La ville de Troyes, jadis si riche en objets d’art, renfermait un grand nombre de bronzes remarquables, à en juger par les documents qui ont été rassemblés. Aujourd’hui, c’est à peine s’il reste le souvenir de ces précieux monuments. Cela n’a rien d’étonnant, les bronzes étant par leur nature même, voués à la destruction.
La facilité avec laquelle on réalise le plus souvent la valeur intrinsèque d’un objet métallique, en faisant bien entendu abstraction de sa valeur artistique ou historique, invite fatalement celui qui le possède à s’en défaire dans le moindre moment de gêne. Nos chanoines de Troyes l’ont bien prouvé le jour où, se trouvant à court d’argent et voulant faire exécuter quelques prétendus travaux d’embellissement dans leur cathédrale, ils n’ont pas hésité, au risque de passer pour des vandales, à envoyer à la fonte les remarquables tombes en bronze qui, depuis des siècles, contribuaient à l’ornement de ce bel édifice.
Dans l’église du prieuré de Notre-Dame-en-l’Ile, on voyait encore à la fin du XVII° siècle, la tombe en bronze très ouvragée d’un bienfaiteur de cette maison religieuse, André de Saint-Falle, seigneur de Saint-Falle (aujourd’hui Saint-Phal) et archidiacre d’Arcis, mort vers 1.300.
L’église Saint-Etienne, collégiale et chapelle castrale des comtes de Champagne, renfermait leurs admirables tombeaux dans lesquels le bronze entrait pour une grande partie, en même temps que l’émail et les métaux précieux. On trouve une description complète de ces remarquables monuments dans le tome II des « Documents inédits », publié par la Société Académique de l’Aube. Dans cette même église, il y avait, entre autres objets remarquables : un aigle en bronze donné, en 1458, par Nicole Merger, chapelain de la chapelle Saint-Fiacre, une crosse en cuivre, placée au-dessus du maître autel, donnée en 1541, par le chanoine Gilbert.
L’église du couvent des Jacobins ou Dominicains de Troyes renfermait la sépulture d’Oger IV, seigneur d’Anglure. Il était inhumé, en 1383, dans une très belle « tombe de cuivre ».
La cathédrale de Troyes était riche en monuments de bronze. A la veille de la Révolution de 1789, on y voyait encore :
Le tombeau de l’évêque Hervé, fondateur de l’édifice, mort en 1223.
Le prélat y était représenté en relief, de grandeur naturelle, couché sous un dais gothique et accompagné de plusieurs personnages. Alentour était un cadre portant l’épitaphe du défunt. En 1778, les marguilliers de la cathédrale l’envoyèrent à la fonte, en même temps que les autres tombes et les meubles en cuivre qui se trouvaient dans cet édifice.
La tombe de l’évêque Nicolas de Brie, mort en 1269, qui portait son effigie avec une inscription, le tout en bronze.
La tombe en bronze de l’évêque Jean d’Auxois mort en 1317.
La tombe de l’évêque Henri de Poitiers. Il fut capitaine de Troyes, batailla contre les anglais et mourut en 1370. Cette tombe, de grande dimension, en cuivre ciselé, se trouvait placée près du maître-autel, au-devant du trône épiscopal.
La tombe en bronze de Jehan Léguisé, LXXV° évêque de Troyes, mort en 1450.
La tombe en bronze de Louis Raguier, seigneur de Romilly et évêque de Troyes, mort en 1488.
La tombe en bronze de Jacques Raguier, neveu du précédent et son successeur à l’épiscopat de Troyes, mort en 1517.
La tombe en bronze de l’évêque François Malier, mort en 1678.
La tombe en bronze de Jeanne Léguisé, veuve de guillaume Molé, sœur de l’évêque Jean Léguisé, morte en 1514.
La tombe en bronze de Jean Hennequin, chanoine et archidiacre de Margerie, mort en 1531.
La tombe de Pierre d’Arbois, mort chanoine de la cathédrale, en 1376. Cette tombe était en marbre noir, ayant pour entourage une large bordure de bronze.
La cathédrale possédait aussi un aigle de cuivre, qui lui avait été donné, en 1538, par l’évêque Odard Hennequin. Ce prélat en outre, avait fait don à son église, en 1543, de 4 colonnes en cuivre destinées à être placées en avant de l’autel principal, qui était de style gothique. Ces colonnes étaient surmontées chacune d’un ange de cuivre doré, ayant les ailes déployées. Le tout fut vendu, en même temps que les tombes des évêques en 1778.
A l’église Sainte-Madeleine, il y avait une statue de cuivre faite en 1522, qui représentait saint Urse, tenant dans sa main le reliquaire de ce saint donné à l’église par Claude de Salins.
Dans l’église du couvent des Cordeliers se trouvait la tombe en bronze de Claude de Mesgrigny, mort en 1524, et de sa première femme, Catherine Acarie.
