Il était une fois un riche seigneur qui vivait à Villeneuve-au-Chemin. Entouré de ses gens et des hommes d’armes il aimait à chasser dans la grande forêt d’Othe.
Sa dame se plaisait à entendre les trouvères venus de lointains pays qui chantaient si joliment les ballades d’amour, tandis que leurs enfants jouaient comme tous ceux de leur âge, sous la surveillance d’une charmante jeune fille du pays.
Or, il advint qu’un jour, alors que le seigneur et sa famille s’installaient à la grande table, il fut impossible de retrouver le plus magnifique plat d’argent du couvert.
On eut beau retourner tous les coffres, fouiller les moindres recoins, il fallut se rendre à l’évidence, le plat d’argent avait bel et bien disparu.
Quelqu’un sans doute s’en était emparé. Mais qui ?
Tous les hommes d’armes, les valets, les pages, avaient accompagné le seigneur depuis l’aurore jusqu’au couchant dans ses chevauchées en forêt.
Les demoiselles, les servantes avaient tenu compagnie à la dame pendant toute cette longue journée.
Alors ?
Qui avait, dans ce château, suffisamment de liberté pour que son absence ne se remarque pas ?
Qui, hormis la surveillante des enfants qui se devait de les suivre là où leurs jeux les menaient ? Elle seule pouvait aller et venir à tout moment, elle seule pouvait avoir soustrait ce plat. Tout l’accablait et les enfants étaient bien trop jeunes pour pouvoir justifier leur gouvernante.
Alors le seigneur entra dans une colère terrible et décréta qu’elle devait être pendue haut et court sur-le-champ ! ...
… A quelques temps de là, il y eut un grand branle-bas au château : une grande fête s’organisait et il fallait prévoir de la place pour recevoir tous les nombreux invités et leur suite. On tirait les coffres, on renouvelait les tapisseries à grand renfort de cris, d’ordres, de rires. Le seigneur lui-même avait tenu à surveiller l’ordonnance des préparatifs.
Soudain, un grand silence se fit.
On venait de décrocher une tenture et derrière, brillant de mille feux, apparut à tous… le plat d’argent.
Le seigneur resta figé au milieu de la grande salle. Il fixait le plateau, comme fasciné par son éclat.
Puis, doucement, très doucement, il mit un genou en terre. De grosses larmes brillaient sur ses joues et tombaient sur son manteau d’hermine.
« Par Dieu ! Je le jure ! Jamais plus un innocent ne mourra par la faute des hommes de ce pays !
Que l’on abatte et que l’on brûle cette potence maudite et qu’en son lieu se dresse une croix qui rappellera à tous, présents et à venir, que le droit de vie et de mort n’appartient à personne qu’à Dieu ».
Le lieudit « La potence », où se trouve d’ailleurs la croix, est situé au Nord du cimetière de Villeneuve-au-Chemin.
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