Mores est aujourd’hui un hameau de la commune de Celles, dans le canton de Mussy-sur-Seine, arrondissement de Bar-sur-Seine.
Cette abbaye est réservée aux hommes de l’ordre de Citeaux, filiation de Clairvaux, fondée par saint Bernard, en 1153.
L'abbaye de Mores avait dix granges dans la première moitié du XIII°siècle: de l’Abbaye (près du monastère), de Montmoyen (Chervey-Bertignolles-Eguilly), de l’Epine (Loches-sur-Ource-Landreville), du Fragne (Landreville), de La Villeneuve-au-Chêne, de Bellefleur (Longpré-Bligny-Chervey), du Moulin Garnier (moulin entre Buxières et Chervey), de Montchevreuil (Loges-Margueron), de Mores (Montsuzain) et de Brué (Longpré).
Elle compta jusqu’à 150 moines, mais seuls 4 moines vivaient encore à la Révolution, quand l’abbaye fut détruite. Les matériaux des bâtiments furent réemployés pour la construction à Landreville et Celles-sur-Ource.
Les archives de Mores semblent perdues pour la plus grande partie. M. l’abbé Lalore a reconstitué un cartulaire de cette abbaye en publiant, en 1873, 139 chartes dont la copie avait été faite au XVII° siècle, par le P. Vignier. Il y a joint 3 chartes originales du XIII° siècle.
Liste des abbés retrouvés : le Bienheureux Mainard en 1168, un futur Archevêque, Herbert en 1178, Nicolas 1er, onzième abbé, 1230-1244, un Cardinal, Pierre de Bar en 1244, en 1457 Georges Le Bourgeois, en 1547-1568 Jean Bochetel, Gabriel Le Genevois de Bligny, député pour le clrgé aux Etats Généraux de Blois en 1576, Charles de Cossé de Brissac, fils du duc de Brienne, André Stegler 1612-1615, François de Servien, en 1636, devenu évêque de Bayeux en 1655. Le dernier abbé mentionné par les Bénédictins est Louis Guillaume de Chavaudon, en 1722-1731.
M. l’abbé Lalore a dressé à l’aide des almanachs royaux, les successeurs : Roger Langlois 1731-1749. Joachim Ebjobert de Martillat 1749-1755, évêque de Crimée. Jean-baptiste d’Hélyot 1755-1786, chapelain de Madame la Dauphine, dont la nomination est annoncée par le roi. De 1786 à 1788, Louis-Augustin de Juges-Brassac, vicaire général de Chartres. Jean-François-Marie Le Pappe de Trévern 1788-1790, vicaire général du diocèse de Langres, est nommé évêque de Strasbourg en 1827.
Lisons avec intérêt un compte-rendu du 17 janvier 1456, prouvant l’existence de cette abbaye : « A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Jacques de Rofley, lieutenant général de noble homme Michel Juvénal des Ursins, écuyer, panetier du Roi notre sire et son bailli de Troyes, salut. Comparaissent par devant nous les abbés et couvent de l’église de Mores, de l’ordre de Citeaux, les prieuses, prieur et couvent de l’église Notre-Dame de Foissy de Troyes, abbé et couvent de l’église Saint-Loup de Troyes, frère Guillaume Wasselin, chevalier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de Troyes et de Rosnay… Icelles parties nous ont dit et exposé que de et sur certain débat et procès pendant entre eux et la cour des Requêtes du Palais Royal de Paris, à cause des dîmes de blé de Montsuzain et Aubeterre, ils ont traité et accordé ensemble…».
Cette abbaye existait bien 2 siècles plus tard, car retrouvé également du 19 septembre 1612 : « A tous ceux… savoir faisons que par devant… furent présents et comparurent personnellement Messire François Servies au conseil du Roi, abbé de Mores… et damoiselle Nicole Le Tartier, descendante de Jean Le Tartier, maire de Troyes… ».
L’abbaye et ses terres sont vendues par lot, en adjudication, en 1791. Au cours des années qui suivirent, les bâtiments monastiques furent abandonnés, puis démolis. La route de Celles à Landreville, qui passe sur l’emplacement de la nef et d’une partie du sanctuaire, fut empierrée avec les matériaux extraits les ruines de l’église et de l’ensemble du logis.
Il reste peu de choses, quelques pans de murs, de l’illustre abbaye de Mores dont l’église abbatiale, qui avait 56 mètres de long, rassembla jadis plus de 100 moines blancs.
C’est dans cette église, selon la tradition, que se produit le miracle du Christ crucifié, se penchant pour embrasser saint Bernard. Scène bouleversante dont un tableau du XV° siècle de Johann Koebecke, nous donne une réaliste évocation.
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