"Rendre les jeunes gens meilleurs et plus heureux, dans l’intérêt de la famille et de la société : tel est le but élevé de nos œuvres. Si elles se multiplient, comme il y a tout lieu de le croire, elles formeront un jour des centres moralisateurs, des foyers de régénération et de vertu pour les classes ouvrières, si dignes de nos affections et de nos soins.
C’est pourquoi la Religion les bénit, et l’Etat, qui leur vient en aide, les accueille avec faveur". C’est ainsi que s’exprimait, le 15 août 1856, l’Abbé Tridon, chanoine honoraire, Directeur de l’Oeuvre de la Jeunesse, sous le patronage de Saint Joseph.
L’Oeuvre de la Jeunesse se compose de membres titulaires qui sont ou de jeunes ouvriers, ou des enfants d’ouvriers. L’œuvre est faite pour cette classe, elle appartient aux travailleurs de tous arts et de toute main. Il y a 3 degrés : les admis, les associés, les sociétaires.
Les admis sont les enfants qui, après un temps de candidature et d’épreuve, ont mérité, par leur assiduité et leur bonne conduite, d’être admis dans l’œuvre, ils forment la classe des novices, pendant 1 année. Ensuite, les enfants qui ont montré par leur persévérance les bonnes dispositions de leur cœur, entrent dans la seconde année du noviciat avec le titre d’associé.
Ce n’est qu’après ces 2 années d’épreuve et à 14 ans accomplis que les jeunes gens obtiennent le titre de sociétaire. Ce sont les "colonnes de l’Oeuvre et sa force. Ils forment une sorte d’état-major où se recrutent les chefs de files, les dignitaires et les divers employés de l’établissement".
Le titre de membre honoraire appartient de droit aux fils des familles des bienfaiteurs. "D’autres peuvent également y prétendre, en offrant chaque année, la modique cotisation de 3 francs".
L’Abbé Tridon poursuit : "Mais nous n’admettons les jeunes gens, même les plus distingués, qu’autant qu’ils sont chrétiens, chrétiens d’esprit et de cœur, et chrétiens pratiquants.
Nous ne voulons que des jeunes gens d’élite, dignes d’être proposés pour modèles aux membres titulaires, capables, en s’associant avec les ouvriers de comprendre et d’accepter, sans détriment des distinctions sociales, la sainte égalité de l’Evangile, la fraternité chrétienne et la dignité du travailleur.
Les membres titulaires, après avoir passé dans l’œuvre les années de leur jeunesse, devenus à leur tour chefs de maisons, ne cesseront pas pour cela de nous appartenir, persévérants dans les pratiques religieuses et les vertus chrétiennes, ils prendront le titre de membres honoraires vétérans, leurs bons exemples tiendront lieu de cotisation…
Si la bonne harmonie doit exister entre les membres honoraires et les membres titulaires, s’ils doivent se traiter en frères, ils n’oublieront pas que toute familiarité entre eux leur est absolument interdite".
La maison de l’Oeuvre est ouverte les dimanches et fêtes, après les vêpres des paroisses. En arrivant, le jeune homme présente son livret au bureau du contrôleur qui constate la présence et l’heure d’arrivée.
L’enfant entre ensuite en récréation, mais avant, il a un devoir à remplir, devoir de respect, d’affection et de reconnaissance, il doit saluer le Directeur "comme un enfant bien né salue son père, il reçoit, à titre de réciprocité, un amical et paternel serrement de main…
La récréation occupe la plus grande place dans la maison de l’œuvre. Il y a un grand déploiement de jeux : la barre, la balle, les quilles, le pas de géant, l’escarpolette… et pour la saison d’hiver : les dames, le loto, le jeu d’oie renouvelé des Grecs, le tonneau, le billard anglais, les échecs. Les cartes ne sont pas du jeune âge, car elles ont le tort d’exciter davantage la passion…".
La récréation dure deux heures et demie. Dans la première partie du temps, le jeu est obligatoire pour tous, mais dans la seconde, les jeunes peuvent lire ou étudier.
A 18 h 30, un signal est donné pour fermer les jeux : "à ce signal, les enfants doivent remettre les habits déposés pendant la récréation. Alors, les exercices sérieux commencent : une leçon de chant liturgique (1/4 d’heure), puis l’instruction religieuse, précédée d’une courte prière pour les bienfaiteurs, et suivie d’une antienne à la sainte Vierge. Ensuite, ce sont des causeries familières empruntées soit à l’histoire, soit à la géographie, soit à l’histoire naturelle. Quelques avis, une courte prière du soir, terminent la séance. Les jeunes gens quittent l’établissement à 20 h, et doivent se rendre aussitôt dans leur famille, en groupe ou sous la conduite des aînés et des chefs de file.
Il n’y a pas de punition dans l’œuvre. L’enfant reçoit une réprimande publique ou un congé temporaire. S’il est incorrigible, c’est un congé définitif.
L’enfant coupable qui s’applique à lui-même le châtiment, peut obtenir sa grâce pour prix de son courage.
Les récompenses : une médaille d’argent, dite médaille d’honneur pour les succès à l’école, le travail et la bonne conduite à l’atelier, l’assiduité dans l’œuvre, l’attention aux instructions religieuses, prouvée par des résumés.
Une médaille de vermeil en faveur d’un décoré qui aurait persévéré pendant 5 ans, jusqu’à son mariage, et aussi à l’homme marié, qui ayant eu étant jeune homme, la médaille d’honneur, aurait continué à fréquenter l’œuvre, à y rendre des services, assez de temps après son union, pour compléter les 5 années exigées par le règlement.
Les maximes sont :
Qui ne sait
Ni obéir, ni travailler, ni souffrir,
N’est propre à rien.
Qui sait
Obéir, travailler et souffrir,
Est propre à tout.
Conclusion de l’Abbé Tridon : " Puisse cette chère jeunesse, le trésor des familles, l’espoir de la société, intéresser assez les cœurs sensibles et généreux pour que bientôt nous puissions dire : Enfants, soyez sans alarme, l’avenir de l’Oeuvre est assuré. Vous avez à Troyes autant de protecteurs et d’amis qu’il y a d’hommes intelligents et de citoyens dévoués ! ".
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