore, jusqu’à devenir de la pâleur d’une morte.
Elle laisse tomber sa serviette, figée comme une statue. Puis, après un temps, se lève brusquement et s’élance hors de la salle à manger.
Beugnot la suit, et c’est le retour vers Bar-sur-Aube.
Sitôt chez elle, et sur le conseil de Beugnot, Jeanne brûle des papiers compromettants pour elle et le cardinal, plus de 1.000 lettres reçues de lui, « L’érotisme en était sordide… ».
Elle détruit aussi des factures, en nombre considérable…
Beugnot quitte l’appartement vers 3 h du matin.
Quelques instants plus tard, la comtesse est appréhendée à Bar-sur-Aube et condamnée à la prison à perpétuité à la Salpêtrière.
Elle s’en échappera rapidement en traversant la Seine et partira à Londres, où elle publiera ses mémoires.
L’ « Histoire du Collier de la Reine » est très connue, donc inutile de la raconter, mais qui savait que l’une des principales héroïnes était notre auboise ?
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