En 1343, Messire de L’Hospital, seigneur de Saint-Liébault et de Chennegy, fait construire une église dans les circonstances suivantes : une statue de la Sainte Vierge a été trouvée dans les bois qui couvrent le Hayer.
A cette époque, on dit que c’est la preuve que Marie demande des honneurs et un sanctuaire en ce lieu : « Nous avons à 4 lieues de Troyes, à Chennegy, Notre Dame du Hayer, ermitage et beau pèlerinage de notre diocèse, où il y a si bonne affluence du peuple le jour de l’annonciation, pour vénérer cette image de la Sainte Vierge qui, de temps immémorial, a été trouvée en ce lieu, où beaucoup de personnes reçoivent assistance en leurs mal… ».
En 1553, Messire de Courcelles, gendre du précédent et seigneur comme celui de Chennegy, voulant compléter l’œuvre, fait construire autour de l’église un petit logement pour 2 solitaires, dont la mission est de veiller à la garde et à l’entretien du lieu saint.
En 1608, l’ermite aux soins duquel est dévolue la garde du sanctuaire de Marie, est le frère Jean Grados. Ce solitaire s’est retiré au Hayer, au retour d’un pèlerinage aux Lieux-Saints. Habile en chirurgie, il a l’occasion de rendre de nombreux services aux habitants de la contrée. Pour lui témoigner sa reconnaissance, le peuple le comble de générosité. Il en emploie le produit à l’achat de plusieurs héritages, dont il gratifie son église.
En 1638, le Père Claude Gombault (né à La Rivière de Corps, et ayant pendant son jeune âge vénéré très souvent en pèlerinage la Vierge du Hayer), supérieur des Ermites de Saint-Augustin, établis en l’ermitage de Saint-Charles du diocèse de Langres, vient demander au frère Grados de transporter sa communauté sous son toit. En effet, la France est en guerre avec la couronne d’Espagne, et les solitaires sont plus d’une fois en danger de mort. La demande ayant été agréée et réglée par les notaires royaux, le Hayer sort de cette situation d’institution précaire, faute de membres pour en assurer la perpétuité. Les ermites changent leur nom d’Ermites de Saint-Charles en celui d’Ermites de Notre-Dame-de-Grâce du Hayer, par honneur pour la Sainte Vierge, patronne de ce lieu. Mgr René de Breslay, évêque de Troyes, alors en son château d’Aix-en-Othe, accorde en octobre 1639, l’autorisation sollicitée. Il est stipulé que le nombre des frères ne pourra être inférieur à 4, et qu’ils s’adjoindront pour se procurer un service religieux sûr et permanent, un prêtre qui prendra le titre de chapelain. Mgr François Malier en 1659 donne son approbation et fait sa première visite au Hayer en 1660, les 8 solitaires renouvelant leurs vœux entre ses mains. Mgr François Bouthilier de Chavigny en 1684, donne lui aussi son approbation. La sanctification par la prière et le travail des mains, à l’exemple des anciens anachorètes, tel est le but poursuivi par les solitaires. Tout le temps qu’ils n’accordent pas à la prière, ils le consacrent aux travaux des champs, c’est-à-dire plus de 7 heures par jour. En été, lever à 4 heures, en hiver, à 5 heures : prières et oraisons. La messe se dit à 7 h 15 en été, et à 8 h en hiver. Tous les jours, le dîner à lieu à 10 h, on ne prend rien avant. Pendant le Carême et les jours de jeûnes, le repas n’a lieu qu’à 11 h 30. Le dîner est suivi d’une lecture à la Chapelle. Les vêpres et complies se disent à 3 h 15, excepté les dimanches et jours de fête, où les vêpres sont récitées à 2 h et les complies à 3 h 45. Le souper, en tout temps, est servi à 6 heures. A 8 h 45, matines et laudes, ensuite lecture du sujet d’oraison pour le lendemain, puis le coucher. Les jeûnes sont fréquents, à ceux observés dans l’église universelle, les frères ajoutent celui des mercredis et vendredis de l’année, et les veilles des fêtes de Notre-Seigneur, de la Sainte Vierge, de saint Michel et saint Augustin. La confession et la communion fréquentes sont en usage au Hayer.
1 mois ou 6 semaines après leur entrée au couvent, les novices déposent l’habit séculier pour en prendre l’habit des religieux qui est de drap ou de serge de couleur blanche. Il consiste en une robe, une tunique, un scapulaire attaché au capuce, une ceinture de cuir et un manteau blanc. Lorsque les frères sont occupés aux travaux des champs, ils portent d’autres habits, plus en rapport avec leurs occupations.
Chaque religieux a sa cellule, modestement meublée, de 7 pieds sur 8.
L’hospitalité était généreusement donnée à tous ceux qui venaient frapper à la porte du Hayer.
La ferme était attenante à l’ermitage dont elle n’était séparée que par l’église, avec ses dépendances : grange, écuries, remises, corps de logis.
L’église, de style gothique, construite tout en bois, mesurait 14 toises sur 3. La toiture était en ardoise. Derrière le maître-autel, il y avait un chœur à l’usage des religieux. Le sanctuaire et le chœur des religieux étaient recouverts de boiseries. Une grille de fer séparait le chœur de la nef. Le clocher abritait 3 cloches et une horloge dont les aiguilles et la voix servaient à régler les heures de la prière et du travail.
Le 5 septembre 1761, la Conseil d’Etat rend un arrêt par lequel « Sa Majesté ordonne que, par le sieur évêque de Troyes, supérieur majeur, et par le sieur duc d’Estissac, seigneur temporel et fondateur, il soit choisi, nommé un économe séquestre, avec défense aux religieux de troubler l’économe comme aussi de recevoir des novices » ; 22 septembre : « … en raison de leurs dettes criardes, il ne reste plus que 881 livres pour vivre ; c’est l’impossibilité d’aller plus loin… » ; 27 octobre : « Signification est faite aux religieux de l’arrêt du Conseil d’Etat portant extinction et union du Hayer au Petit Séminaire… » ; 12 novembre 1763, le roi porte un décret : « à partir de ce jour, tout est consommé : l’Ermitage du Hayer a cessé, le Petit Séminaire en a recueilli l’héritage, il a duré 137 ans ».
Après la suppression de l’Ermitage du Hayer de Chennegy, il y est établi un pénitencier ou renfermerie, tant il y a de misère et de mendiants de 1767 à 1770.
En juillet 1772, le duc d’Estissac autorise la démolition de la maison du Hayer, à condition que le prix de la vente des matériaux soit consacré au remboursement du capital des rentes dues par les religieux.
Pendant les 137 ans de sa durée, la maison du Hayer a abrité 59 religieux.
Les Ermites du Hayer ont toujours été les amis des pauvres, des malheureux. Jamais l’infortune ne frappa en vain à leur porte. L’exercice de la charité leur était familier. Ils nourrissaient un pauvre du pays, et, quand celui-ci était mort, ils faisaient pour un autre ce qu’ils avaient fait pour lui. Cela ne les empêchait pas de faire l’aumône à quiconque venait la solliciter. De plus, en temps de disette, de mauvaises récoltes, ils distribuaient des semences aux laboureurs dépourvus, partageant avec les maigres ressources dont ils disposaient.
En 1889, l’Abbé Masson écrit : « Ils ne sont plus… des nécessités malheureuses ont mené leur déchéance et précipité leur ruine. Mais, en face de leur vie exemplaire et sainte, de leur esprit de sacrifice et de générosité, nous n’en sommes pas moins obligés de proclamer qu’ils ont bien mérité de la Religion et de la Société ! ».
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