Contes, légendes et anecdotes



L’Empereur d’Autriche et le père Martin à Bar-sur-Aube  


François II
François II

François II, empereur d’Autriche, aimait beaucoup la musique.

Quelques jours après son arrivée à Bar-sur-Aube, ce monarque, voulant sans doute se distraire, s’informa s’il existait dans la ville un musicien capable de jouer du violon.

Quelques personnes nommèrent le père Martin.

L’Empereur d’Autriche sonne aussitôt un de ses gentilshommes, et lui ordonne de faire chercher le violoniste et de lui amener.

Celui-ci, croyant qu’il s’agissait d’une arrestation, appelle un officier et lui communique l’ordre qu’il vient de recevoir. Deux soldats parcourent donc les rues de la cité, demandent la demeure du père Martin, et voient fuir devant eux ceux qu’ils interrogent. Arrivés cependant devant la porte de celui qu’ils cherchent, ils aperçoivent sa femme toute tremblante de peur, qui se hâte de dire que son mari n’est pas à la maison.

Craignant de ne point exécuter les ordres de l’Empereur, nos deux soldats pénètrent dans la demeure Martin, ouvrent et renversent les meubles, et trouvent le pauvre homme blotti sous un lit.

Martin veut résister, appeler ses voisins, mais les soldats le saisissent, lui lient les mains derrière le dos et l’entraînent malgré lui, jusqu’à la demeure de l’Empereur.

Un gentilhomme l’introduit bientôt auprès d’un personnage d’un âge avancé qui lui adresse ces paroles : « Vous êtes le père Martin ? » ». « Oui, Monseigneur », répond le pauvre homme tremblant. « Vous êtes musicien m’a-t-on dit ? ». « Oui, Monseigneur ».

« Eh bien s’il en est ainsi, reprend le personnage en désignant un violon, prenez cet instrument, approchez un siège, jouez-moi d’abord un air, et nous exécuterons ensuite quelques morceaux ensemble.

Le père Martin, rassuré par cet ordre, s’empresse de prendre le violon, et s’acquitte si bien de son rôle, que François II le garde quelques heures et lui donne sa bourse pour le remercier !

La séance terminée, l’Empereur appelle son chambellan et lui ordonne de reconduire le violoniste dans sa maison.

Le père Martin, satisfait du dénouement de son aventure, veut s’en retourner seul, mais, sur un signe du chambellan, deux soldats, munis d’une corde, lui lient une seconde fois les mains derrière le dos et le reconduisent, l’arme au bras, jusqu’à son logis.

Le père Martin mourut le 19 février 1844, à l’âge de 78 ans.

Concierge de l’Hôtel de Ville et chantre à Saint-Maclou, il racontait souvent en tremblant cette étrange aventure, et se plaignait amèrement de l’étiquette autrichienne.  

 


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