Prudence naît à la fin du VIII° ou au début du IX° siècle.
Ce nouveau pontife originaire d’Espagne, serait arrivé en France « pour se soustraire à la fureur des Musulmans ». Il est vrai qu’alors une grande partie de l’Espagne était occupée par les Arabes, refoulés de France par Charles Martel. Mais il est plus probable que cet homme intelligent fut attiré par la réputation des écoles palatines laissées par l’empereur à la barbe fleurie et par Alcuin, dont nous n’oublierons pas qu’il fut abbé de Saint-Martin-ès-Aires.
Sous la protection de Charlemagne et de Louis-le-Débonnaire, il passe plusieurs années à la cour où il est élu chapelain palatin de Charles-le-Chauve qui l’estimait beaucoup.
Dégoûté de la vie de la cour, il est nommé par la faveur du prince, en 845, XXXIV° évêque de Troyes.
« C’était un homme de spiritualité profonde, un pasteur d’âmes zélé et un cœur sensible ».
Il travaille à la reconstruction de la troisième cathédrale que terminera peu après l’un de ses successeurs, Ottulphe vers 880.
Bientôt, la renommée le fait connaître comme « le plus savant et le plus éclairé des évêques de l’église gallicane ». Même les plus éclairés, comme Wenilon, archevêque de Sens, et Hincmar de Reims, le consultent sur les matières les plus difficiles de la religion. Il est très attaché à la doctrine des Pères, et surtout à celle de saint-Augustin qu’il regarde comme la doctrine même de l’église catholique. Il entend les confessions des fidèles, administre les sacrements et s’adonne à la prédication.
Saint Prudence, après le décès de sainte Maure, prononce un très long sermon, qui est le souvenir qu’il a de cette jeune fille qu’il a côtoyée jusqu’à sa mort. Nous avons la chance d’avoir conservé ce précieux document qui nous permet de retracer la vie exemplaire de cette sainte : un saint parle d’une sainte contemporaine, et est une preuve de son talent pour la prédication.
Il se rend en avril 845 au synode de Beauvais, le 17 juin au synode de Meaux, en février 847 à celui de Paris, en 849 à ceux de Tours et Paris, en 851 à Tours et Senlis en 853.
Le roi lui demande de tenir les Annales du Royaume et le charge en 853, de visiter en son nom, tous les monastères de France.
En 855, au concile de Valence, il fait valoir par son érudition et son éloquence, ses sentiments sur la doctrine de la grâce. Il envoie les canons de ce concile au pape qui lui en donne confirmation.
En tout cela, Prudence restait fidèle au roi de France Charles le Chauve.
L’église de Montier-la-Celle étant tombée, il en fait élever une autre sur ses ruines.
Saint Prudence se reprochait de ne pas avoir fait assez attention au corps de saint Frobert lorsqu’il avait fait la dédicace de l’église de Montier-le-Celle. A la nouvelle des miracles qui s’opéraient à son tombeau, il se disposa à donner à ce saint corps une place plus honorable, mais il décéda avant d’avoir pu exécuter ce projet, qui ne l’est qu’en 872 par son successeur Ottulphe.
« Epuisé par une longue maladie », il mourut le 6 avril 861 à Troyes.
L’église de Troyes célèbre sa fête le 6 mai, jour qui est devenu la fête officielle des célibataires.
Saint Adon de Vienne (mort en 876) l’appelle « le glorieux prélat de l’Eglise de Troyes… un très saint évêque ». Adson, abbé de Montier-en-Der en 968, parle de « Prudence l’évêque célèbre par toutes les vertus épiscopales et fort instruit dans toutes les sciences ecclésiastiques.
Lettré, savant, théologien érudit, l’évêque de Troyes a laissé de nombreux écrits. C’est la première fois que l’on trouve un évêque à la plume éloquente et à la controverse âpre, qui n’hésite pas à se jeter dans la bataille des discussions théologiques, mais qui a aussi le souci d’instruire son peuple : « La lettre à Hincmar et Pardulus » est son premier traité de la controverse prédestinatienne ; le « De predestinatione contre Joannen Scotum », est le grand traité érudit ; l’« Epistola tractoria ad Wenilonem », est un bref résumé de la doctrine en 4 chapitres ; les « Annales de Saint-Bertin ».
Prudence est bien placé à la cour pour recueillir les informations, et il a livré à la postérité une mine de renseignements inégalés sur son siècle, « c’est en fait la plus riche et la plus indispensable des sources historiques pour cette époque ». Il écrit les « Praecepta », textes scripturaires destinés aux candidats à l’ordination, le « Panégyrique de sainte Maure », portrait si vivant de l’Eglise de Troyes vers 850… …
Le 20 janvier 1415 le cardinal Alemannus, légat du Saint-Siège, accordait de nombreuses indulgences à ceux qui visiteraient la cathédrale de Troyes le jour de la fête de Saint Prudence, en faisant une aumône pour l’achèvement de l’édifice.
Ses reliques, placées dans une châsse de bois, sont conservées « dans l’église principale de Troyes ». Leur présence est encore attestée en 1648 et en 1700.
Les restes de saint Prudence ont disparu comme tant d’autres, à la Révolution.
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