Hermitage est une forme désuète du mot ermitage, il en a le même sens, c'est-à-dire le lieu où s'est retirée une personne qui a choisi la solitude la plus complète en vue de mieux trouver Dieu. Le mot n'est plus utilisé dans la langue française moderne mais il a laissé des traces comme nom propre.
La vie érémitique, fort en honneur aux premiers temps du christianisme, a eu des adeptes dans notre département. Plusieurs d’entre eux ont été canonisés par l’Eglise et leur mémoire ne s’est pas perdue, car ils ont donné leur nom à des localités encore existantes : Saint-Aventin, Saint-Bouin, Saint-Pouange, par exemple.
Les autres sont demeurés dans l’ombre où ils avaient voulu vivre. Seul le lieu où ils passèrent leur existence solitaire nous est révélé par un qualificatif particulier : « L’Ermitage ». Ils sont d’ailleurs peu nombreux.
A Sainte-Savine, entre la voie des Monins et celle des Maçons, qui rappelle le temps où ces artisans venaient s’approvisionner de pierre de craie à bâtir dans les « perrières » (nom ancien français de « carrières. Il existe d’ailleurs, encore aujourd’hui le « Chemin des Perrières » à Rosières-près-Troyes, aux Noës et à Montgueux, et qui limite le finage du côté de la Chapelle-Saint-Luc, au beau milieu de la plaine, au lieu dit « l’Ermitage », témoigne sans doute qu’à une époque indéterminée, un anachorète avait fixé sa résidence en cet endroit écarté des grands chemins, dérobé même aux rares passants qui le traversaient par les treilles de vigne dont tout ce territoire était jadis couvert.
En 1723, la fabrique de l’église Sainte-Savine possédait là un petit bien qui paraît être représenté par la parcelle n° 696 de la section A. Lors de la confection du cadastre, vers 1806, cette parcelle, plantée en vigne, appartenait à un sieur Etienne Jannart, habitant Troyes. C’est maintenant un endroit quelconque, perdu dans les champs qui l’entourent, sans que rien ne le signale particulièrement à l’attention. Seule une ancienne cabane de vigneron semble vouloir perpétuer la silhouette de la hutte de l’ancien hôte de ces parages, dont le propriétaire était M. Berthaut en 1937.
Moins isolé, moins vague dans sa consistance, mais échappant néanmoins plus que le précédent à notre curiosité avide de preuves, est l’asile qui tenta, au début du XIX° siècle, le crayon déjà romantique du graveur Benoist. Vous en trouverez ci-dessous reproduction de l’exemplaire qui se trouve à la Médiathèque de Troyes.
A la pointe formée par la rencontre de 2 chemins rustiques, une véritable chapelle surmontée d’un élégant et haut clocher, est dans un clos fermé d’une barrière à clairevoie.
Ce n’est pas là l’abri fait de branchages et de boue des ermites des temps héroïques, mais une véritable « fondation » dont l’usufruitier, coiffé du capuchon classique est assis à gauche, au bord du chemin, attendant bien sûr les aumônes qu’il rendait en menues prières.
A peu de distances de là, sur le chemin de gauche, une construction, plus importante, surmontée d’une tour carrée à clochetons (peut-être un petit château avec son pigeonnier ?), témoigne que le reclus voisin avait gardé le contact avec le monde extérieur.
Où situer ce paysage fort agréablement présenté, peut-être en partie redevable de son charme à l’imagination d’un artiste préoccupé de faire un tableau ?
Ce que l’on sait des anciennes chapelles de la banlieue troyenne, Sainte-Jule, l’Echerelle, Rosières, Saint-Hippolyte, ne répond pas à l’oeuvre de Benoist. On pourrait penser plutôt à la chapelle de Villemoyenne, à l’entrée du bourg de Piney, mais pas « près de Troyes ».
A Troyes même, une maison dite « l’Hermitage », située dans la cour de la rue de la Tour-du-Chapitre (rue Linard-Gonthier) appartenait au chapitre de la collégiale Saint-Etienne, qui la donne à loyer en 1648.
Une place appelée aussi « l’Hermitage » faisait, au XVI° siècle, le coin nord-est des rues du Temple (rue Général Saussier) et de la Poulaillerie (rue Montée-des-Changes). C’était là peut-être des enseignes. Cependant, la dernière, une place demeurée longtemps vague à la suite de l’incendie de 1524, pouvait momentanément servir de refuge à un ermite n’ayant pas tout-à-fait perdu le goût du monde.
Enfin, il y avait « l’Hermitage » de l’abbé Bégat à Saint-Martin-ès-Vignes.
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