Après la lecture de milliers de livres sur Troyes et notre département, j’ai relevé quelques « manifestations insolites », des « faits étranges », certains sans doute exagérés, d’autres relevant peut-être d’une imagination par trop fantaisiste… pourtant il s’en révèle de si curieux que je ne peux résister à vous en faire profiter.
En 1196, dans la France entière, aux approches de la Saint Jean-Baptiste, « il tomba du ciel une rosée de miel qui s’attacha aux blés »… Mais en même temps il y eut aussi de nombreux orages de grêle : on vit tomber des pierres « grosses comme des noix, grosses comme des œufs »… Toutes les moissons furent détruites.
1223 : une comète annonçant la mort de Philippe-Auguste sema la terreur sur son passage.
Le 9 novembre 1228, il y eut de si grands vents que « la cathédrale de Troyes fut renversée : la tête de l’apôtre saint Philippe ainsi qu’une image sainte furent miraculeusement préservées ». Il fallut consolider l’église.
Nouvelle comète en 1399 : « sa chevelure brillante occupait une partie du ciel ». Hélas, cette merveilleuse apparition précédait des inondations, des épidémies, la famine…
L’hiver 1407 resterait l’un des plus terribles de l’histoire : « il tint l’Aube dans ses serres glacées pendant 4 mois. Les arbres éclataient, les pierres se fendaient. Les loups revinrent en troupe dans les campagnes et même dans les villes, où ils attaquaient les petits enfants… ».
Il se déchaîna en 1417 une épouvantable tempête qui dura 14 heures ! On déplora plusieurs tués, et, chose incroyable, « les os étaient rompus sans que la peau et la chair soient entamés ! ».
Le 5 juin 1890, la grêle tombe sur Pel-et-Der, et « en même temps que des billes de calcaire s’abattaient sur le village : c’était du calcaire de Château-Landon ».
Lu dans le journal du curé de Saint-Mards-en-Othe en 1762 : « Environ 15 août, on a vu un gros buisson qui était élevé d’environ 4 pieds et qui sortit du coin des vignes du « désert » et qui descendait. On voyait cela le soir et le matin continuellement, le soir sur les 8 heures et le matin sur les 4 à 5 heures. Il a disparu sur la fin septembre ».
Les habitants de Bligny, près de Vendeuvre, eurent à subir, en 1852, les « poltergeist » (jets de gravier et de cailloux) qui se renouvelèrent plusieurs nuits et qu’ils attribuèrent à des maléfices.
Dans la forêt du Grand-Orient, une jeteuse de sorts envoûtait les bûcherons.
Des sorciers (qui se servaient de vipères), sont signalés à Clairvaux, à Javernant, à Lesmont, à Gommeville près de Mussy, à Rosnay-l’Hôpital, à Galilée (hameau de Laines-aux-Bois). De ce village, on disait « 12 maisons, 13 sorciers ».
A Sognes, voisin de Soligny-les-étangs, tous les habitants étaient accusés de pratiquer la magie. En 1668, des bergers empoisonnaient des troupeaux à l’aide d’une poudre obtenue avec des hosties consacrées, du vert-de-gris, de l’eau de chaux, des cantharides (coléoptères) écrasées : un châtelain perdit ainsi 395 moutons, 7 chevaux et 11 vaches. Lors d’un procès on découvrit avec horreur qu’on était en présence d’un véritable complot dont les campagnes avaient fort à souffrir.
A Maizières-la-Grande-Paroisse le Sabbat (jour de repos hebdomadaire de la religion israélite) se tenait dans un champ dit « la Mardelle », situé le long du chemin d’Orvilliers. On y découvrit une cavité inexpliquée de 1,80 m. de hauteur sur 7 à 8 de long. Autre Sabbat sur le territoire de Pouan, dans les bas-fonds que longe le chemin vicinal conduisant de Pouan à Bessy. Là aussi existait un trou mystérieux baptisé « le trou aux puces » : les rares voyageurs égarés sur ce chemin racontaient qu’ils avaient vu, à la lueur de la lune, des êtres fantastiques qui sautaient…
Encore en 1809, on poursuivait à Villenauxe un sorcier qui pratiquait l’envoûtement sur cœur de bœuf.
Près de l’Aube, au Mont-Aimé en Champagne, dominant la vieille voie de Châlons, le lieu passait pour être maudit. On y entendait la nuit d’horribles hurlements : c’était le diable disait-on. Cependant on y brûla vivants en 1231, une trentaine d’hérétiques qui se livraient à un culte étrange où figuraient des combats de chiens. S’agissait-il de lycantropie (les malades s'imaginent qu'ils sont des loups, et agissent en conséquence) ?
Voici une dernière histoire curieuse : « Un vavasseur (vassal d’un seigneur) était champenois et dévot envers Dieu était. Un jour, ce preudomme (devenu prud’homme au XVII° siècle) en ses champs était. Une voix horrible et épouvantable lui dit qu’il alla dénoncer au Roi de France Jehan qu’il ne combattit pas contre nul de ses ennemis. De cette aventure fut le preudomme en grand doute, et raconta sa vision à son curé qui était prudent et de bonne vie. Son curé lui dit qu’il jeunât 3 jours et qu’il fit pénitence, puis qu’il rallat (aller de nouveau) au lieu où la voix lui avait parlé. Ainsi fit le preudomme. Et derechef la voix lui dit : « Va au roi Jehan de France et lui dis qu’il ne combatte pas ses ennemis. Et si tu n’y va pas et ne fais ce que je te dénonce, en douleur et en peine sera le corps de toi. Le preudomme raconta à son curé qu’il avait entendu la voix derechef. Ledit curé l’examina moult fort et lui dit : « Mon frère, toi et moi ferons abstinence et jeûnerons encore pendant 3 jours et si prierai Notre-Seigneur pour toi. Ainsi le firent et le tiers jour alla le preudomme où la voix lui avait apparu. Et lorsqu’il vint là, il vit une très grande clarté descendre du ciel merveilleusement épuantable (épouvantable) et la voix lui dit derechef : « Si tu ne fais pas ce que je te dénonce par la volonté du Fils de Dieu pour le profit du commun peuple, soudainement et diversement tu mourras ». Le preudomme raconta donc à son curé ce qui lui était advenu, lequel lui conseilla de dénoncer sa vision puisque c’était la volonté du ciel. Le preudomme alla à la cour du roi avec un de ses fils. Les gens de la cour « l’écharnèrent » et se moquèrent de lui. Mais un preudomme qui servait à la cour vit que le bonhomme était droit et simple. Il lui envoya l’aumônier du roi pour le faire parler, mais le Champenois refusa d’avouer à cet aumônier sa vision et ne voulut parler qu’au roi seul. Le roi avisé envoya au bonhomme son confesseur et son aumônier lesquels entendirent enfin le récit du brave homme. La vision fut racontée au roi, qui, était plein de courage, n’en tint pas compte. Il ordonna de donner de l’argent au Champenois qui d’ailleurs refusa. Et ainsi s’en partit le preudomme…».
Après le désastre de Poitiers (1356), le roi Jean II le Bon (1350-1364) dut amèrement se repentir de n’avoir pas suivi ces sages conseils !
La Champagne serait-elle particulièrement réceptive aux voix venues d’ailleurs ?
Son ciel est, paraît-il, l’un des plus lumineux de France, son terroir y mûrit le plus prestigieux des vins et dans ses forêts croissent les plus beaux chênes.
L’arbre, la terre et le ciel… Trinité sainte des Gaulois !
L’insolite nous y ramène et nous ouvre les portes d’un univers immatériel…
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