La châsse de saint Loup date de 1153, mais « elle avait été rompue en 1364, comme on la portait en procession des villages pour en cueillir quelques oblations, puis refaite des aumônes qu’en affluence donnèrent les gens de bien » et enfin, brisée de nouveau au temps où Nicolas Forjot était devenu abbé en 1485. Il voulut doter son abbaye d’un splendide reliquaire de saint Loup, et s’adressa à Papillon, célèbre orfèvre de Troyes.
En 1503 le reliquaire était achevé et exposé cette même année, la veille de la fête de saint Loup, et, le 6 avril 1505, se faisait en grande pompe la cérémonie de la translation des reliques du saint évêque : « Jules II dirigeant la barque de Pierre, Louis XII étant roi de France, le révérendissime évêque de Troyes Jacques Raguier, sur l’humble et instante prière du vénérable père Nicolas Forjot, abbé du monastère de Saint-Loup de Troyes, a retiré d’un beau et riche vase d’argent le chef vénéré du bienheureux Loup, évêque et patron de la ville de Troyes, et, après l’avoir, du haut d’une estrade élevé à cet effet au milieu de l’église du monastère, montré en grande pompe au peuple de Troyes, l’a transféré dans un nouveau reliquaire aussi précieux que magnifique, et enrichi d’or, de pierres précieuses et de toutes sortes d’ornements, et exécuté à grands frais par un habile orfèvre de Troyes, nommé Jean papillon. « Cette pieuse cérémonie s’est accomplie au milieu de l’allégresse générale des plus grands témoignages de dévotion envers le bienheureux Loup, à la gloire de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec le Père et le Saint-Esprit… ».
Papillon avait travaillé à ce reliquaire pendant 3 années consécutives, et il fallait qu’il fût bien magnifique, puisqu’il était appelé : « l’un des plus beaux et riches joyaux de France », que le cardinal de Bouillon avouait n’avoir rien vu de si beau en Italie, et que Mabillon (moine bénédictin de la congrégation bénédictine réformée de Saint-Maure, érudit et historien français) disait qu’il n’avait vu peut-être que le chef de saint Lambert, à Liège, qui puisse s’en approcher.
Il avait été promené et vu dans presque tout le royaume avec une admiration telle que les offrandes en avaient rapidement remboursé le prix.
« Aussi, de quels regrets ne se sent-on pas saisi lorsque l’on songe qu’il n’a fallu qu’un instant de cupidité et de délire pour briser et détruire un pareil chef-d’œuvre ! » (lors de la Révolution).
La châsse actuelle est des plus simples et en bois doré seulement. Elle a été faite sous le premier empire pour encadrer et remettre en lumière les émaux de la vie de saint Loup.
Les émaux, du XV° siècle, étaient au nombre de 16 et accompagnés de notices explicatives, émaillées en caractères gothiques sur fond blanc et indépendantes des plaques historiées : 1- : Loup chevalier épouse la sœur de monseigneur s. Hylaire. 2- : Loup congédie sa femme pour entrer en religion. 3- : Loup entre en religion et prend l’habit à Lesrinanse (près de Cannes). 4- : Loup étant, religieux, est élu évêque. 5- : Loup sacré évêque de la cité de Troyes. 6- : saint Loup et saint Germain donnent l’habit de religion à sainte Geneviève. 7- : les diables et saint Loup. 8- : Loup repousse l’erreur pélagienne d‘Angleterre. 9- : saint Loup envoie saint Mesmin au-devant d’Attila avec 2 enfants de chœur. 10- : comment saint Loup va ensevelir saint Mesmin et ses enfants occis. 11- : saint Loup préserve la cité de Troyes d’Attila et des vandales. 12- : saint Loup délivre de prison un grand nombre de Bourguignons. 13- : saint Loup guérit une femme qui était paralytique. 14- : saint Loup guérit une fille qui était infectée du serpent venimeux. 15- : saint Loup est assis sur un trône, tenant d’une main sa crosse et de l’autre transperce de son épée victorieuse un monstre ailé qui figure l’hérésie. 16- : un jeune homme agenouillé sur le tombeau de saint Loup, dans l’attente du trépas que va lui faire subir un homme qui lève son glaive, mais qui est subitement arrêté par la mort, figurée par un squelette qui lui saisit le bras.
Les légendes des 2 derniers émaux n’existent plus.
L’événement le plus considérable de la vie de saint Loup fut sans contredit celui auquel fait allusion le 11° émail, puisqu’il rappelle l’invasion des Huns qui parurent effroyables aux barbares eux-mêmes. Cet épouvantable choc de 2 mondes, qui eut lieu tout près de Troyes et qui menaça d’anéantir la civilisation européenne, cette bataille fut effroyable « sans miséricorde, sans quartier. Les vieillards du temps se souvenaient encore qu’un petit ruisseau coulant à travers des champs héroïques, grossit tout à coup, non par les pluies, mais par le sang, et devint un torrent. Les blessés se traînaient à ce ruisseau pour y étancher leur soif, et buvaient le sang dont ils l’avaient formé ».
162.000 morts couvrirent la plaine !
Cela montre que l’auteur des émaux de saint loup avait dû faire de grands efforts pour se tenir à la hauteur de pareils sujets.
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