Les archives du prieuré de Belroy sont assez bien conservées aux Archives départementales.
Les religieux de Belroy étaient des chanoines réguliers de l’Ordre du Val-des-Ecoliers, fondé près de Chaumont dans le val de Verbiesle.
Les constitutions du Val-des-Ecoliers furent approuvées, en 1212, par Guillaume de Joinville, évêque de Langres, et, en 1218, par le pape Honorius III. Ces constitutions n’étaient autres que la règle de Saint Augustin, interprétée par quelques règlements particuliers.
Les chanoines du Val-des-Ecoliers s’appliquaient à l’Office du Chœur, à la méditation et à l’étude. Ils étaient vêtus de serge blanche, et, au choeur, de surplis, avec l’aumusse de peau d’agneau noir. Ils ne vécurent que de maigre jusqu’au chapitre de 1304, qui permit l’usage de la viande dans tous les prieurés de l’Ordre.
Pendant plus de 300 ans, le prieur du Val-des-Ecoliers, quoique supérieur des autres prieurés et de l’Ordre tout entier, porta simplement le titre de prieur. C’est le pape Paul III qui accorda, le 13 mai 1539, au prieur du Val-des-Ecoliers le titre d’abbé pour lui et ses successeurs, ainsi que le privilège des ornements pontificaux.
Les prieurs, ensuite les abbés de l’Ordre, étaient élus à perpétuité par tous les religieux de la maison du Val-des-Ecoliers, en présence des prieurs de Bonneval, de Belroy et de Spineuse-Val, des premières filles du Val-des-Ecoliers.
Le 22 juillet 1636, le Val-des-Ecoliers passa un concordat avec les Chanoines réguliers de la Congrégation de France (Génovéfains), pour la réunion des 2 ordres.
A peine établi, en 1212, le prieuré du Val-des-Ecoliers envoyait une première colonie de chanoines, dès 1214, fonder le prieuré de Bonneval, près de Dijon.
En 1217, 7 chanoines, avec leurs livres d’office, selon les constitutions de l’Ordre, arrivaient dans nos contrées pour fonder le prieuré de Belroy, au lieu dit Puroy, village près du « castrum » de Bligny, dans la seigneurie de Chacenay. Les 7 chanoines du Val-des-Ecoliers étaient appelés par Raoul, chevalier de Puroy.
Le fief de Puroy eut pour seigneurs au XIII° siècle : Raoul et sa femme Méligne (1217-1242), Joffroy fils de Mme Méligne, Henri fils de Joffroy (1296).
Dès qu’ils furent établis à Puroy, les religieux du Val-des-Ecoliers transformèrent le lieu qu’ils habitaient de telle sorte que « Puroy » fut appelé « Biauroy » dès 1218.
Le chevalier Raoul et Méligne, du consentement de Guillaume de Joinville, évêque de langres, installèrent les nouveaux religieux à côté de la chapelle de Puroy, et augmentèrent les revenus de cette chapelle par des donations qui furent ratifiées par Erard II, seigneur de Chacenay. En prenant possession de la chapelle de Puroy, les chanoines s’engagèrent à y faire le service divin, tel qu’il se faisait avant leur arrivée. La partie de la grosse et de la menue dîme, canoniquement afférente au service de la chapelle, leur fut attribuée. Ils percevaient aussi les offrandes et tout autre casuel dans la chapelle de Puroy, mais c’était à la condition de donner, tous les ans, 50 sous provinois au curé de Bligny.
Le prieuré de Belroy-les-Bligny n’atteignit pas de grands développements, comme il ressort de 7 chartes qui renferment les donations.
De 1221 à 1225, les chanoines de Belroy-lès-Bligny possédaient à Bar-sur-Seine des droits sur les moulins du pont de la trinité, avec droit de couper dans les bois de Bar-sur-Seine les matériaux nécessaires aux réparations des moulins et de l’écluse. Cette donation avait été faite par Pétronille de Bar-sur-Seine, dame de Juilly et de Champlost, veuve de Gui de Chappes. A cette époque, Thibaut IV, comte de Champagne, possédait le comté de Bar-sur-Seine.
En 1225, les chanoines de Belroy-lès-Bligny se disposent à quitter le lieu qu’ils habitaient, pour transporter le siège de leur prieuré près les bords de l’Aube, non loin de Bar, sur le finage de Bayel.
