Vers 1848, on constate l’existence d’une force extérieure inconnue, qui peut se manifester sur demande. C’est prodigieux. Elle fait tourner les tables et même répond aux questions. Une pratique plus ou moins occulte en découle : le spiritisme, qui connaît alors une période de grande vogue.
C’est ainsi qu’au milieu du XIX° siècle, un groupe de spirites est créé à Auxon. Son animateur, le cultivateur Roquelaure, fait figure de néophyte passionné.
Pendant une quinzaine d’années, il réunit à ses côtés, un petit groupe, séduit par ce nouveau culte, porteur de promesses extraordinaires.
Parmi ses membres fervents, figure Mme Amélie-Sophie-Marie Maire, épouse de Lazare Couvreux. Née en 1840, d’une santé chancelante, affligée de douleurs, elle ne quitte guère le coin du feu et vit à la fois dans la souffrance et dans l’espérance. Sa pensée voisine avec les esprits. Elle leur accorde respect et admiration. Ils recommandent une morale hautement éducative, proche du catholicisme, propre à rendre le monde meilleur. Disposant de son temps et d’une culture qu’elle s’est donnée, en lisant beaucoup, cette femme sensible est le bras droit de Roquelaure.
La tradition orale nous apprend qu’une adepte travaillant dans l’un de ses champs situé lieu-dit les Beaunes, a vu le diable ou l’un de ses suppôts. Cet être diabolique lui parla en proférant une certaine menace : " Tu es dans les Beaunes, eh bien tu y resteras ".
Qu’est-ce que cela signifiait ?
Dès lors, cette femme cherche à se désenvoûter. Elle prend dans la poche de son tablier, un petit morceau de pain bénit, reliquat de sa dernière messe, elle le présente à l’intrus, qui est aussitôt mis en fuite.
Autre fait aussi curieux : une brave femme entend des craquements anormaux qui se manifestent dans les charpentes et dans les meubles de sa maison. Nul doute, elle est infestée d’esprits malencontreux. Troublée pendant son repos, cette femme résolut de s’en débarrasser. Elle cache de petits cailloux sous son oreiller. Dès que le mobilier se met à gémir, elle jette ses projectiles dans tous les coins, contre les esprits pour les faire déguerpir.
Ces incidents sont significatifs de l’état d’esprit qui règne alors dans la localité.
Aux Archives départementales, j’ai trouvé un grimoire sur lequel repose toute l’action du groupe spirite. Il s’agit des procès verbaux rédigés au cours de chaque séance, sous la dictée même des soit-disant esprits. Ces séances sont datées et l’heure du soir où elles commencent y est précisée. D’ordinaire, 4 feuilles de papier blanc, grand format y sont consacrées. La calligraphie y est peu lisible, l’encre étant décolorée.
Comment s’opère cette bizarre transcription de la pensée de l’esprit communiquée à l’homme ?
Les spirites se réunissent autour d’un guéridon à trois pieds. Ils entourent le plateau circulaire de leurs mains étalées. En se rejoignant, elles forment une couronne. Le médium demande alors à ses acolytes, une grande concentration de pensée. Puis il convoque l’esprit à interroger, en prononçant, avec respect, une sollicitation en forme de prière, en lui demandant : " Esprit es-tu là ? ".
L’interrogateur saisit une plume d’oie posée sur une feuille de papier, et se livre à l’esprit. La main inerte éprouve de petits frissons qui s’amplifient. Bientôt s’accomplit le geste d’écrire suivant l’impulsion que lui transmet l’esprit animateur. Le spirite n’a qu’à laisser sa main aller, comme si elle ne lui appartenait plus. Il reste donc étranger à ce qu’il écrit.
Il s’agit là d’un phénomène réel indiscutable. (Des charlatans ont abusé de la crédulité publique, encaissant de belles recettes, mais discréditant la nouvelle croyance).
Dans une page datée du 12 avril 1864, l’esprit exhorte à la vie éternelle. A la question : " Peux-tu me dire si tu es plus tranquille que tu étais ? ", l’esprit répond : " Oui, mon ami, vous m’avez fait un grand bien et je vous en remercie de tout mon cœur. J’ai encore beaucoup besoin de vous, priez toujours pour moi, mes chers amis. Non, vous ne pouvez pas vous rendre compte du bien que vous nous faites en priant Dieu pour nous. Il jette un regard sur tous ceux qui veulent le reconnaître et l’aimer. Il est si bon. Il faut que les hommes soient bien durs pour ne pas écouter la voix qui nous crie : " Aimez-vous les uns les autres et Dieu par dessus toute chose. "
Voici une communication du 18 mars 1872, facile à déchiffrer. C’est un véritable cours de morale que les esprits ont dicté au groupe Roquelaure, pour son édification : " Vous qui ne voulez rien comprendre à nos voix si douces et si amies, nous vous plaignons sans cesse. Ecoutez, nous sommes les envoyés de Dieu sur la terre, pour apprendre aux hommes de bonne volonté, qu’une vie meilleure vous attend, pour arriver à cette vie dans les régions insondables de l’immensité. Prenez pour exemple, tous ceux que vous avez vus sur la terre, qui font le bien sans mélange, qui ont par leur pensée horreur du mal et qui vivent de la grâce que Dieu répand sans cesse sur terre, ses enfants chéris. Mes chers frères, écoutez la voix qui vous crie du haut du séjour céleste : Aimez-vous les uns les autres et pratiquez la charité envers vos frères. Plaignez ceux qui sont égarés de leur chemin et ne les rejetez pas, car dans un moment donné, ils pourraient avancer plus vite que vous vers la perfection. Songez que nous sommes tous (mot illisible) les petits comme les grands. Nous tendons tous au même but : la perfection ".
Après un silence, l’interrogateur pose sa question : " Voulez-vous, chers esprits, me dire vos noms et sans arrière pensée, la vérité ? " " Sincères dans toutes nos actions, nous ne pouvons plus faillir". Et les noms demandés viennent. Ne vous étonnez pas : ce sont saint Luc et saint Jean.
De place en place, on rencontre dans le livre des séances, de curieux dessins, tracés par les esprits. Le plus souvent, ce sont des cercles désordonnés et bosselés. Mais plusieurs fois, leurs émetteurs se sont appliqués davantage jusqu’à représenter des genres de tapisseries triangulaires. Aucune explication n’est fournie.
Aux spécialistes de les interpréter. Peut-être relèvent-ils de l’ésotérisme ?
On semble se contenter, de nos jours, d’ignorer la nature exacte de ces messages, encore qu’ils prétendent parfois fournir un enseignement qui serait capable de régénérer l’humanité. Alors attendons la révélation d’ondes inconnues que la métapsychique nomme le périsprit, c’est-à-dire le fluide universel
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