Un aubois, Monsieur A. Raguet, déçu par l’Empire, se fâche :
« En janvier 1853, malgré la température douce, le commerce est languissant. On attendait, dit-on, la stabilité du pouvoir régnant en France. Lorsqu’il fut établi, la confiance, loin de renaître, s’affaiblissait. Il y en avait moins sous ces premiers mois d’empire que sous la présidence.
Loin de diminuer les impôts anciens, on en créait de nouveaux et voilà les promesses qu’on nous avait faites.
Le gouvernement était pour ainsi dire un gouvernement clérical et nous avons à craindre qu’il ne soit la source des maux dont l’histoire nous transmet le passé et, quelque bonne intention qu’ait l’empereur de travailler pour le bien du peuple, il en sera détourné par les flatteurs courtisans qui ne lui feront voir que le beau côté des affaires.
Le gouvernement est-dit-on, désintéressé et il coûte à la France près de 60 millions.
Il voulait donner une facilité pour l’écoulement des produits vinicoles et après avoir augmenté de moitié les droits des débits, il met un obstacle à la vente en ordonnant la fermeture des cafés et cabarets pendant tous les offices des dimanches et fêtes et en défendant aux jeunes qui n’ont pas 18 ans révolus de fréquenter ces maisons. C’est ce qui a eu lieu dans les 6 mois pour le département de l’Aube et un sourd murmure a grondé à la lecture de cet arrêté.
Si le haut clergé continue à entourer la personne de l’empereur, mon avis est que c’est un malheur pour la France car, puisque ses membres sont les ministres de la religion, ils doivent selon moi s’occuper de ce qui les concerne seulement et non d’autre chose.
Mai 1855 : pour l’eau de vie, on ne consommait que de la betterave, il n’y en avait presque plus d’autre.
Si le vin diminuait, il n’en fut pas de même des céréales.
Toutes les denrées alimentaires étaient d’un prix exorbitant. Le blé valait sur la fin du mois 6 francs le double décalitre et il a monté jusqu’à 6,50 f dans le mois de juin. On ne pouvait comprendre la cause de cette cherté à la veille d’une récolte qui se présentait sous de belles apparences et puis encore, il n’y avait pas de disette puisque les marchands en gros en avaient des amas considérables. La cause était les monopoleurs qui faisaient abus de la faculté de vendre seuls des marchandises nécessaires à la vie, liberté qui devrait être empêchée quand on en fait un abus et surtout quand il s’agit de la chose indispensable au peuple et s’engraisser de la subsistance.
Je ne crois nullement que le gouvernement soit pour quelque chose dans ce monopole, car s’il en était ainsi ce serait bien un moyen de réduire et d’abaisser ce pauvre peuple, mais aussi ce serait un moyen inévitable d’entretenir une haine pour la faire éclater un jour malgré le dévouement au souverain qu’il a élu.
Le 30 mars 1856, la paix a été signée à Paris entre tous les plénipotentiaires. Cette nouvelle a été accueillie le 31 mars avec un grand plaisir par toutes les classes de la société et a produit une grande satisfaction. Elle est arrivée au moment où les conscrits étaient sur leur départ, ce qui leur a causé une grande joie ainsi qu’à leurs parents car ils n’avaient plus beaucoup d’espoir de se revoir. Depuis 2 ans, un grand nombre de soldats sont morts au service, soit au feu ou de maladie, ce qui était un sujet de crainte pour tous. Mais la paix rassure tous les esprits.
Dès son berceau, le Prince Impérial a été entouré d’un luxe éblouissant et, selon Fénelon, ce n’est pas l’essentiel pour faire un souverain. Henri IV enfant, a été élevé dans la simplicité des enfants du peuple et jamais la France n’a eu de roi si bon, si humain, si populaire.
Elections de juillet 1865 : il y a eu cette année un bouleversement général par toute la France relativement au renouvellement intégral des conseils municipaux. L’Empereur avait fixé l’élection au dimanche 23 juillet et avait déclaré que son plus vif désir était que le maire et les adjoints fussent choisis dans le sein du conseil. Il n’y a presque pas de commune où l’élection se soit faite paisiblement, l’intrigue a partout joué un rôle. Partout il s’est formé des partis. L’opposition l’a emporté dans beaucoup de localités malgré la pression administrative. Notre petite commune a pris une part active à ce débat et, malgré l’intrigue de son maire, le petit Bouché, les 2 partis sont sortis de l’urne en nombre égal. Les électeurs ont oublié leurs menaces de 1864 pour les recommencer en 1866, alors qu’il ne sera plus temps.
Qui vivra verra ! ».
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