Fondé en 1134 par le comte Thibaud II aux portes de Troyes (Saint-Parre-aux-Tertres), le prieuré de Foissy, sous le vocable de Notre-Dame, appartenait à l’ordre de Fontevrault.
Suivant la coutume de cet ordre, il comportait 2 communautés, l’une d’hommes, l’autre de femmes, ayant chacune son église, ses bâtiments claustraux et son jardin. La première, celle des hommes disparut en 1484, mais la seconde a subsisté jusqu’à la Révolution, et elle était un des rares prieurés demeurés conventuels. La prieure la plus anciennement connue (1155) était la veuve d’Anseau 1er de Traînel. Non seulement, Anseau appartenait à l’une des plus illustres familles champenoises (son fils Anseau II, fut bouteiller de Champagne sous Henri le Libéral) mais il se signala par d’importantes libéralités envers divers établissements religieux du diocèse, parmi lesquels l’abbaye de Saint-Loup dont un de ses petits fils fut abbé, et surtout la seconde des maisons religieuses, l’abbaye très intellectuelle du Paraclet. En 1792, il reste 22 religieuses avec un revenu de 11.000 livres. En 1793, vente du prieuré de Foissy. Les Bénédictines sont accueillies rue de la Petite Tannerie (aujourd’hui rue Charles Gros).
En 1873, l’abbé Etienne Georges de Troyes, « membre de plusieurs société savantes », visite l’ancien prieuré de Foissy : « Je me reposais un jour de promenade, au bas de la colline de Saint-Parres, près du superbe pont de pierre sur lequel passe la route nationale de Troyes à Bar-sur-Aube, lorsqu’il me prit la fantaisie de visiter les ruines de l’ancien prieuré de Foissy. Je m’acheminai le long de la rive gauche de la Seine et j’arrivai dans l’allée de l’ancien prieuré de Foissy, à quelques pas de la grille d’entrée. Cette magnifique porte, que surmonte un bel écusson aux armes de la maison prieurale était ouverte à deux battants. J’avançai dans la cour où les granges, les écuries, les étables, tous les bâtiments d’une exploitation agricole, ingénieusement combinée et symétriquement distribuée, annonçaient une culture intelligente et considérable. Je visitai ce vaste domaine qui, à l’époque de l’introduction du christianisme dans le pays des Tricasses, avait servi d’ermitage à un jeune néophyte de noble extraction. Patrocle, c’était le nom du nouveau converti, appartenait en effet, à l’une des familles gallo-romaines les plus influentes de la vieille cité troyenne. Pour approfondir son christianisme, il souhaita trouver quelque gite où il lui serait loisible de se dérober à tous les regards et de vivre loin des bruits du monde. La contrée de Foissy, alors isolée de la capitale des Tricasses par des bois et des marécages, lui présentait tout naturellement une solitude en parfaite concordance avec ses goûts de vie d’abnégation et d’obscurité. Il s’y retira furtivement dans une villa dont il avait hérité. Nul bruit du monde n’arrivait dans cette demeure enveloppée de verdure et d’eau. Nul écho profane ne retentissait dans ce tranquille ermitage, si ce n’est celui des fêtes païennes du coteau voisin où les flamines d’Auguste avaient érigé des autels. Les abords de cette habitation étaient difficiles et périlleux, surtout en automne et en hiver. L’amitié chrétienne, seule, soutenait le courage des fidèles qui affrontaient tous les obstacles pour voir et entendre le pieux et noble ermite, avec une humeur douce, une affabilité peu commune, une parole éloquente et persuasive. Toutes les populations d’alentour l’écoutaient comme un oracle et le vénéraient comme un thaumaturge. Aurélien gouverneur des Gaules s’alarma de l’influence toujours croissante des pèlerins qui, attirés par la renommée des miracles et des aumônes de Patrocle, accouraient à Foissy. Il lui fit trancher la tête (voir le chapitre Saint-Parre). Pendant plusieurs siècles une humble chapelle, érigée à Foissy par des mains pieusement reconnaissantes, rappela le souvenir de cette fin tragique, en abritant glorieuse dépouille du martyre troyen. Les comtes de Champagne Thibaud-le-Grand et Henri-le-Libéral y fondèrent dans le XII° siècle un couvent de religieuses hospitalières, sous le patronage de la Sainte-Vierge et sous la règle de Saint-Augustin. Ces charitables filles s’unirent aux bénédictines de Fontevrault. En 1501, frère Olivier Maillard, vicaire général des Franciscains de France expédia au prieuré de Foissy certains privilèges qu’il avait obtenus du légat en faveur de cette maison.
En 1544, les bâtiments, incendiés avec la plupart des titres, furent rétablis avec l’aide des aumônes d’un jubilé ordonné à cet effet par le Souverain Pontife.
En 1688, Mme de Bourbon, abbesse de Fontevrault, y envoya une partie des reliques de sainte Radegonde, reine de France. Les populations environnantes venaient en foule les vénérer le lundi de Pâques. C’était une des fêtes chrétiennes les plus populaires des alentours de Troyes.
La Révolution a jeté bas l’ancienne maison prieurale, et dispersé les cendres de ses vénérables mères. La loge du jardinier, le colombier des sœurs, les bâtiments des pères, la chambre où l’on cuisait le pain destiné aux pauvres des environs, un magnifique lierre qui couvre le vieux pan de murailles encore debout le long de la Seine, une pierre tombale, malheureusement mutilée, où l’on déchiffre à moitié l’inscription funéraire d’une abbesse, une plaque de cheminée où l’on voit représenté en relief le martyre de Saint-Parre, voilà tout ce qui reste des bénédictines de Foissy ».
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