Le souvenir de l’empereur Napoléon était si vivace au cœur des Français qu’au seul nom de Louis Napoléon Bonaparte, les gens de nos campagnes criaient au miracle : « La Providence est avec Lui : on applaudit et on espère ».
Voici le récit très intéressant, reflétant le véritable esprit du peuple, écrit à cette époque, par un habitant de Courtenot :
« Dans nos campagnes, on n’entendait qu’un seul cri et l’écho des vallons faisait retentir à chaque instant le nom de Vive Louis Napoléon Bonaparte. C’était par toute la France. On pouvait croire que l’empereur, du haut des cieux, invoquait l’être suprême, car le 10 décembre, jour de l’élection du Président, le soleil se leva plus brillant et répandit sur la France une auréole de gloire. Tout était favorable à la candidature du neveu du grand homme. C’était le soleil d’Austerlitz. La France était dans l’attente d’un homme qui put la sauver de l’anarchie. Cet homme, où l’aurait-on trouvé ailleurs que dans cette famille qui a promené pendant 20 ans nos aigles victorieuses sur toute l’étendue de l’Europe.
Le 31 décembre (1848) les habitants de notre commune ont fait un feu de joie sur la montagne de Charmon pour inaugurer l’avènement d’un Napoléon à la tête de la France. Une partie de la population était présente.
On peut dire que la Providence est toujours pour quelque chose dans les fêtes de Napoléon : la veille, le temps était froid et pluvieux, le lendemain encore la pluie : mais ce jour-là était éclairé par le soleil du 10 décembre, le soleil d’Austerlitz. Il y avait bien 50.000 étrangers dans la ville de Troyes. Plus de 30.000 gardes nationaux ont défilé avec une régularité parfaite. Ce n’était pas sans fierté qu’on contemplait ces masses armées. Ce souvenir restera à jamais gravé dans ma mémoire ainsi que celui d’avoir vu le neveu du grand homme.
Pour moi, en effet, je crois qu’il y a un vice dans l’article 45 de la Constitution, car pourquoi n’aurait-on pas le droit de conserver une personne qui nous convient après 4 années de bons services ? Et pourquoi cette même personne ne pourrait-elle pas conserver sa place après 4 ans ? C’est que tout le monde ou du moins une grande partie craignait une grande crise pour 1852. Car la confiance sans laquelle il n’y a point de commerce, ne peut s’établir sans un gouvernement de 4 ans.
Le gouvernement avait présenté des candidats et les fonctionnaires par excès de zèle, ont outrepassé les instructions, en engageant de voter pour les candidats du gouvernement. Les élections devaient être sincères, elles ne l’ont pas été car les électeurs, par engagement, par crainte ou par promesses ont été unanimes. Il aurait tout autant valu que le gouvernement eût choisi lui-même les députés.
Un projet de loi sur l’augmentation des alcools a arrêté le commerce de ces marchandises… Le gouvernement a voulu faire semblant de nous desserrer nos chaînes, pour les resserrer encore bien davantage. Et voilà les promesses qu’il nous avait faites ! Pauvres moutons, vous avez beau faire, toujours on vous tondra. On flatte le peuple quand on a besoin de lui et on l’enchaîne quand on le tient dans les filets.
Par arrêté du Préfet de l’Aube du 16 juillet (1852), tous les maires et adjoints de toutes les communes du département ont été nommés. Ceux qui étaient amis du sous-préfet ont été maintenus et les autres ont été changés. Du nombre de ces derniers étaient le maire et l’adjoint de Courteron au grand déplaisir d’une grande partie de leurs administrés. Aussi ils avaient résolu de s’en venger aux élections municipales qui par arrêté du préfet ont été fixées au 8 août. Nos adversaires furent encore une fois vaincus et plus complètement qu’en 1848 !
Napoléon III Empereur (novembre 1852) : une affaire de plus haut intérêt a préoccupé la France dans ce mois à sa grande satisfaction. Le prince Louis Napoléon a fait dans le mois d’octobre un voyage dans le midi et a été acclamé partout aux cris de Vive l’Empereur, Vive Napoléon III. Des pétitions d’une grande partie des communes de France lui ont été adressées, demandant le rétablissement de l’empire parce que le peuple préfère un gouvernement stable (car il n’y a que la stabilité qui donne la confiance), à un pouvoir incertain et viager. Le prince-président cédant au vœu de la population et poussé aussi par un juste et noble orgueil a convoqué le sénat pour le 4 de ce mois, afin de délibérer sur cette importante question, pour la décision être soumise à la sanction du peuple français. On a voté OUI à l’unanimité dans beaucoup de communes. Notre commune a été du nombre et sans abstentions.
Le 2 décembre 1852, Louis Napoléon Bonaparte a été proclamé Empereur des Français…
La lecture de la proclamation s’est faite sur la place publique, le 5 décembre…
Puisse son règne être une ère de prospérité pour la France ! ».
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