Religion



Saint-Vincent


Saint Vincent
Saint Vincent

Saint-Vincent, est un grand voyageur. Un jour qu’il se trouve à Majorque, un cabaretier se plaint auprès de lui de la dureté de la vie, obligé qu’il est de vendre son vin à trop bas prix. Le diacre le prie de lui en apporter. Sans doute, heureux d’avoir trouvé un bon client, l’aubergiste revient avec un cruchon de vin que saint Vincent le prie de verser… sur son scapulaire ! On comprend la surprise de l’homme, qui hésite quelque temps. Enfin, sur l’insistance de Vincent, il s’exécute à regret. Alors, le miracle se produit et le cabaretier n’en revient pas. De la cruche, le liquide jaillissant se divise en deux parties, d’un côté un filet de vin arrose le sol tandis que de l’autre, seul un flot d’eau inonde le scapulaire. " Ton vin est encore trop cher ",lui reproche saint Vincent qui sait, bien sûr, que les baptêmes ne sont pas toujours catholiques ! 

En 531, à la suite d’une expédition victorieuse en Espagne, le roi Childebert 1er, fils de Clovis, rapporte de Valencia un bras et la tunique du diacre Vincent.

De retour en France, le roi reçu à Mâcon par l’évêque saint Placide, dépose la tunique à la cathédrale, qui prend le vocable de saint Vincent.

Quelque temps après Childebert fait construire près de Paris une abbaye ( Saint-Vincent, qui deviendra Saint-Germain-des-Prés), pour y déposer les reliques du saint. Lors de la translation à Paris, la procession fait étape aux Riceys (réputé pour son vin rosé), ce qui incite les Ricetons à donner à ce lieu-dit le nom de " Fief Saint-Vincent "

 

En 864, pour soustraire à l’invasion des Maures, les reliques – dont le crâne – qui se trouvent encore à Valencia, on les transporte à l’abbaye de Castres.

 

Au début du XIII° siècle, saint Vincent fait de nouveau parler de lui : " son chef glorieux faisait tous les jours d’éclatants miracles et d’innombrables pèlerins affluaient de tous côtés à Castres pour implorer des grâces…"

 

 

Mais, c’est aussi la période où Castres devient " un repaire d’hérétiques " et le cardinal Conrad, ancien abbé de Clairvaux ne juge plus cette ville digne de conserver une aussi précieuse relique. Aussi, fait-il transporter ce " chef miraculeux " dans son ancienne abbaye, " abbaye vineuse depuis 1115 ". Cette translation est mentionnée dans une charte, écrite à Clairvaux et portant le sceau du cardinal, en date du 3 avril 1224.

 

Bien lui en prit, car, à la fin du XVI°, les Huguenots incendient la ville de Castres et ce qui restait des reliques disparaît en fumée.

 

Au moment de la Révolution, l’abbé de Clairvaux se retire à Bar-sur-Aube sans oublier sa précieuse relique dont il fait don à l’église Saint-Maclou.

 

Le 31 mai 1869, l’abbé Geoffroy de Bar-sur-Aube (autre fief du vignoble champenois) et sœur sainte Victoire, religieuse ursuline, attestent solennellement que le chef de saint-Vincent a été donné à l’église Saint-Maclou, vers 1822, par M. Rocourt, ancien abbé de Clairvaux.

L’organisation des vignerons en corporations a commencé au XI° siècle. Cette vocation corporative visait la politique économique et tendait à faire reconnaître les droits et l’existence juridique de communes viticoles.

Quant aux premières confréries, essentiellement religieuses, elles ne sont signalées qu’à partir du XV° siècle.

A la fin du XVIII°, la Révolution prononce leur dissolution, pour réapparaître à la seconde moitié du XIX° siècle.

La bannière est une pièce essentielle de la confrérie. Elle est en velours grenat, lie-de-vin ou violet sombre, dorée et frangée d’or. Elle porte la mention " Confrérie de Saint-Vincent " auquel s’ajoute le nom de la commune et la date de fondation.

 

La tradition se perpétue encore aujourd’hui. Le dimanche matin, le cortège se forme, avec une fanfare. Le tonnelet de vin et le gâteau de Saint-Vincent suivent sur leur brancard respectif, portés par des jeunes gens revêtus d’un costume de vigneron à l’ancienne, et vont à l’église. A l’offrande, le prêtre bénit en grande solennité le gâteau et le tonnelet de vin. Ensuite, il y a un vin d’honneur à la mairie, et enfin, un banquet officiel avec les notabilités.

Quelques églises sont sous le vocable du saint : Saint Oulph, Vernonvilliers, d’autres édifices possèdent une chapelle dédiée au saint : Bar-sur-Aube, Bar-sur-Seine, Laines-aux-Bois.

Des croix de saint Vincent se dressent sur les finages de Saint Léger sous Brienne, Vulaines, Chappes, Channes, Brienne-la-Vieille.

On trouve aussi des sources saint-Vincent, à La Chaise, Ricey-haut, Les Bruyères, Vernonvilliers.

 

 

Pour terminer, voici ce qui n’est peut-être qu’un conte, que peu de lecteurs doivent connaître : du côté de Bar-sur-Aube, un brave curé voyant approcher la fête du saint, se dit que sa statue a bien mauvaise mine. Il se résout à la porter à la Sainterie de Vendeuvre, mondialement réputée, pour que les saintiers lui redonnent des couleurs. Le jour du saint approche, le curé se rend à la Sainterie, mais le travail n’est pas terminé, et le Vincent couvert d’enduit a encore moins bonne mine qu’avant. Le pauvre curé ne sait plus à quel saint se vouer. Soudain, il s’élance au bout du village et frappe à une masure où vit un vieux berger. Le curé explique que la niche est vide, et pour cela une seule solution, le pâtre habitué à rester debout de longues heures, jouera le saint. Marché conclu. Au jour dit, le curé tout joyeux, revient avec le berger. Pour fêter l’événement, il lui offre un bon repas au presbytère. Comme ils sont entre vignerons, on arrose cela de quelques bonnes cruches de vin nouveau. Le berger revêt des vêtements sacerdotaux, grimpe avec une échelle dans la niche et prend la pose. Les paroissiens, dans la demi-obscurité, admirent ce saint tout neuf, plus vrai que nature. La messe commence. Seulement, en janvier, le vin nouveau, ça vit, ça fermente, et le pauvre saint Vincent, dans sa niche, commence à en faire l’expérience. Il veut bien rester immobile, mais comment conserver son impassibilité lorsque de petits démons vous gargouillent dans le ventre. Soudain, une brave vieille n’en croit pas ses yeux : elle regarde plus intensément et s’écrie : " Miracle ! M’sieur l’curé, not’ saint bouge !". Et le pauvre pâtre, tout blême, là-haut répond : " Oh ! y a pas d’miracle… mais, si on m’ôte pas d’là, j’chie dans ma culotte ! "

Dicton : " A la Saint Vincent, l'hiver monte ou descend "

 

En 536, l'évêque de Troyes est saint Vincent, qui rend plus célèbre le culte de saint Parre et fait construire son église. Il fait reconnaître pour saint, saint Camélien son prédécesseur, ainsi que saint Aventure en l'honneur de qui il érigea une chapelle. Il décède en 546 et est inhumé dans l'église de Saint-Aventin.

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