On parle souvent de miracles modernes, il y a ceux des Evangiles, mais aussi ceux que j’ai retrouvés dans le passé Aubois. De nombreuses statues et vitraux en témoignent. Je m’en tiendrai aux plus connus.
On vénère, à la fin du III° siècle, un puits de source (rue des Filles Dieu), dit de sainte Jule (décapitée par l’empereur Aurélien, à Troyes en 275), dans lequel on puise de l’eau pour la guérison des malades. " C'était une merveille expérimentée ordinairement par ceux qui ont des fièvres, s'aillent à sa chapelle recommander à Dieu par les mérites de sainte Jule, y font leurs prières de grande ferveur d'esprit et avec un saint mouvement de foi et dévotion, boivent de ce puits d'où ils trouvent soulagement et guérison, tant est grande la puissance des saints amis de Dieu vers ceux qui humblement et fidèlement requièrent leur assistance."
Quand la famine sévit sur Paris, en 486, sainte Geneviève, vient chercher des secours à Troyes, et elle y accomplit plusieurs miracles. Par exemple, le fils d’un sous-diacre est guéri après avoir bu l’eau sur laquelle elle a tracé le signe de la croix.
De 479 à 536, Dieu opère de nombreux miracles, lorsque saint Aventin est économe de notre évêque saint Camélien : plus il dépense pour les pauvres et les infirmes, plus les biens croissent entre ses mains. Pour l’éprouver, notre évêque marque un tonneau de vin, et s’aperçoit que ce vin ne diminue pas quand Aventin en fait la distribution. Il donne cette charge à d’autres, et cette fontaine miraculeuse cesse, et le tonneau est bientôt vide.
Au VII° siècle, saint Frobert fait recouvrir la vue à sa mère aveugle. Il guérit aussi ses frères de différents maux (tête, douleurs…).
Quand il reçoit des amis, il leur offre du vin, et le tonneau est toujours plein, le Seigneur le remplissant à la mesure de la générosité du saint.
Le prieuré de saint-Quentin, une de nos plus anciennes abbayes, existait déjà au VII° siècle. On y venait en pèlerinage pour la guérison de l’hydropisie. On mettait les malades sur l’un des plateaux de la balance, et, sur l’autre, on plaçait en poids égal, de la cire, du chanvre, de la toile… et ces denrées appartenaient au prieuré. En 1490, le pape Innocent VIII interdit ce scandaleux commerce ailleurs qu’à Saint-Quentin en Vermandois, dont les chanoines disaient être les seuls à posséder les reliques de saint-Quentin, car, s’il ne guérissait pas toujours les malades, il rapportait aux chapitres des prieurés où étaient pesés les hydropiques, de beaux bénéfices.
En 637, sainte Tanche, patronne de l’église de Lhuître, a la tête tranchée par son compagnon. Par miracle elle se relève, prend sa tête entre ses mains et marche vers Lhuître. De nombreux prodiges ne tardent pas à s’opérer sur le lieu même où a été enseveli son corps : des malades, en passant près de cet endroit, éprouvent un soulagement subit ou une guérison complète. Les miracles se multiplient à tel point qu’on accourt de tous côtés à son tombeau. " Les malades y recouvrent la santé, les aveugles l’usage de la vue, les boiteux s’en retournent valides, les possédés sont délivrés, et tous les maux y trouvent un remède prompt et infaillible "
Sainte Maure, patronne des lavandières car elle fabriquait les ornements sacrés et les maintenait en bon état, lors de son décès en 850, est lavée, l’eau est changée en lait, et ceux qui en boivent sont guéris de la fièvre : " Léonce, le fils de Damone but abondamment de ce lait et fut guéri de sa fièvre… en touchant le saint cilice, Thécie fut libérée d’une tache au visage contractée dès le sein maternel et qui la rendait désagréable à son mari… à l’heure même du départ de la sainte vierge, le moine Veranus qui avait depuis longtemps perdu l’odorat, sentit dans le monastère de Léon la même suave odeur que sentaient ceux qui étaient proches du saint corps… " Son tombeau fut honoré par les fidèles et il y eut d’innombrables miracles qui se produisirent.
