C'est notre histoire



Translation de Voltaire à l’abbaye de Scellières ou Seillières


Voltaire représente au XIX° siècle, la négation des idées dont le catholicisme est l’affirmation.

Mort en 1778, le célèbre écrivain soulève autour de son cercueil « autant d’orages qu’en avaient provoqués ses écrits ».

 

Le clergé de Paris lui refuse ses prières. Pour ces restes proscrits, la famille cherche un asile, et cet asile est l’abbaye de Scellières (ou Seillières), près de Romilly-sur-Seine. Un neveu de l’écrivain, Mignot, abbé commendataire des bénédictins de Scellières, donne l’ordre au prieur de recevoir et d’inhumer Voltaire.

 

L’évêque de Troyes s’oppose vainement à l’accomplissement de cet ordre, et par lettre en date du 2 juin 1778, il menace le prieur dom Potherat des suites de l’inhumation si elle a eu lieu, et renferme une défense pour le cas où elle n’aurait pas été accomplie.

La réponse du prieur relate un exeat du curé de Saint-Sulpice, une profession de foi catholique, apostolique et romaine faite in extremis par Voltaire. Au refus de sépulture que lui commande, le cas échéant, l’évêque, dom Potherat répond :« Je ne savais pas qu’on put refuser la sépulture à un homme mort dans le corps de l’église, et j’avoue que, selon mes faibles lumières, je ne crois pas que cela soit possible ». Puis, il relate les circonstances de l’inhumation. Les restes de Voltaire, enfermés dans un cercueil de plomb sont déposés dans un caveau dont la dalle porte les 2 initiales : A. V.

 

Il y a 13 ans que Voltaire repose dans ce lieu, quand la Révolution, après avoir fermé les églises, ouvert des temples à la raison, ne peut négliger de rendre hommage à l’un de ses précurseurs. Presque dans la même semaine, l’Assemblée Constituante et le Directoire du département de l’Aube songent, l’un à glorifier l’écrivain, l’autre à lui donner « les honneurs de l’apothéose ». Le Directoire du département de l’Aube commence. En séance extraordinaire du 15 mai 1791, le procureur général proclame les titres de Voltaire à la reconnaissance de la France, sous le règne de la Justice, de la Liberté et de la Raison. Les conclusions tendent à faire inhumer le corps de l’écrivain, et à le faire placer par les soins des « amis de la Constituante » qui l’avaient demandé, dans l’intérieur de la cathédrale de Troyes. le Directoire adopte la proposition et les « amis de la Constituante » s’occupent des préliminaires de la translation. Le vœu, communiqué au district de Nogent, est approuvé. Au moment d’organiser la cérémonie, ils en sont empêchés. Romilly demande le préliminaire d’une décision formelle du Conseil Général, se réservant toutefois par un vœu, la tête et le bras de Voltaire. Transmises au Directoire, les prétentions de Romilly sont mal accueillies. Le procureur s’élève contre un démembrement qui rappelle « les procédés barbares » de la Cour de Rome, et autorise la translation, enjoignant aux habitants de Romilly de ne pas s’y opposer.

Tout marche au mieux, lorsque la Constituante décrète la translation de Voltaire au Panthéon.

Voltaire est enlevé et conduit, le 10 mai 1791, au milieu des manifestations et des fêtes, à Paris, où il gît au fond d’un obscur caveau de l’église de l’abbaye de Sainte-Geneviève, transformée en temple des grands hommes.

 

Le curé de Romilly raconte les circonstances de l’exhumation et de l’exposition du corps, qui est transporté dans son intégrité au Panthéon, sauf un fragment de talon qui se trouve en la possession de M. Mandonnet, propriétaire à Chicherey.

 

M. Bouquot, imprimeur à Troyes, a donné en 1847, au Musée de Troyes le premier des os du métatarse de Voltaire. Il tenait ce fragment de M. le docteur Bouquot, son oncle, présent à Scellières lors de l’exhumation du célèbre écrivain. 

Par décision du Conseil municipal du 8 octobre 1886, le nom de Voltaire est donné à une rue de Troyes.

 

 

 

Pierre tombale de Voltaire
Pierre tombale de Voltaire


Rechercher sur le site :