La chapelle de la Passion, construite dans l’enceinte du même couvent, possédait un pupitre en cuivre richement travaillé, en 1476.
L’abbaye de Saint-Loup renfermait de nombreux objets en bronze. Le maître-autel de son église était un morceau exécuté tout en cuivre, et surmonté d’un tabernacle de même métal. Dans le chœur se trouvait un aigle avec sa base, tout en franc poli. Il y avait aussi 2 colonnes torses avec leurs bases, chapiteaux et 2 anges. 9 chandeliers de franc potin (mélange de cuivre jaune et rouge) dont 1 servant à porter le cierge pascal. Cette église renfermait aussi le célèbre dragon, qui se portait aux Rogations et « que le vulgaire de Troyes nommait la chair salée ». Il était en bronze, peint à l’huile On lui faisait ouvrir la gueule et les yeux, battre des ailes, au moyen d’un ressort qu’une ficelle actionnait.
De nos jours, l’église Saint-Remi de Troyes possède encore plusieurs bronzes remarquables fondus d’après les modèles exécutés par le sculpteur troyen François Girardon : 1 admirable Christ sur la croix, haut de 1,15 m, qu’il offrit à sa paroisse. Ce Christ était accompagné de 2 colombes, aussi en bronze, qui ont disparu à la Révolution. Il y a aussi 2 médaillons ovales représentant Notre-Seigneur et la Sainte-Vierge, 2 anges porte-flambeaux, sur socles en bronze doré, de Girardon.
A l’église Saint-Jean-au-Marché de Troyes, le tabernacle du maître-autel est orné de 2 médaillons ronds, en bronze doré, sur lesquels sont reproduits en bas-relief les bustes de Jésus et Marie, d’une porte et de 2 panneaux en bronze doré et ciselé, représentant saint Jean-Baptiste et saint Jean l’Evangéliste. 2 têtes d’anges, en bronze doré, forment le couronnement de la voussure (partie courbe) du tabernacle. Tous ces bronzes ont été fondus sur les modèles fournis par François Girardon.
A la mairie de Troyes, il y a 2 petits bustes d’enfants, en bronze, l’un riant, l’autre pleurant, connus sous les noms d’Héraclite et de Démocrite, dus aussi à Girardon.
La chaire de l’église Saint-Pantaléon de Troyes est ornée de 4 bas-reliefs en bronze, exécutés par Pierre-Charles Simart pour cette paroisse, en 1828, et représentant la Foi, l’espérance et la Charité, cette dernière sous 2 aspects différents.
A Villenauxe, en 1792, la municipalité fit don à l’Etat, pour fondre des canons, de 2 colonnes de cuivre qui étaient posées devant l’autel de Saint-Pierre-ès-Liens, du couvent de Nesle-la-Reposte, alors transféré à Villenauxe. Elles pesaient 400 libres.
A Bar-sur-Aube, il y avait en l’église Saint-Pierre des fonts baptismaux surmontés d’une pyramide de cuivre, et à l’église Saint-Maclou, 7 grands chandeliers en cuivre, placés au bas du maître-autel.
En 1730, le grand autel de l’église de Bar-sur-Seine était surmonté d’un tabernacle en cuivre, en forme de tourelle, auquel on montait au moyen de plusieurs marches placées en derrière.
A la fin du XVIII° siècle, on voyait dans l’église de Villemaur un lutrin en cuivre artistement travaillé. Les marguilliers de cette paroisse l’avaient acheté, en 1775 de l’abbaye de Montier-la-Celle, et, comme ils voulaient rendre hommage aux personnes généreuses qui leur avaient donné le fonds nécessaires pour cette acquisition, ils chargèrent Médard Caunois, fondeur à Troyes, de placer sur ce meuble, 3 écussons aux armes de M. le duc de Coislin, évêque de Metz, baron de Villemaur, de la famille de la Rochefoucauld et de M. Chèvre de la Charmotte, doyen de Villemaur. En 1792, ce lutrin fut enlevé, en même temps que les cloches et conduit à Ervy pour y être fondu. 2 statuettes en avaient été détachées. Elles ornent aujourd’hui le maître-autel de l’église de Villemaur.
L’église de Rosnay-l’Hopital possède un beau lutrin avec un aigle, en potin, qui lui a été donné en 1651 par Nicolas Maury, receveur du comté de Rosnay. Il a figuré à l’Exposition universelle de 1889.
Dans les églises des Riceys, à Chaource et dans beaucoup d’autres endroits, il y avait des fonts baptismaux à couvercle de cuivre, se levant comme une lampe par le moyen de poids qui les entraînaient.
Enfin, on rencontrait presque partout, un riche mobilier d’église, comprenant de nombreux objets en bronze, tels que bénitiers, bassins, croix d’autel ou croix processionnelles, chandeliers simples ou chandeliers à branches, châsses en bronze ou en cuivre doré, cassolettes, cymbales, encensoirs, gemillons, navettes, paix, reliquaires de toutes formes…
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