Vers 990, beaucoup de personnes " tordues et brûlées incroyablement par la chaleur des fièvres viennent souvent vers saint Aderald et repartent bien vite chez elles, apaisées par lui ".
Du 9° au 19° siècle, sainte Mâthie, patronne de notre ville, est très honorée. En 275, servante d’un boulanger près de l’église Saint Nizier, elle distribue aux pauvres du pain en abondance, sans que le boulanger s’en aperçoive, car la quantité est toujours la même. En 974, l’évêque Milon trouve dans la cathédrale son sarcophage, il l’ouvre, et voit le corps comme s’il venait d’être mis au tombeau la veille. La nouvelle connue, une foule immense accourt pour voir le prodige, et commence un véritable culte voué à la vierge troyenne. La châsse est mise sur un autel, et les miracles sont quotidiens. Les pèlerins affluent jusqu’au 19° siècle.
Rien que pendant la semaine pascale de l’an 1007, j’ai retrouvé le récit de plus de 12 miracles :
- une pauvre femme de Tonnerre, " ayant un bras sec et entendant que les malades étaient guéris aux reliques de la sainte, vint en la ville de Troyes, fit ses dévotions de bon cœur et pleine de foi, se mettant sous la châsse, frappa sa poitrine de la main dont elle s’aidait, invoquant avec larmes le secours de Dieu, car son autre main était sèche, le bras avide et sans aucune vigueur naturelle, les doigts pressés dans la paume et son poing étant collé à son estomac, elle invoqua le nom de sainte Mâtie plusieurs fois, et soudain l’humeur mêlée de chaleur se mit en son bras ; son poing se desserra de son estomac, et les doigts de la paume de sa main ; et elle fut guérie ".
- le même jour, à 9 heures, venant de Sens, les parents d’un enfant de 3 ans, si faible qu’il ne pouvait se tenir debout et cheminait à 4 pattes, comme une bête, ne pouvant même pas lever son visage vers le ciel, implorèrent notre vierge, en l’église Saint Remy. " Bientôt, le petit enfant sentit l’assistance de Dieu, fut guéri, et se dressant sur ses pieds, il marcha ! ".
- un père, ayant son fils aveugle, s’en alla dévotement à une procession à la cathédrale, et se recueillit devant la châsse de sainte Mâtie. " Sa prière pas plutôt faite, par la bénignité et l’intercession de la sainte, l’enfant fut réparé ! ".
- 8 jours plus tard, les chanoines chantaient matines, quand un cri perçant retentit dans la cathédrale. Une femme " ses nerfs tirés ne lui permettant pas de marcher sur ses pieds, se traînant sur les genoux, soutenant son corps avec ses mains, avait passé la nuit entière en supplication auprès de la châsse de notre vierge ". Le cri qu’elle avait poussé, lui avait été arraché par la douleur, signe de sa guérison. Ses membres avaient repris leur place naturelle, elle se leva et marcha sans difficulté.
- il y eut encore la guérison d’une femme qui avait " une si cruelle rétractation de nerfs, que ses jambes étaient collées contre les cuisses, et qui se traînait le mieux qu’elle pouvait sur ses genoux, aidée avec ses mains, dans lesquelles elle tenait de petits sabots ".
- et aussi le cas d’un homme paralytique " à la porte de l’église, courbé comme un arc, sa main gauche sèche, sans vigueur naturelle, véritable cadavre, propre à mettre dans le tombeau ". Sur son insistance, des bras généreux le portèrent jusqu’au tombeau de Mâtie, et le firent passer 2 fois en dessous. " Là, son corps paralytique se trouva en une nouvelle santé, tellement que fort aise, il se mit à marcher ! ".
- j’ai trouvé également le récit d’une sourde, puis d’une aveugle venue de très loin, d’un petit enfant de 7 ans contraint de marcher à 4 pattes, d’un jeune homme ayant la main droite " sèche, ses doigts retirés en la paume ", puis 2 petites filles aveugles, un jeune homme venu de Langres et bien d’autres encore.
