Le Comité central, dans ses séances des 20 mars et 3 avril 1888, dans son préambule, manifeste une volonté d’organisation permanente du projet d’organisation de l’Association radicale et socialiste de la ville de Troyes. Les objectifs de cette Association étaient les suivants :
- propager par tous les moyens légaux les idées radicales socialistes propres à développer chez les citoyens les sentiments de liberté, d’égalité et de solidarité et les mœurs véritablement républicaines et démocratiques ;
- présenter et soutenir dans toutes les élections des candidats nettement radicaux socialistes qui accepteront de défendre dans les assemblées délibérantes le programme de l’association ;
- faire la propagande partout où besoin sera pour défendre ces idées ».
Les premières années du XX° siècle furent marquées dans l’Aube par une prolifération de ces Comités, dans les Chefs-lieux d’arrondissement et de canton, ainsi que dans les communes importantes.
Chaque Comité comprenait un bureau qui se réunissait les jours de manifestations (en particulier lors des Conseils de révision où les maires se retrouvaient au Chef-lieu de canton).
Tout électeur ne peut faire partie du Comité, que s’il adhère au programme suivant : Décentralisation administrative, accroissement des libertés locales; Application stricte des lois de séparation des Eglises et de l’Etat, Suppression de toutes les congrégations ; Interdiction de l’enseignement primaire et secondaire privé ; Suppression des conseils de guerre en temps de paix ; Recherches de toutes les mesures propres à arrêter l’émigration vers les villes et à ramener la prospérité dans les campagnes ; Création de retraites pour les travailleurs de l’industrie et de l’agriculture ; Diminution importante des gros traitements, Amélioration constante du sort des petits fonctionnaires, ouvriers agricoles et employés ; Encouragements incessants à toutes les œuvres militaires de l’école laïque et notamment aux patronages scolaires ; Propagande active en faveur de la paix ; Arbitrage international obligatoire…
Les cadres du radicalisme, parmi lesquels on comptait des directeurs d’écoles, des négociants, des employés et quelques agriculteurs, obtinrent des résultats positifs qui contribuèrent à maintenir l’influence de leur Parti pendant de longues années.
Il y a aussi l’anti-communisme, baptisé anti-soviétisme dont une conférence donnée à Troyes en juin 1933, donne un avant-goût. Le vice-Président de la Chambre des Députés, qui revient de Russie s’exprime ainsi devant 350 personnes : « Les Russes ont réussi sur le plan industriel, ils ont échoué dans leur effort de collectivisation des paysans. Socialement, ils vivent comme des troupeaux et sont totalement privés de liberté ».
Le radicalisme est remarquablement adapté à l’état d’esprit d’une grande partie de la population auboise, foncièrement indépendante, tout en étant protectionniste, farouchement attachée aux libertés individuelles et au respect du droit de propriété, hostile à toutes les formes d’autoritarisme civil, militaire ou religieux.
On comprend que dans ces conditions, il ait rencontré une large audience, en particulier dans les milieux ruraux pour lesquels il correspondait à une certaine forme de centrisme adapté aux traditions jacobines.
Dans l’ensemble du département, le Parti radical comprenait avant la seconde guerre mondiale, 13.000 adhérents recrutés essentiellement parmi les vieux républicains ruraux, les classes moyennes, et les petits fonctionnaires. Il avait de solides points d’appui dans la Franc-maçonnerie et la Libre-Pensée qui lui fournissaient la plupart de ses cadres, dont le plus célèbre fut Alexandre Israël (vois chapitre), formés à l’école de Gaston Arboin, Directeur du « Petit Troyen », le journal du Parti.
Il enregistra des succès de plus en plus nets au fil des années : en 1938, un Député radical est élu : Alexandre Israël, en 1932, en plus, Gentin, et en 1936, il était devenu le Parti le plus puissant, avec 3 députés (Gentin, Brachard et Robert). Il obtenait la majorité au Conseil général et conquérait de nombreuses municipalités, telles : Bar-sur-Aube, Arcis-sur-Aube, Saint-Julien, La Chapelle-Saint-Luc…
L’occupation allemande lui causa de graves préjudices : 2 de ses dirigeants, Gentin et Brachard, leaders de la Fédération auboise furent traduits devant la Cour de Justice. Le premier fut condamné à 10 ans d’indignité nationale, le second décéda au cours de l’instruction.
Dès la fin de l’année 1944, Charles Chevalier, avec l’aide de Maurice Gombaud, Decesse et Henri Nicolas, regroupa les différents éléments du parti. Il ne disposait plus d’organe de propagande, « Le Petit-troyen » étant remplacé par le quotidien socialiste « Libération-Champagne ».
En 1949, il n’y avait plus que 1.500 adhérents ! plus de parlementaires, et seulement 3 Conseillers généraux.
En février 1957, naît la « Fédération de la gauche démocratique et radicale socialiste » d’une quarantaine de membres sous la présidence de Marceau Charpentier Conseiller municipal de Troyes et Charles Chevalier adjoint au Maire de Troyes.
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