Politique



Le honteux Traité de Troyes


Le 16 septembre 1419, le dauphin écrit au clergé, bourgeois et  habitants de Troyes, pour les informer de la mort du duc Jean-sans-Peur, assassiné le 10 septembre. Il enjoint aux Troyens de « faire si bonne garde que le roi, la reine et sa sœur Catherine fussent en sûreté dans la ville », où ils sont.

 

         Le roi d’Angleterre Henri V propose au duc Philippe : d’épouser Madame Catherine, de laisser au roi Charles VI la jouissance de sa couronne et les revenus du royaume pendant sa vie, après la mort du roi régnant, la couronne de France sera à jamais dévolue à Henri d’Angleterre et à ses héritiers. A cause de la maladie du roi (accès de folie) qui l’empêchait de vaquer au gouvernement, le roi d’Angleterre prendra le titre et l’autorité du régent. Les princes, les grands, les communes, les bourgeois prêteront serment au roi d’Angleterre, comme régent, et s’engageront à le reconnaître pour souverain à la mort de Charles VI. Le jeune duc de Bourgogne approuva et signa ces articles, qui constituent la partie essentielle et principale du « Traité de Troyes ». C’est un jeune homme, ému d’un crime dont son père est la victime, et animé par le besoin de vengeance, qui livre aux Anglais le royaume et la couronne de France, quoique, en fait et en droit, il n’eut aucun pouvoir pour consentir et signer un acte si funeste et dont l’effet pesa si longtemps sur la nation ! Le duc Philippe, fait passer la couronne de France sur le front du roi anglais, traité pour lui-même et pour sa famille. Ce second traité fut, pour lui et les siens, la récompense du consentement qu’il donna au premier. Il fut donc conclu : qu’un des frères du roi Henri épouserait une sœur du duc, que le roi et le duc s’aimeraient et s’assisteraient comme 2 frères, qu’ils poursuivraient ensemble la punition du dauphin (soupçonné d’avoir assassiné le duc de Bourgogne à Montereau) et des autres meurtriers du duc, que si le dauphin ou quelque autre des meurtriers était fait prisonnier, il ne pourrait être relâché sans le consentement du jeune duc, que le roi d’Angleterre assignerait au duc Philippe et à madame Michelle, sa femme, des terres pour 20.000 livres de rente, dont l’hommage serait rendu au roi d’Angleterre. Moyennant ces conditions, arrêtées le 2 décembre, et publiées à Troyes le 17 janvier 1420, une trêve fut accordée du 24 décembre au 1er mars 1420. La reine, cette femme avare, cruelle, ambitieuse et animée par la vengeance, le 9 avril, avec le duc de Bourgogne font signer à Charles VI, n’ayant alors « ni sens ni mémoire », le traité par lequel il accordait sa fille Catherine au roi d’Angleterre. Il reconnaissait Henri V pour son héritier, au préjudice du dauphin Charles, et le nommait régent du royaume. Le traité de Troyes, voué dès sa promulgation, à l’exécration des bons citoyens, est un forfait inouï et une immense faute politique. Ce traité, fruit d’un concert malheureux entre le duc Philippe qui livrait la France à l’étranger, en haine du dauphin, et Henri V d’Angleterre, chef d’une nation rivale de la race franque. Les 2 principaux auteurs de cet acte antinational étaient secondés par une reine, par une mère qui dépossédait son fils de son royal patrimoine, et qui, pour cet acte, ses mœurs, pour sa vie privée, fut vouée à la haine des Français. A cette trilogie, il faut joindre un personnage muet, un roi fou qui ne fut qu’un instrument passif, sans volonté, qui livrait la malheureuse France, son autorité et sa fille, aux ennemis perpétuels du royaume et de la race sur laquelle s’étendait son pouvoir. Mais, sur Isabeau de Bavière retombe surtout la réprobation. Comme mère du dauphin, comme épouse du roi régnant, ayant en main l’autorité, l’entendement nécessaire pour lutter contre la dépossession de son fils, elle ne fit rien pour entraver ou arrêter la consommation des projets du duc Philippe et du roi d’Angleterre. Selon l’historien Vallet de Viriville, elle aurait moins cédé à la haine qu’à la faiblesse, à l’inertie, à l’égoïsme surtout. Le traité réglait en outre les droits du roi d’Angleterre sur la Normandie, dont il détenait alors une grande partie, par suite de conquêtes. Le traité de Troyes fut enregistré au Parlement le 30 mai, mais ne fut enregistré à Westminster, par le Parlement anglais, qu’en mai 1421.

 

Henri V arrive le 20 mai à Troyes, accompagné des ducs de Clarence et de Glocestre ses frères, de plusieurs seigneurs de la cour et de 1.600  hommes. Il visite le jour même le roi, la reine et « dame Catherine ». Le lendemain, ce fut la cérémonie des fiançailles dans l’église cathédrale, où Henri V promet de prendre pour femme la princesse Catherine.

 

Au milieu des préoccupations de la reine Isabeau, à travers les difficultés que rencontrait le moindre voyage, la reine avait laissé, à Paris et à Vincennes, une partie de ses animaux et de ses oiseaux. Elle fit venir à Troyes et à grands frais, « 3 douzaines de petits oiselets chantants, chardonnerets, pinsons, linottes, tarins et autres, tant mâles que femelles ».

 

Le jour de la cérémonie fatale approche. Les tournois se préparent, les fêtes les plus magnifiques sont ordonnées, la reine et Henri triomphent.

 

Le 2 juin, dimanche de la Trinité est choisi pour la solennité. On s’assemble dans l’église paroissiale de Saint-Jean-au-Marché. Le mariage est célébré par Henri de Savoisy, archevêque de Sens. Au lieu de 13 deniers, le marié mit, sur le livre, 13 nobles (ou écus d’or d’Angleterre, valant alors 7 livres), et au cierge de l’offrande, les 2 époux placèrent chacun 3 nobles. De plus, Henri V donna à l’église 200 nobles. Le lit nuptial fut bénit et les soupes au vin, furent servies aux époux (coutumes qui existaient encore en 1875). « Puis furent faites, ce jour, par le roi et les princes anglais grandes pompes et bombance… ».

 

Henri V mourut au château de Vincennes le 1er septembre 1422. Son fils Henri VI devint l'héritier contesté du trône de France, en vertu du Traité de Troyes.

 

Lors du passage à Troyes, le 10 juillet 1429, de Jeanne d’Arc avec le futur Charles VII (voir ce chapitre), les habitants de Troyes se séparent de l’autorité qui les dominait, et démontrent qu’ils étaient en dehors du traité du 20 mai 1420, car ils ne l’avaient pas approuvé, n’ayant fait que subir un pouvoir qu’ils n’avaient pas recherché.

 

Le 11 avril 1564 fut signé à Troyes un autre traité qui amena la paix, entre les 2 nations rivales, à des conditions plus honorables pour la France que celui de 1420. Il y eu à cette occasion à Troyes, de grandes réjouissances et des feux de joie.

 


 

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