Tous ces prodiges, effectués en si peu de temps, eurent un grand retentissement à Troyes et dans les villages environnants. La foule se précipita en longs cortèges d’éclopés pour honorer le tombeau de la sainte, afin d’y chercher l’apaisement de leurs maux, et les miracles se firent de jour en jour plus nombreux.
On cite encore le cas d’un homme natif de Toul, qui était " si raccourci d’une partie de son corps, qu’il ne pouvait s’en servir, et faisait pitié à tout le monde qui le voyait. Il avait aussi la jambe si courte qu’il n’en tirait aucun service, contraint de se servir d’une jambe de bois. Il se recommanda à notre sainte, passa une partie de la journée à la cathédrale en oraison, et, après ses soupirs, Dieu l’exauça. Couché devant l’autel de sainte Mâtie, il se sentit réparé à la santé, et se leva aussi sain et gaillard, comme s’il n’avait jamais été incommodé ! ... ...".
En 1606, notre évêque René de Breslay fait ouvrir la châsse et trouve le corps intact, la tête étant séparée du tronc, ce qui accrédite la thèse du martyre. Il y a été incité par un miracle survenu le jour de la fête et dûment constaté : un clerc de la collégiale Saint Etienne, nommé Nicolas Bernaudat, paralysé de tous les membres depuis 4 mois, et reconnu paralytique par les médecins, apothicaires et chirurgiens, est subitement guéri en touchant le tombeau de sainte Mâtie.
Un enfant de chœur, nommé Nicolas Bernaudat, déclaré paralytique par les médecins, apothicaires et chirurgiens, est " divinement guéri de son mal par sainte Mâtie ".
En 1413, Louise Léger vient au pèlerinage, avec " un catharre à la jambe et au pied senestre, qui l’avait rendue si courbée qu’elle ne pouvait étendre le pied ", présente sa jambe gauche " toute enflammée, et que les médecins veulent couper ". Elle est guérie dans la nuit..
En 1414, Edmer Le Clerq et Françoise Patrois repartent sans leurs béquilles...
En 1630, Louis XIII et Anne d’Autriche viennent prier Ste Mathie, et la reine demande une relique.
En 1724, une bénédictine de Notre-Dame aux Nonnains, Madeleine de Mesgrigny, âgée de 35 ans, avait été paralysée pendant plusieurs mois : elle est guérie à la suite d’une neuvaine faite pour elle à sainte Mâtie.
En 1730, cette religieuse retombe malade, et perd l’usage de la parole et de la vue. Une neuvaine au diacre Pâris, lui fait retrouver la vue, la parole et l’usage de ses membres, prodige non expliqué par les médecins.
En 1794, les révolutionnaires brûlent les reliques à l’exception d’une parcelle de sa tête, 2 dents et 1 os de ses pieds.
Notre ermite Jean de Gand, annonce en 1422 au dauphin Charles qu’il aura une descendance masculine et que le premier de ses enfants sera son successeur malgré les anglais et quelques princes de France. Un an après, naît le futur Louis XI. Le bienheureux est enterré dans l’église des Jacobins. Louis XI l’invoque à l’occasion d’une maladie. Guéri, en 1482, il donne au couvent une rente de 500 livres, un drap d’or lors de son exhumation et fait le voyage à Rome pour obtenir sa canonisation. " Sur sa tombe en l’église des Jacobins, il y eut plusieurs beaux miracles sur tous genres de malades ".
Lors du terrible incendie qui ravagea Troyes en 1524, ce n’est que le 3ème jour avec la procession des reliques de saint Loup, de sainte Hélène et de sainte Hoïlde que s’arrête enfin le fléau qui a détruit 3.000 maisons.
" Un pauvre tout perclus par son mal, se fait transporter au tombeau de sainte Hoïlde et est instantanément guéri. Une femme qui est saisie d’une grosse enflure, fièvre continue, un gros apostème qu’elle a au gosier qui la suffoque, abandonnée par les médecins et attendant sa mort prochaine, fait vœu d’aller honorer la sainte. Le même jour elle vomit grande abondance d’ordures de son apostème qui s’épura et aussitôt, elle rendit grâce à la sainte ".
