A Troyes, le samedi 19 octobre 1726, s’élèvent à l’horizon, vers les 7 heures du soir, " de gros nuages de feu, poussés par le vent du midi, vers le septentrion. Ils paraissaient s’entrechoquer d’une manière épouvantable, mais cependant, sans bruit ".
Le ciel, quoique serein, paraît tout embrasé. L’on remarque aussi, parmi ces pelotons de feu, " de grands cercles lumineux, ouverts par le bas, qui se poussaient les uns les autres, comme s’il s’agissait des ondes d’une mer agitée ".
Vers les huit heures du soir, le temps étant fort serein, il paraît en l'air une si grande quantité de météores, " qu'ils mettent l'épouvante en beaucoup d'endroits ".
Leur mouvement est du levant d'été au couchant. Lorsqu'ils sont dans la Grande Ourse, ils passent avec une grande vitesse sous le pôle et viennent jusqu'au milieu de la zone tempérée, et étant là ils forment une espèce de couronne de feu et restent sans mouvement.
Vers les 11 heures, ces phénomènes passent pardessus la ville, et continuent fort avant dans la nuit, " jetant l’épouvante, mais aussi l’admiration, partout ".
La semaine suivante, le samedi 26 octobre, troisième jour de la lune, sur les neuf heures du soir, paraît à Troyes, un phénomène assez surprenant. Le jour a été assez serein, et la nuit étoilée. L’on voit tout d’un coup paraître dans le ciel une lumière surprenante.
" Le ciel paraît tout en feu et l’on voit partout comme des bouillons de feu, du bout de l’horizon jusqu’au zénith, au centre du ciel, avec une impétuosité surprenante ".
Le mouvement est cependant plus grand de l’est au sud, et les tourbillons de matières enflammées se succèdent les uns aux autres avec tant de rapidité qu’on en est surpris.
Des autres côtés les mouvements sont moindres. On voit entre l’ouest et le nord une grande bande rouge qui paraît sans mouvement, et s’étend depuis l’horizon jusqu’au zénith.
Ce spectacle dure pendant une heure et demie et ne finit qu’entre 10 et 11 heures.
Quelques personnes s’aperçoivent que la matière ainsi enflammée rend une odeur désagréable, mais l’air est si agité quoiqu’il ne fait point de vent, qu’on le sent aisément, et elles se trouvent incommodées.
" Pendant que cette merveille dure ", on voit clair presque comme en plein jour, et tout se passe sans que l’on entende dans l’air le moindre bruit, ni qu’il passe dans le ciel aucune figure autre que celles des lames de feu. Sitôt le phénomène disparu, le ciel redevient serein, les étoiles paraissent et tout se retrouve dans le même état qu’auparavant.
On a vu la même chose le matin de ce même jour quelque temps avant que le jour ne paraisse, mais le phénomène n’a pas duré si longtemps.
" Nous avons appris également que le 19 octobre, en même temps qu’à Troyes, une aurore boréale avait eu lieu à Etampes ".
Toute la ville a observé le phénomène, mais sans le calme qui convient à l’étude scientifique.
L’effroi a été si vif, que quelques personnes interviennent auprès d’un savant, M. Descurain, pour savoir ce qu’il pense de cette troublante apparition.
Descurain est retenu au lit par la fièvre, mais son attitude est calme et sereine. Il leur dit qu’il n’y a rien à craindre et tous se croient en sûreté, puisqu’il pense y être.
" Cependant, il semble que les démons de l’air veulent remplir les spectateurs de crainte, mais en même temps d’admiration ".
Voici le compte-rendu de ce qui s’est passé à Ferrières dans le Loiret, le 19 octobre 1726. A six heures du soir il fait très noir, le soleil se couchant à 5 h 17 et la lune ne devant s'élever qu'à minuit. " Sur les 7 h 30 le dit jour 19 octobre au soir il parût l'endroit où s'était couché le soleil une espèce d'arc-en-ciel qui se terminait où la lune devait dans son temps se lever. Le centre de cet arc était le septentrion et il sortait de cet arc des fumées blanches et resplendissantes ".
Enfin, sur les 9 heures, l'on voit l'hémisphère septentrional tout rempli de flammes et tout le ciel en feu.
Dans bien des paroisses « les curés trop faciles » accordent à leur peuple de porter en procession le saint Sacrement.
Quelques personnes se lamentent et parlent très fort de la fin du monde.
Ce phénomène dure jusqu'au lever de la lune.
MM. de l'observatoire n'ont rien dit. Tout le monde attend leur raisonnement sur cette apparence de feu; ce qui est sûr est qu'on attribuera et on fera signifier les choses qui arriveront à ce phénomène .
Sous un ciel similaire, en Italie, Bianchini paraît avoir été, en 1726-27, tout particulièrement favorisé, soit par la pureté accidentelle du ciel ou par la puissance de sa lunette, soit à raison d’autres circonstances inconnues.
A l'aide d'une colossale " lunette de 150 palmes, ou de 30 mètres environ de longueur ", cet observateur aperçoit, vers le milieu de la planète, sept taches qu'il qualifie de mers, communiquant entre elles par des détroits et offrant huit promontoires distincts.
Il en dessine les figures et leur assigne divers noms, comme Jean V, roi du Portugal et bienfaiteur de l'astronome.
A cette époque, l’on dit que même si la preuve était donnée que le phénomène ovni n’est qu’un mirage, resterait à comprendre l’essence de ce mirage.
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