Vers le milieu du XV° siècle, Pouilly appartient à Pierre Clément, qui fait au roi sa déclaration de foi et hommage.
C’est un calviniste militant, et Nicole Pithou, dans son Histoire de l’église protestante de Troyes, le montre discutant avec lui de ces questions byzantines de doctrine dans lesquelles s’égarent trop souvent les meilleures convictions politiques ou religieuses. Des prêches et des assemblées publiques se tiennent alors dans sa maison de la rue du Bourg-Neuf (rue du Palais de Justice n° 29).
Il fait partie en 1563, des protestants qui quittent la ville, devenue peu sûre pour eux, et se jettent dans Bar-sur-Seine, dont leur parti se rend maître et où - Pithou lui-même le dénonce en le déplorant - ils se livrent aux pires turpitudes.
Mais les catholiques de Troyes viennent les y assiéger dans la nuit du 23 au 24 août.
La ville envoie un double canon, 3 grandes couleuvrines, 2 fauconneaux, 800 livres de poudre à canon et des boulets.
120 chevaux s’occupent du charroi de ce matériel de siège, qui doit être manœuvré par 80 canonniers, pionniers, charpentiers, charrons et maréchaux.
Dès le lendemain matin, le double canon et les couleuvrines sont braqués sur le château de Bar. La ville ne pouvant résister à une attaque, le château est pris et ceux qui l’occupent, veillent avec si peu de soin, que l’artillerie est braquée et les assiégeants au pied de la muraille, avant que l’alarme ne soit donnée.
Les alliés étrangers des protestants se retirent sans essayer de les secourir.
Ceux qui ont un cheval s’enfuient dans la direction du bois de Semont, mais ils y sont poursuivis.
Pierre Clément (sexagénaire) tombe aux mains des sieurs Espances et Railly qui lui promettent la vie sauve, moyennant rançon, et le laissent en liberté.
Il cherche en vain refuge chez un châtelain du voisinage, à qui il avait rendu service. " Mais, dit Nicole Pithou, service de Seigneur n’est point héritage. "
Il est presque aussitôt capturé par un maréchal des logis de la compagnie de Nevers, Claude Nico, cousin germain de sa femme, mais son ennemi de toujours, qui le maltraite, lui crache au visage et lui dit : " Je mangerai de ta fressure avant 10 ans ".
Puis il le ramène à Bar-sur-seine.
Les catholiques se rendent sans peine maîtres de la ville. Ils exercent alors toutes sortes de cruautés, mettent à mort tous ceux qu’ils rencontrent, soit hommes, femmes ou enfants.
160 à 180 réformés de tous sexes et de tous âges périssent.
Plusieurs femmes sont violées. Certains, se rachètent de la mort en payant une rançon. Le capitaine du château est pendu.
On ne compte que 10 à 12 prisonniers, parmi lesquels se trouve Pierre Clément, qui ne veut pas abjurer.
Il est condamné à être pendu, après avoir subi la question, afin d’obtenir de lui des révélations sur la rébellion.
Son exécution a lieu sur la place du Marché au Blé (Place Jean Jaurès), le 2 septembre 1563.
A deux religieux Cordeliers tentant de le faire adjurer, il déclare qu’il a trop lu et qu’il en faudrait d’autres qu’eux pour le convaincre.
Sur l’échelle fatale, il prononce ces mots : " Seigneur, tu sais que ce n’est point pour quelque meurtre ou autre crime que j’ai commis, que je suis ici, mais pour soutenir ta querelle ".
Le supplice du malheureux ne s’arrête pas là.
Le peuple ameuté coupe la corde, fait tomber le corps sur le pavé, lui brûle la plante des pieds, lui arrache les yeux, lui coupe le nez et les parties sexuelles, et le traîne à travers la ville jusqu’à la Cathédrale.
Il passe devant l’Hôtel de Jean de Mesgrigny, président au présidial. Comme ce dernier n’a pas signé la profession de foi soumise, dans le cours d’août au clergé et aux officiers royaux, cette bande furieuse crie que si elle le tenait, elle lui ferait encore pire.
Enfin, elle jette le corps de Clément dans le ru Cordé.
Claude Nico, sa veuve, se remarie avec le procureur de Villemaur qu’elle quitte rapidement, pour ne jamais le rejoindre.
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