Le roi Louis XV nomma, pour succéder à M. Champion de Cicé dans l’évêché de Troyes, M. L’abbé de Barral, un de ses aumôniers. Ce prélat est né à Grenoble, le 6 septembre 1714, d’une famille ancienne et distinguée dans la robe. Il est le fils de Joseph de Barral, président à mortier du parlement de Grenoble, et de Marie-Françoise Blondel, fille de M. Blondel de Scissonne, intendant des bâtiments du roi. Après ses études de jeunesse, il devint Conseiller-clerc au même parlement, et grand-vicaire d’Elbrun sous M. Fouquet. Il eut les prieurés d’Allevard et de Vif en Dauphiné, et en 1752, l’abbaye d’Aurillac, sur la démission qu’en fit, avec l’agrément du roi, son frère aîné Jean-Sébastien qui venait d’être nommé à l’évêché de Castres. Il est aumônier du roi en 1753. Nommé le 8 janvier 1761, le chapitre de Troyes lui envoie des députés pour le complimenter sur sa consécration. Il se rend ensuite à Troyes, et le 2 avril, M. de Lessin, son grand vicaire (qui sera archevêque d’Embrun), prit en son nom, possession de l’évêché. Le 20 avril, Mgr l’évêque se rendit en cour où il prêta serment de fidélité au roi. Il fait son entrée solennelle à Troyes le 22 novembre, il fut intronisé par M. L’abbé de Villebreuil, archidiacre et grand-vicaire de Sens. Cet évêque était considéré comme " fort sympathique à la population troyenne ".
Ayant donné pendant 28 ans les preuves de son zèle : reconstruction et réorganisation du grand-séminaire (1775-1780), apaisement des querelles jansénistes, création d’œuvres charitables importantes telles que le Bureau des Incendiés en 1769 pour les paroisses de campagne, en 1781 pour Troyes et ses faubourgs, un Bureau des Pauvres, l’installation à Arcis (1776) des sœurs de Saint-Maurice de Chartres, pour l’instruction gratuite des jeunes filles et le soin des malades.
Il lutte avec zèle contre le jansénisme et aussi à la veille de la Révolution.
Il connaîtra quelques incidents à la mort de 2 curés jansénistes (1762 et 1765), ou lors de sermons des Cordeliers dont s’indignent vertueusement les magistrats du présidial (1766), ou pour l’élection à la chambre ecclésiastique d’un vicaire général et d’un chanoine qui n’ont pas l’heur de plaire aux doctrinaires obstinés (1767). Mais d’autres soucis absorbent l’attention du nouvel évêque : menées d’ennemis de la foi suscités par l’école voltairienne, décadence et suppression d’ordres religieux (Prémontrés de Basse-Fontaine, Antonins de Troyes), et plus que tout, les signes avant-coureurs de la tourmente qui va bientôt se déchaîner sur l’Eglise de France.
Il avait pris pour coadjuteur, le 9 mars 1788, son neveu louis Mathias de Barral, ancien agent général du clergé de France, qui fut sacré évêque le 5 octobre. Que « distinguent des dons d’intelligence (il est licencié de l’Université de Paris) et le sens des affaires administratives », qualités qui lui valurent d’être choisi comme agent général du clergé. C’est lui qui, en fait, gouverne le diocèse depuis 1789.
L’annonce de la convocation d’Etats Généraux est accueillie à Troyes, le 25 septembre 1788, par une joyeuse sonnerie de toutes les cloches, et l’on se met avec ardeur à la rédaction des cahiers où seraient formulés les vœux des réformes souhaitées. A la réunion des trois ordres, le 28 mars 1789, dans notre vieux palais des Comtes, Mgr Claude Mathias de Barral siège à droite du président. Le matin même, il préside l’assemblée du clergé, réuni au nombre de 154 membres, parmi lesquels il y avait 107 curés. Mais, à cause des procurations, l’assemblée réunissait 301 voix. Avec le clergé, Mgr de Barral, à l’unanimité décide de renoncer à ses exemptions pécuniaires et de consentir à l’égalité proportionnelle de la répartition de l’impôt, ce qui lui valut les félicitations du maire, Claude Huez, pour son « esprit de justice et de désintéressement ». Lorsque la contribution patriotique du quart des revenus sera décrétée le 6 octobre, il en fournira de nouveau la preuve. Ses souscriptions figurent parmi les plus élevées de la ville.
Le siège épiscopal est déclaré vacant le 12 mars 1791, par le président du département, en raison du refus de Mgr de Barral de prêter le serment à l’église constitutionnelle. L’assemblée désigne le curé de Saint-Pantaléon, Augustin Sibille, comme évêque du département. Le 4 novembre 1798, un nouvel évêque, Blampoix est sacré. Le 20 juillet 1801, le premier consul fait savoir que les évêques constitutionnels doivent démissionner. Blampoix s’y résout le 21 février 1802.
Dès le 11 mars, Mgr de Barral part de Troyes, précisant : « jusqu’au moment d’une heureuse conciliation entre le sacerdoce et l’empire, je suis le seul évêque légitime ». Le 20 décembre 1790, Claude de Barral abdique en faveur de son neveu Louis-Mathias de Barral. Ce dernier, né le 20 avril 1746, est le fils de Charles-Justin-Gabriel de Barral de Rochechinard, marquis de Montferrat, conseiller au parlement de Grenoble, et de Claudine-Françoise Devaude, de Saint-André-près-Troyes. Vicaire général en 1770 de son oncle, l’évêque de Troyes, puis archidiacre de Sens en 1777, il devient coadjuteur de Troyes en 1788, et devient donc automatiquement évêque de Troyes dès décembre 1790, malgré l’avis contraire de l’Assemblée nationale. De Londres où il s’était réfugié, il ne cessa d’administrer le diocèse par l’intermédiaire de ses vicaires généraux. Le Concordat ayant été signé le 15 juillet 1801, Mgr Louis de Barral adressa sa démission au pape le 5 octobre. Nommé évêque de Meaux en 1802, il devint archevêque de Tours en 1805, et mourut en 1813.
Franc-maçon, Louis, Mathias de Barral fut initié à la loge « La Concorde de Sens » le 25 octobre 1777 et fut aussi membre du « Rite Ecossais Rectifié ». Il activa dans la loge « La Bienfaisance et l’Egalité » de Grenoble dont son frère Joseph, Marie de Barral, marquis de Montferrat était dignitaire.
Claude-Joseph-Mathias de Barral décède le 31 janvier 1803. Taine nous apprend que ce très mondain évêque de Troyes, possédait « la plus belle batterie de cuisine du royaume ».
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