Je vous transcris en français d’aujourd’hui, trois documents retrouvés, de près de 900 ans, qui sont très instructifs et originaux.
Le premier de 1142, est la charte par laquelle Alphonse-Henriquez 1er, roi du Portugal (1139-1185), « constitue son royaume vassal de Notre-Dame de Clairvaux dans l’Aube, en Champagne » : Alphonse 1er et sa femme, donnent à saint Bernard (voir ce chapitre), abbé de Clairvaux, et à ses successeurs, le lieu et le monastère d’Alcobaça, sur le territoire de Lisbonne. « Don Jean, par la grâce de Dieu Roi du Portugal et des Algarves, de ça et de là à la Mer, en Afrique, seigneur de Guinée et de la conquête, navigation et commerce d’Ethiopie, Arabie, Perse et de l’Inde… Faisons savoir à tous ceux qui verront nos présentes lettres qu’en considération que le Roy Dom Alphonse Henriquez, dans la première assemblée des états généraux tenus en la ville de Lamego du consentement de tous ses vassaux qui s’y trouvèrent, ordonna que tant sa personne que son royaume, son peuple et ses successeurs, demeureraient sous la tutelle et protection, défense et garde de la bienheureuse vierge Marie de Clairvaux, laquelle il choisit pour protectrice de ce nouveau royaume et chargea tous ses successeurs légitimes audit royaume de donner tous les ans à la dite église de Clairvaux, ordre de Citeaux, située au royaume de France, par forme de fief et vasselage, 50 maravédis d’or bon et loyal et digne d’être reçu au jour de Notre-Dame de l’annonciation pour réparer son autel la priant de défendre ce Royaume de ses ennemis et qu’elle conserva cette couronne libre de la subjection étrangère pour avoir été arrêté dans ladite assemblée desdits états généraux qu’aucun roi étranger ne succéderait à ce Royaume, né hors du Portugal. Pour la conservation desquels Rois naturels, il choisit la défense et protection de la souveraine Reine des Anges sous l’invocation de son Annonciation glorieuse, la suppliant aussi d’affermir dans le trône royal ses fidèles serviteurs de sa postérité afin qu’ils paient ce droit. Avec malédiction qui tomberait sur le Roi qui contreviendrait au paiement de vasselage (fait d’être vassal) et promesse de droit, et qu’il ne fut pas compté au nombre de ses descendants, mais fut dépouillé de la dignité Royale par la main de Dieu qui lui avait donné le Royaume et fut vaincu de ses ennemis, comme il est plus amplement rapporté dans le même écrit que l’on conserve dans l’archive de notre couvent Royal d’Avobaça dudit ordre…Les maravédis d’or seront payés selon la lettre du seigneur Roi Dom Alphonse Henriquez, tous les ans au jour que l’on célèbre en notre chapelle Royale la fête de l’annonciation de Notre-Dame, et le trésorier de notre chapelle recevra et gardera lesdits maravédis d’or et en fera fidèle rapport au Dom Abbé d’Alcobaça, afin que par notre ordre il les envoie en France adressés au Dom, Abbé de Clairvaux et qu’il retire un certificat du reçu dans la forme ancienne que saint Bernard et autres Dom Abbés de ce couvent le donnaient ».
Le second document est de 1452, sur les indulgences du pape Nicolas V (1447-1455) en faveur de l’église cathédrale de Troyes : « A tous… L’Eglise de Troyes a été miraculeusement fondée et érigée par saint Potentien, l’un des 72 disciples de Notre Seigneur, d’après l’ordre et le commandement des apôtres, en l’honneur des bienheureux Pierre et Paul, postérieurement à l’église de Rome et à celle d’Antioche, l’an 51 après l’ascension du Christ, puis agrandie et continuée avec magnificence, du moins jusqu’à la nef. Nous avons, pour aider à son achèvement, accordé, l’an 1451, des indulgences pour 7 années, à ceux qui visiteraient l’église et coopéreraient à sa construction. Nous vous avons en outre permis de déléguer 12 prêtres pour entendre en confession et absoudre la foule de pénitents qui se pressaient pour user des bénéfices desdites indulgences. Mais vous nous avez fait connaître dans une humble supplique, que la multitude des personnes qui accourent pour prendre part à ces bienfaits, est tellement considérable que lesdits confesseurs ne peuvent les faire participer tous à leur ministère… Nous, donc, considérant ce motif, et en outre que, quelque soit l’activité que vous avez déployée dans la poursuite des travaux, notamment en fondant et posant 5 gros piliers, ce qui ne s’est pas fait sans grandes dépenses, toutefois, ce délai, ainsi que notre grâce, sont restés insuffisants, nous prorogeons de 3 ans le terme que nous avions fixé pour acquérir les pardons accordés, et nous vous permettons d’augmenter jusqu’à 20 au plus, le nombre des prêtres délégués, pour recevoir au tribunal de la pénitence les fidèles qui s’y présenteront…».
Troisième document de 1618 : Pièces relatives à l’achèvement de la tour de la cathédrale : « Les doyen et chapitre exposent, parlant à Louis XIII, que ses prédécesseurs Rois ayant admiré en passant par leur ville de Troyes, la grande ceinture de la cathédrale et des tours commencées, voyant aussi que l’achèvement d’un tel ouvrage dépassait de beaucoup leurs ressources, leur avaient accordé pour y subvenir, un denier obole sur la vente de chaque minot (1 minot = 52 litres) de sel, pendant un temps et dans tous les greniers du royaume. Mais ce temps fut tellement limité qu’il suffit à peine à la 20° partie des dépenses, et les travaux restèrent suspendus. Depuis cette époque, ils ont obtenu, en date de 1613, le privilège de lever, pendant 9 années, 1 sou par minot de sel qui se vendrait dans les seuls greniers du diocèse, et dont le produit serait employé au même usage. Mais des difficultés, suscitées par les divers agents de l’administration fiscale, ont entraîné une perte de temps de 7 années et une dépense, en frais d’enregistrement, poursuites, honoraires, droits de chancellerie, etc… s’élevant à une somme exorbitante, de telle sorte que, du produit net de l’octroi royal, il est resté à peine de quoi acheter les premiers engins et construire les échafaudages... « En conséquence, il vous plaise accorder aux suppliants 5 sous par chaque minot de sel qui se vend aux greniers de Chaumont, Langres, Mont-Saujon et Mussy-l’Evêque, jusqu’au paiement d’une somme de 18.493 livres 13 sous 6 deniers, pour le remboursement des gages et droits de billets dus aux officiers des greniers à sel premiers désignés dans la concession de 1613… ».
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