Ce fascicule de 95 pages, édité à Troyes en 1822, dont je possède un des seuls exemplaires connus, est écrit par J.-B. De La Salle, prêtre.
Très, très édifiant ! ! Ah, si tous les parents pouvaient aujourd’hui en faire leur livre de chevet, tout au moins en prendre connaissance !!
Je n’en donnerai que quelques extraits.
« La première partie de cet ouvrage traite de tout ce qui a rapport à la propreté et au maintien du corps : on y apprend quelle est la situation la plus honnête, la plus commode. On ne saurait s’y prendre trop tôt pour obliger les enfants à prendre une démarche également aisée et modeste, à éviter les gestes ridicules, affectés, immodestes et grossiers, et à se familiariser avec cet air décent et commode qui prévient et plaît dans un monde poli.
La propreté contribue à la santé du corps, motif seul capable d’engager les enfants à observer tout ce qu’on leur prescrit à ce sujet. Mais elle est encore une preuve sans réplique que l’on aime l’ordre, surtout quand elle est renfermée dans ses justes bornes. Et cet amour de l’ordre annonce à son tour une droiture de cœur bien propre à fortifier les sentiments de Religion. La malpropreté au contraire désigne le désordre qui règne dans l’âme, et par conséquent peu d’amour de la piété. C’est dans l’âge le plus tendre qu’il faut inspirer ce qui rend les enfants civils et honnêtes. Les premières impressions ne s’effacent presque jamais, et s’il arrive que l’on oublie quelquefois les préceptes d’une bonne éducation, la réflexion tôt ou tard l’y ramène. On reconnaît toujours, à travers les dérèglements même d’un jeune homme, l’effet des leçons de politesse qu’il a reçues dans son enfance. D’ailleurs, ces soins de propreté, tournés en habitude, deviennent presque naturels. On sent même alors une espèce de répugnance à les omettre.
Les leçons contenues dans la seconde partie sont intéressantes, car elles ont pour objet les actions les plus ordinaires : le lever, le coucher, les repas, la conversation, les divertissements, le langage, et toutes ces choses, exigent des règles et une attention réfléchie à les observer : ces règles sont prises dans la nature même de l’homme, elles tendent uniquement à la perfection de son être.
Le sommeil est nécessaire quand il est pris avec ordre, avec modération, il devient nuisible à la santé, dès qu’il est prolongé au-delà de ses justes bornes. La nourriture de l’homme doit toujours être proportionnée à son tempérament et à ses besoins. Les enfants, plus que les autres, ont besoin d’une règle dans une action qui les rend souvent onéreux à eux-mêmes et à ceux qui sont chargés de leur éducation, ils se pardonnent toutes sortes d’excès en ce genre, parce qu’ils n’en conçoivent ni n’en prévoient les conséquences.
L’homme est né pour la société, pour vivre et converser avec ses semblables. Il doit donc conduire les devoirs que lui prescrivent la Religion, l’honneur et la raison dans les conversations, dans les visites qu’il rend ou qu’il reçoit, en un mot, dans toutes les occasions où il doit se trouver en société. La prudence des manières, la circonspection dans les discours, l’honnêteté dans les propos, les égards envers ses supérieurs et ses égaux, la patience et la douceur avec les esprits difficiles, une charité constante dans les circonstances fâcheuses, une attention soutenue à ne blesser ni la réputation des absents par des médisances malignes ou des rapports désavantageux, ni la modestie des personnes présentes par des éloges déplacés, par une fade adulation, une exacte vigilance sur ses regards, ne les portant jamais sur des objets licencieux, sur ses paroles, ne s’entretenant jamais de sujets obscènes, évitant toute espèce de raillerie capable de blesser même indirectement la charité : voilà en raccourci ce que les enfants doivent apprendre d’une manière plus détaillée dans cette Civilité, et le graver si profondément dans leur mémoire et dans leur cœur, qu’il ne s’en efface jamais. Quoique l’homme soit irrévocablement condamné au travail, sans que sa condition puisse l’en dispenser, le Seigneur, toujours équitable dans ses plus sévères arrêts, permet à l’homme coupable le repos nécessaire à la réparation et à l’entretien des forces du corps. Mais le repos n’est légitime, qu’autant qu’il est subordonné à la nécessité : de là vient que tout divertissement qui s’écarte, dans son objet ou dans sa durée, des vues de Dieu, est un véritable péché, et souvent la source d’une infinité de crimes qui ne nous effraient si faiblement, que parce qu’ils ont été confondus avec les usages dangereux d’un monde pervers. Il était donc de la dernière importance de donner sur cet article des leçons détaillées à la jeunesse, naturellement portée vers le plaisir, et trop souvent incapable de modération et de sagesse dans son usage ».
Dans les 23 chapitres détaillés, il y a par exemple : De la manière de bâiller et de cracher, De la manière de s’habiller et de se déshabiller…
Pour terminer, il y a un traité d’orthographe concernant 490 mots qui ont une même prononciation et diverses significations, comme par exemple : abaisse cette table et abbesse de couvent, ancre de navire et encre pour écrire, appât amorce et appas charmes, encens pour parfumer et en cent morceaux, laid que tu est laid et lait du lait, sol la terre et sole le poisson, trois ou quatre et Troyes la ville…
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