Je vais vous parler du caractère du jeune Bonaparte qui subit une trempe d’acier sous la règle inhumaine des religieux Minimes.
Cet enfant, accueilli en " colonisé ", mal aimé, méprisé et bafoué, sauvegarda sa fierté en se repliant constamment sur lui-même.
Etant par surcroît le plus jeune et le plus faible, le petit Bonaparte, qui ne voulait jamais s’abaisser, réagissait en de violentes colères.
Ces colères, on en trouve l’écho au cours de sa vie.
En voici un exemple, qui s’est déroulé dans la région de Brienne.
C’était la Campagne de France, le 15 février 1814, après la victoire de Vauchamps, sur la route de Montmirail.
Le général Guyot, commandant la 2° division de la cavalerie de la Garde, avait eu la maladresse de laisser prendre 2 canons.
Comme Napoléon en ressentait un grand besoin puisqu’il en avait perdu 54 deux semaines avant, à la Rothière, il s’emporta au comble de la fureur.
Devant son état-major médusé, il apostropha le coupable sans le moindre ménagement, en un morceau d’élégance percutante, d’un tout autre genre que le langage diplomatique :
« Vous me faites prendre ma bonne artillerie ! Vous la laissez sans protection ! Je ne vous trouve jamais quand j’ai besoin de vous… Vous avez causé la perte de la bataille de Brienne ! ».
Toutefois l’Empereur conserva encore la présence d’esprit d’ajouter un correctif : « Si toutefois, je l’ai perdue ».
Puis, comme il arrive en pareil cas, il tomba dans des propos inconsidérés : « J’aurais mieux aimé perdre mon bras gauche que de perdre de l’artillerie ».
La harangue continua, sur ce ton. Elle était ponctuée de jurons ayant cours dans les camps.
Les « foutre », épithète en vogue à la Révolution, se succédaient ainsi que les « Noms de Dieu » volcaniques.
Finalement, l’Empereur destitua sur le champ son général fautif qui eut la présence d’esprit de ne pas répondre. Il s’en alla couard.
Mais Napoléon savait pardonner, et 2 jours après, le général Guyot recevait un autre commandement.
Aussi bien, dans sa situation presque désespérée, l’Aigle avait besoin de tout son monde, même de ceux qui le servaient mal.
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