Troyes a une Belle-Croix élevée place de l’Hôtel de Ville. En 1497, sa réputation de miracles se répand, et les pèlerins affluent en si grand nombre pour demander guérison, que l’on ne peut plus circuler sur la place. Le 9 juin 1500, le lieutenant-général et l’avocat du roi rencontrent le maire et font des remontrances en raison de " la grande affluence du peuple qui se tient surtout depuis trois semaines autour de la Belle-Croix, de jour et de nuit, pour avoir santé et guérison, et est en si grand nombre que l’on ne peut passer ni circuler sur la place. Cette assistance y fait ses ordures et immondices, tellement qu’il s’y engendre si grande punaisie et infection qu’on n’y peut plus durer ; plusieurs filles et femmes sont en danger d’y être déflorées, perdues et gâtées ; divers vols ont été commis, de grands inconvénients surviennent par mauvais garçons, qui, nuitamment, hantent et fréquentent la place de la Belle-Croix… ". Dans le cours de l’été 1561, on raconte qu’à la Belle-Croix, pendant trois semaines, il y a de grands miracles. Souvent l’eau suinte à grosses gouttes, de telle manière qu’elle peut être recueillie, et grâce à elle, des boiteux, des fiévreux sont guéris, des sourds entendent, des muets parlent, des aveugles recouvrent la vue…
Saint Gengoult, patron des maris trompés, est prié dans plusieurs communes de l’Aube. Lors de sa fête, se fait un pèlerinage où les pèlerins font provision d’eau de la fontaine qui guérit les fièvres et les maux d’yeux des enfants. Les mères trempent leurs enfants dans la fontaine pour les prévenir des fièvres. A Chassericourt, la fontaine de Saint Gengoult est pétrifiante et guérissait les maladies de la peau (eczéma, écrouelles).
Le dernier pèlerinage de l’Aube où il y a encore de l’eau, est celui Notre-Dame-du-Chêne, près de Bar-sur-Seine.
Une ancienne croyance troyenne dit que l’eau puisée le jour de la Saint-Jean, entre minuit et le lever du soleil, est considérée comme guérissant toutes les maladies.
De nombreux souvenirs attestent du culte ancien rendu à l'eau pure de nos sources auboises. Ce sont de belles histoires qui disent comment la source est née et le pourquoi des bienfaits que lui attribuent les fidèles, ainsi que les vertus miraculeuses de certains puits, par les mérites de martyrs dont le corps y a été précipité, comme saint Balsème à Arcis.
Les sources auboises guérissaient la fièvre à Dierrey, Dosches ou St-Jean-de-Bossenay. On soignait son estomac à Colombé, se débarrassait de ses coliques à Montreuil et Valmlant-St-Georges, on calmait ses maux de dents à Fontenay-de-Bossery, tempérait son foie à Bar-sur-Seine, débloquait ses reins à Rilly-Ste-Syre et Montceaux. Les rhumatisants allaient à Bar-sur-Seine ou Cunfin, les nerveux à Brienne ou Pel-et-Der. Qui craignait le choléra ou la peste, s'adressait à saint-Jean de Brienne. L'enflure trouvait remède à Neuville-sur-Vanne ou à Nozay. Saint Clair de Vaudes et de Loussey, sainte Anne à Cunfin, sainte Reine à Isle-Aumont, saint Quentin à Nozay, conservaient ou redonnaient la vue. La fontaine de la Creuse guérissait l'impétigo, celle de saint Eutrope, les personnes souffrant d'hydropisie.
Cliquez également sur " Rumilly-les-Vaudes "
Aujourd’hui encore, des millions de personnes affirment avoir eu l'expérience personnelle d'un miracle.
Chers lecteurs, si vous aussi avez été témoin de miracles, contactez moi.
Sur le bandeau du bas de chaque page, vous cliquez sur "Plan du site", qui est la table des matières, et vous choisissez le chapitre qui vous intéresse.
Cliquez sur "Nouveaux chapitres" vous accédez aux dernières pages mises en ligne.