Soixante-dix édifices religieux sont, dans notre département, dédiés à la Sainte-Vierge Marie, ce qui représente 15 à 20 % des édifices religieux.
Mais, toutes les autres églises recèlent une petite chapelle dédiée à Marie.
Cela démontre l’importance prise par le culte marial dans le catholicisme.
Il existe en plus, une cinquantaine de lieux rituels retenus par la tradition. Ces oratoires éloignés des habitations sont désignés par le vocable Notre-Dame suivi de l’identification de l’objet de la vénération :
- arbre : Chêne à Bar-sur-seine et Crépy-le-Neuf, l’Orme à Gyé-sur-Seine et Piney, du Buisson à Cussangy…,
- pierre : Notre-Dame des Bornes à La Louptière-Thénard…,
- lieu-dit : des Vignes à Neuville-sur-Seine, des Champs à Prunay-Belleville, des Trévois à Troyes, des Prés à Saint-André-les-Vergers, de la Perthe à Mailly…, de rivières : Belle-Dame de Nogent-sur-Seine…,
- origine chrétienne : N-D. des Vertus à Sivrey, de la Merci à Jasseines, de la Pitié à Pont-Sainte-marie et La Rothière, du Bon Secours à Plancy, de l’Espérance à Mesnil-St-Loup, de l’Immaculée Conception à Chamoy…
Il y a aussi les origines cultuelles : N-D. du Hayer à Chennegy : les hayers sont des petits bois sacrés, devenus parfois des buissons, restes de la croyance totémique des Germains qui se disaient descendants des arbres de la forêt, résidence du dieu teutonique. Le coudrier (noisetier) des sourciers, qui possède des propriétés magnétiques qui se manifestent en présence de l’eau, l’un des quatre éléments, symbole de la connaissance : N-D. de la Coudre à Auxon…
Les chapelles dédiées à la Vierge, étaient autrefois très fréquentées. Les fidèles venaient implorer les secours de la Vierge Marie, et principalement lui demander le soulagement de leurs maux. A Chennegy, on pouvait espérer la guérison de n’importe quelle maladie, par N-D. du Buisson. A Plessis-Gatebled, N-D. apportait son secours aux fiévreux. A Pâlis, la Vierge guérissait les épileptiques. A la Louptière, à N-D. des Bornes, les malades liaient leur fièvre à l’aide d’un ruban et… s’en retournaient guéris. A Villeret, d’extraordinaires guérisons furent enregistrées : en 1646, un laboureur recouvrit l’usage de ses jambes. Edmée Jacquin de Chavanges, infirme et incapable de sortir de sa maison, se transporta en esprit près de la sainte, s’y fit conduire ensuite, éprouva pendant le voyage des douleurs de plus en plus vives, s’évanouit et revint à elle… guérie ; un abcès au bras gauche fut résorbé, un muet parla, des convulsions cessèrent…
Si le christianisme réussit à faire oublier les cultes païens et à leur substituer la dévotion à la Vierge Marie, il lui a toujours été impossible de déplacer le lieu précis des antiques vénérations.
Le refus qu’exprime une statuette de la vierge (par l’intermédiaire de la légende qui la concerne), de quitter le lieu où elle fut découverte, équivaut à prouver la préexistence, en cet emplacement précis, d’un culte païen.
Par exemple, on a trouvé dans un buisson d’épines à Chennegy, la statue de N-D. du Hayer.
N-D. des Bornes désigna elle-même le lieu où on devait l’honorer, entre La Louptière et Saint-Maurice.
La Belle-Dame, que des mariniers Nogentais retirèrent de la Seine, n’admit jamais qu’on la déposât à l’église Saint-Laurent. Elle retourna seule – dit-on – à l’endroit où on l’avait trouvée, marquant ainsi sa volonté d’être vénérée là et non ailleurs. Elle refusa ensuite de quitter la chapelle qu’elle occupait lorsque l’abondance des pèlerins fit qu’on fut obligé d’en construire une plus spacieuse à côté de l’ancienne.
On raconte que, lorsque N-D. de Villiers fut solennellement transportée, en 1775, en l’église de Montmorency, on la vit pleurer à chaudes larmes pendant la procession. Elle témoigna ainsi de sa peine à quitter un sanctuaire où elle avait fait tant de miracles.
A N-D.du chêne, des petits pâtres découvrent la Vierge, et s’empressent de la rapporter dans leur chaumière. D’elle-même, la statuette retourne dans son chêne. Le clergé décidé de la transporter solennellement en l’église St-Etienne de Bar. Peine perdue, elle revient de nouveau à son chêne…
Les légendes que nous rapporte la tradition, et qui concernent les lieux où la Vierge est honorée, sont toutes très belles.
L’emplacement de la Fontaine de Valsuzenay n’était autrefois qu’un bourbier. Il advint qu’un pauvre homme manqua de s’y enliser avec son char et ses chevaux. Bien heureusement sa foi le fit invoquer la Vierge Marie. L’image de celle-ci lui apparut miraculeusement et il fut sauvé. En reconnaissance de ce bienfait, il fit édifier une chapelle " au-dessus de la claire fontaine qui venait de remplacer le gouffre où il avait failli périr ".
Il y a bien longtemps, les seigneurs de La Louptière et de Saint-Maurice (Yonne), étaient en désaccord sur la délimitation de leur territoire. Chacun d’eux, convaincu de son bon droit, allait nuitamment et tour à tour déplacer à son profit la borne, objet du litige. Au petit matin, on retrouvait la pierre, soit à l’entrée de la Louptière, soit à l’orée de Plessis-Gatebled. Mais, par une sombre nuit, les deux seigneurs se trouvèrent face à face au pied de la borne. Ils allaient en venir aux mains, lorsque la Vierge leur apparut. Elle les sépara et en toute équité, prit soin de planter elle-même la borne à mi-distance entre les deux villages. Une chapelle fut construite en cet endroit en témoignage de reconnaissance. Elle marque de nos jours, la limite départementale entre l’Aube et l’Yonne.
A l’entrée du pont de Fouchères, la Vierge est représentée sous le crucifix, souriant à l’enfant Jésus qu’elle presse sur son cœur. On raconte qu’elle fut sculptée par Jean Poussin qui, âgé de 15 ans se rendait à Paris. Il passa par le village. Pour subsister et poursuivre son voyage, il lui fallait bien travailler. A Fouchères, il entreprit de sculpter cette vierge. Pendant la Révolution, elle fut enlevée de son socle et cachée sous la paille, au fond d’une grange, dans la maison dont le porche fait face à la Seine
On ne croit plus de nos jours, aux guérisons, aux miracles, et c’est probablement la raison pour laquelle nos sanctuaires dédiés à la Vierge sont abandonnés.
La ville de Troyes a choisi comme médaille officielle " La Vierge au raisin " de l’église St Urbain.
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