La confession publique a des racines très anciennes, puisqu’elle était en usage dans l’Eglise primitive : c’est l’exomolégèse préconisée par saint Ambroise au IV° siècle.
Mais, ce que l’on sait moins, c’est qu’elle avait couramment cours, à titre civil, à Troyes, au XV° siècle, au sein de l’échevinage (le conseil municipal d’alors).
On l’appelait le "Grand Pardon", parce qu’elle avait lieu le "Grand Vendredi", c’est-à-dire le Vendredi Saint. Elle servait de préliminaire à la séance au cours de laquelle se préparaient, notamment, les candidatures aux élections des 4 nouveaux échevins qui devaient avoir lieu 4 jours plus tard, le mardi des Féries de Pâques.
Par exemple, le Vendredi Saint 28 mars 1614 : "Après que ledit sieur de Luyères, Maire, Antoine Pithou aurait dit qu’à pareil jour l’on avait coutume par chaque an de s’assembler en cette chambre tant pour en cas qu’il y eut parmi le corps de l’échevinage quelques haines, discordes ou inimitiés les uns contre les autres, les mettre à l’oubliance (sic) par une bonne réconciliation, satisfaction et réunion afin qu’étant réunis en grâce on ne soit plus qu’une voix et même volonté de tout le corps pour respirer l’honneur de Dieu, le service du Roi et conservation de cette ville en son obéissance et le bien des affaires de cette communauté au but d’en faire et assurer repos et soulagement…".
Une telle exhortation n’était sans doute pas inutile "en ce temps plein de désordre et de désobéissance", mais était-elle efficace ?
On peut en douter lorsque l’on voit, le mardi 1er avril 1625, que "Monsieur le Président et Lieutenant général, au bailliage et siège présidial de Troyes, Pierre Le Noble, ayant pris la parole, a dit que dans les républiques il se glissait des maux qu’il est malaisé de réparer, que le mal en cette chambre s’est glissé jusqu'à ce que l’on fait aujourd’hui, comme un trafic des voix et suffrages, il s’en est venu un exemple dans Rome, il est donc besoin de remédier à présent au mal, que les brigues illicites sales et malhonnêtes qui se font aujourd’hui aux élections des échevins et autres qui entrent en charges de ville... un arrêté a été donné en 1596, contre de telle brigues, qu’il est besoin de faire observer à quoi il prendrait garde".
Je ne suivrai pas année par année cette cérémonie. Je signalerai seulement qu’on en trouve trace au moins jusqu’au 31 mars 1678, avec toutefois quelques lacunes, et une certaine évolution dans la formule qui perd rapidement sa référence au service de Dieu et du Roi.
Voici par exemple celle du 2 avril 1617 :
"Fut par ledit Maire Jean Bazin, écuyer, seigneur de Bouilly et de Bercenay-en-Othe, procureur du roi, dit et représente qu’à pareil jour il serait coutume de s’assembler en cette chambre tant pour cette sainte journée se réconcilier tous ensemble en une bonne confraternité et confirmation d’amitié les uns avec les autres afin que si quelque chose s’était passé pendant l’année jusqu’à aujourd’hui en quoi aucun de la compagnie se sentit offensé, l’on en fait chrétiennement une empuestie (sic) et oubliance perpétuelle avec une fervente intention en se pardonnant renouer les amitiés et vivre à l’avenir en une bonne intelligence et correspondance au bien commun et universel de cette communauté…".
Louable exemple que nous donnent nos ancêtres !
Même s’ils éprouvaient le besoin de renouveler cette réconciliation chaque année, ayant sans doute de bonnes raisons de le faire, en dépit de leurs meilleures intentions !
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