En avril 1225, Erard II de Chacenay accordait aux chanoines de Belroy la faculté de transporter leur siège de leur prieuré dans la vallée de Jonchères. Mais, parce qu’il avait déjà donné aux religieux de Clairvaux certains droits sur cette ville et sur ses domaines voisins, il fallut en venir à une transaction. Les chanoines s’engagèrent à ne pas dépasser le nombre de 16 frères, avec les domestiques, à n’avoir pas plus de 30 vaches ou veaux. Dans le cas où ils aliéneraient plus tard leur habitation, ils ne pourraient le faire sans le consentement des religieux de Clairvaux. Cet arrangement est signé par Abraham, prieur de Belroy-lès-Bligny, Richard de Narcy, 2° prieur du Val-des-Ecoliers, Raoul, abbé de Clairvaux.
Les constructions de Belroy-sur-Aube furent commencées en 1225. Après avoir quitté Belroy-lès-Bligny, les chanoines firent un arrangement scellé en octobre 1234, par Robert de Torote, évêque de Langres : en reconnaissance des bienfaits dont la chapelle Sainte-Marie de Puroy avait été pour eux la source, et désirant que le service divin y fût continué comme avant leur établissement dans la contrée, ils concédèrent à perpétuité cette chapelle à Mathieu, curé de Bligny et à ses successeurs. La chapelle de Puroy continua donc à être desservie par le curé de Bligny, comme avant 1217.
En janvier 1232, Lambert Bouchu, chambrier de Thibaut IV, comte de Champagne, fournit l’emplacement du nouveau prieuré, qui s’appellera « Belroy-sur-Aube ». Lambert Bouchu fixa par des bornes le nouvel emplacement de Belroy dans sa terre, entre Bayel et le pont Boudelin, sur l’Aube, aux confins de la vallée de Jonchères.
Belroy-sur-Aube n’atteindra jamais une grande prospérité temporelle. La propriété mobilière et immobilière de Belroy a commencé et s’est développée sous l’influence de la charité chrétienne, n’ayant pratiquement que des donations sous diverses formes.
Depuis ses premières origines jusqu’à la Révolution, le prieuré de Belroy fut administré par des prieurs, soit réguliers, soit commendataires.
Le prieuré avait trois religieux en 1541, sept en 1603, il était en commende depuis le concordat de François Ier et était encore conventuel en 1714.
Dès 1739, Pierre-Antoine Boudard, prieur commendaire du prieuré royal de Notre-Dame de Belroy expose à l’évêque de Langres que les bâtiments dudit prieuré tombant en ruine depuis plusieurs années, et particulièrement l’église et le clocher qui menacent une ruine prochaine, pour parvenir à les réparer il a été obligé de faire constater l’état de lieux par un procès-verbal et rapport d’experts et par le procureur du Roi en décembre 1738. Ces derniers ont estimé qu’il était nécessaire « pour le bien et utilité dudit prieuré et prévenir du désordre inévitable dans lesdits bâtiments et église, en les faisant réparer ». L’évêque de Langres autorisa le démantèlement de l’église.
Lors de la Révolution, il fut saisi comme bien national et vendu pour 52.0000 livres, le 8 avril 1791 au citoyen Jacob de Montloisir.
Que reste-t-il de l’ancien prieuré de Belroy ?
La commende a été une cause universelle de décadence et de ruine, non seulement pour la discipline religieuse, mais encore pour le temporel et les édifices des abbayes et prieurés (dans le régime de la commende, un ecclésiastique, abbé ou prieur « commendataire », ou un laïc tient une abbaye ou un prieuré in commendam, c'est-à-dire en percevant personnellement les revenus de celui-ci, et, s'il s'agit d'un ecclésiastique, en exerçant aussi une certaine juridiction sans toutefois la moindre autorité sur la discipline intérieure des moines).
Aujourd’hui, on trouve encore dans l’ancien prieuré de Belroy, transformé en établissement agricole : 1 cellier du XIII° siècle, qui se compose de 2 nefs, chacune de 2 travées de 8 mètres de long sur, 7,40 m de largeur, 4,15 m de hauteur, et une piscine du XIV° siècle, seule partie conservée de l’ancienne chapelle, une pièce voûtée en berceau, servant autrefois de sacristie, de 4 m de hauteur, 5,60 m de longueur, 4,90 m de largeur, enfin une autre pièce également voûtée et attenant à la précédente, de 4 m de hauteur, 8 m de longueur, 1,75 m de largeur. Une portion de cette dernière pièce servait autrefois de prison. Dans les bâtiments d‘habitation, on voit aussi quelques baies datant du XIII° siècle.
Il reste aussi une statue qui est abritée en l'église paroissiale.
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