Une foire aux serviteurs ruraux

La Saint Jean était l’époque du renouvellement des contrats entre patrons et serviteurs, tel que charretiers, laboureurs, bergers, vachers, filles de cour.

Quand cette époque de l’année arrivait, l’ouvrier demandait toujours une augmentation de salaire. Si elle lui était refusée, il s’en allait, car la foire lui donnait la certitude de se replacer facilement.

         Cette foire d’un genre très particulier se tenait à Troyes le 24 juin, dès le matin, sur la place de l’Ancien Marché au Blé (place Jean Jaurès).

         Chaque serviteur venait là avec les emblèmes de sa condition :

• les vachers portaient en sautoir une trompe,

• les bergers avaient le chien, la houlette, le sac de peau et la flûte. Pour donner déjà une idée de leurs talents, ils jouaient du chalumeau,

• les charretiers et les laboureurs, un gros fouet autour du cou, le prenaient et le faisaient claquer à qui mieux, mieux,

• les filles de basse-cour tenaient autrefois une branche verte à la main. Vers 1860, elles se paraient plutôt de fleurs et de rubans. Leur mise voyante permettait de les reconnaître facilement. Volontiers elles affichaient des airs de modestie à faire rougir une rosière.

  Il faut dire que la marchandise était fardée, elle en avait besoin, car ceux que leurs qualités ne recommandaient guère, étaient les plus empressés à se louer.

  Combien de désillusions alors attendaient les patrons lorsqu’ils se laissaient prendre !

  Ces derniers passaient au milieu du bétail humain, ils l’examinaient, s’enquéraient des capacités de chacun et surtout du prix qu’il leur en coûterait pour l’année.

  Le contrat alors se décidait.

  Ordinairement, le futur auxiliaire de la ferme terminait la journée dans la licence et la débauche !