En 1 En 1468, la question de l’apanage (fief concédé à un prince du sang, en compensation de ce que l'aîné seul succédait à la couronne) de Charles le Téméraire, cousin de Louis XI (voir ce chapitre) demeure. Dans le traité de Péronne, le roi évite de donner à son frère la Champagne.
Pendant que s’agitent ces graves questions de politique générale, la vie locale suit son cours. Les corporations s’organisent. Les institutions municipales nous sont décrites dans les lettres d’échevinage accordées à Troyes par Louis XI, le 30 janvier 1470.
Le mécanisme de ces institutions est assez compliqué : la population est représentée par 100 notables, seuls électeurs et éligibles. Le jour de la Saint-Barnabé (11 juin), ils élisent 36 d’entre eux, lesquels se partagent en 2 groupes : 24 demeurent conseillers à vie, les 12 autres, avec le titre d’échevins (nos maires-adjoints d’aujourd’hui), gèrent les affaires municipales. Les échevins nomment l’un d’eux chef et président, qui dirige les délibérations et recueille les votes. A noter que les dispositions touchant au patrimoine de la ville doivent être prises par l’assemblée des habitants. Sur les 12 échevins, 4 doivent être membres du clergé.
Le mandat des échevins dure 2 ans. Le jour de la Saint-Barnabé, les échevins sortants convoquent les 24 conseillers et 64 notables, choisis dans les 4 quartiers de la ville, par les chefs de la milice bourgeoise, en tout 100 personnes, qui élisent les nouveaux échevins.
Le collège des échevins administre la ville et nomme les employés municipaux. Ils ont un joli costume, parti de bleu et de violet, avec les armes de la ville brodées en or sur la poitrine, entourées d’une branche de rosier.
L’institution est suspendue de 1474 à 1483, les relations entre Louis XI et Charles le Téméraire tendant de plus en plus à la guerre. En 1471, le roi « emprunte » aux Troyens 1.500 écus d’or.
Troyes est le centre des opérations dirigées contre les frontières nord de la Bourgogne. Juilly-sur-Sarce, Percey-le-Petit, Jonvelle, châteaux ou bourgs fortifiés bourguignons, sont assiégés et pris.
Troyes est d’ailleurs une place forte de valeur par ses fortifications, ses bourgeois formés en compagnies de quartier et possédant leurs armes. L’arsenal appartient à la ville, il se trouve entre l’église Saint-Nicolas et la porte du Beffroy. Il est bien pourvu d’armes blanches, d’armes à feu, de poudre et de boulets. On dénombre 287 arbalètes, 547 couleuvrines (armes à feu portatives), 4 canons de fer, 2 serpentins (petits canons), 468 vouges (redoutable arme blanche, montée sur un long manche de bois, ressemblant à une serpe), 727 haches d’armes, 1047 épieux, 172 piques ou pertuisanes (lance dont le fer se sépare à sa base), 657 masses d’armes, 37 retardataires ont conservé l’arc de la guerre de Cent Ans. L’évêque de Troyes, Louis Raguier (voir ce chapitre), doit être d’humeur belliqueuse : il possède 8 casques, 3 cuirasses, dont une couverte de velours noir et expressément marquée à son usage, 7 couleuvrines, 3 arbalètes, 2 lances, 1 masse d’armes et 1 vouge.
Après le décès de Charles le Téméraire, Louis XI recueille une partie de sa succession. La Champagne est moins exposée.
La fin du règne de Louis XI est calme. En 1481, nous voyons, pour la première fois, imprimer la coutume de Troyes (usages anciens et généraux ayant force de loi), dont la principale originalité réside en son article 1er : la noblesse est maternelle, c’est-à-dire qu’une fille noble épousant un roturier, les enfants sont nobles, contrairement à l’esprit général de la législation française, c’est-à-dire que les enfants n’héritent pas des privilèges de celui des parents qui est le mieux placé.
En 1482, les institutions municipales sont remises en vigueur et les échevins rétablis. Le siège de l’administration municipale est rétabli près de l’église Saint-Urbain, dans une maison appartenant au chapitre de cette église.
Louis XI désirant stimuler l’activité économique, projette de créer une société pour le commerce dans les mers du Levant. De notables bourgeois représentant Troyes, vont à Tours, 50 jours durant, délibèrent et sont endoctrinés par Maillard maître d’hôtel du roi. Mais ils ne croient pas possible de voguer dans le sillage de Jacques Cœur. Par contre, se souvenant de l’antique prospérité des Foires de Troyes (voir ce chapitre), Jean de Marisy et Jean Hennequin demandent leur rétablissement au moyen d’un abaissement des droits sur la circulation des marchandises et d’une sérieuse propagande en Italie.
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