Le X° évêque de Troyes s’appelle saint Vincent.
En 536, il succède à saint Camélien.
Il forme sa conduite sur celle de ses prédécesseurs, et leur vie est pour lui « un miroir de toutes les vertus épiscopales ».
Il assiste à divers conciles mérovingiens tenus à Orléans, sous son épiscopat.
De son temps, sur le tombeau de saint Parre, il y a un petit oratoire desservi par un simple clerc pour satisfaire la dévotion des fidèles. On n’a pas encore les actes de martyre de ce saint. Mais, un jour, un voyageur passant par ce lieu-là, en présente l’histoire au clerc desservant. Celui-ci passe la nuit à copier ce manuscrit, et va le présenter à son évêque. Saint Vincent n’y ajoute pas foi, croit ces actes de l’invention de son clerc, et lui en fait « une forte réprimande ».
Sept ans après, une armée de français, rapporte d’Italie les actes du martyre, que notre évêque trouve conformes à ceux qu’il avait vus. Saint Vincent les autorise alors et rend plus célèbre ce culte de saint Parre, et fait construire l’église qui porte encore le nom de ce premier martyr troyen.
Vincent, plein de zèle pour le culte des vrais serviteurs de Dieu, fait reconnaître pour saint, Camélien, son prédécesseur, ainsi que saint Aventin, en l’honneur de qui il fait construire « sans délai, dans un faubourg de Troyes, une chapelle ». C’est là que le pieux ermite aurait commencé sa retraite, dans l’enclos de Saint-Martin-ès-Aires, alors situé hors de la cité. Cette construction a lieu en 540, et l’on dit que le pieux évêque aimait y venir en pèlerinage.
L’édifice a disparu depuis longtemps, remplacé par une petite église gothique au XIII° siècle, qui a été elle même détruite en 1795 et 1866.
Après avoir gouverné l’église de Troyes pendant 10 ans, saint Vincent décède en 546.
Il est inhumé comme il l’a désiré, dans l’église de Saint Aventin, où l’on voit son tombeau : « saint Vincent est enterré devant le chœur de la dite église du côté droit sous une tombe élevée d’un demi-pied et sur laquelle sont quatre piliers et sur iceux une autre grande table de pierre à la hauteur de la moitié d’un homme au bas de la chaire ».
Une première tentative de canonisation a lieu en 1698 : « Noël le Grand, curé de Saint Aventin, fait l’ouverture de ce tombeau et expose de sa propre autorité les ossements du saint évêque à la vénération des fidèles. Mais, comme l’Eglise de Troyes n’a aucun jour consacré à sa mémoire, M. Bouthillier, alors évêque, empêche ce culte et met fin à une dévotion téméraire et inconsidérée en lançant sur le curé un interdit de ses fonctions.
On remarque qu’il n’emploie pas plus de formalités pour se relever de l’interdit que pour la canonisation de son saint.
Un matin, étant allé voir le prélat, il est très bien accueilli et M. Bouthillier se recommande pieusement à ses prières. Le curé, aussitôt vient faire sonner la messe. Le secrétaire de l’évêché qui entend sonner une messe de plus qu’à l’ordinaire, demande qui est le célébrant. Il apprend que le sieur le Grand va monter à l’autel, court à l’évêché, demande comment il est relevé de son interdit : on ne sait ce qu’il veut dire, le Grand est mandé, on lui fait une vive réprimande. Monseigneur, dit-il, vous m’avez fait l’honneur, il y a un instant, de vous recommander à mes prières, et je n’ai pas cru devoir en faire de plus méritoire et de plus convenable pour un prêtre que d’offrir le sacrifice pour la conservation de Votre Grandeur ». Cette réponse apaise l’évêque, et le Grand est remis dans ses fonctions.
Sur la fin du XVIII° siècle, le chanoine Fardeau, dernier curé de Saint Aventin, travaille plusieurs années à faire établir le culte du saint évêque. Il n’y réussit pas, mais c’est lui qui prend le chemin de la béatification, et voici comment : le 19 août 1792, le tocsin appelle les volontaires pour perquisitionner en ville à la recherche d’armes cachées ou d’ornements d’église. On envahit au matin du 20 la maison de Fardeau et on y trouve un autel et des vêtements sacerdotaux. Le chanoine essaie de fuir, déguisé en charretier, mais il est reconnu par une femme au moment où il passe le pont de la Tour (ancien moulin Riousse). Il est conduit à l’hôtel de ville et refuse le serment. On le jette en prison. La foule hurle, réclame sa tête, les femmes surtout. Malgré la fermeté des officiers, le geôlier a la faiblesse de le livrer à la populace. On lui demande de jurer et de crier : Vive la nation ! Il répond qu’on lui couperait plutôt la tête. Les volontaires se précipitent, l’un d’eux tranche la tête avec une hache empruntée à un boulanger. La tête ensanglantée, lavée dans la rivière, est promenée dans les rues jusqu’à l’hôtel de ville.
Le diocèse célèbre saint Vincent le 4 février.
Sur le bandeau du bas de chaque page, vous cliquez sur "Plan du site", qui est la table des matières, et vous choisissez le chapitre qui vous intéresse.
Cliquez sur "Nouveaux chapitres" vous accédez aux dernières pages mises en ligne.