Honoré de Mauroy, seigneur de Verrières, conseiller du roi en ses conseils d’état et privé, secrétaire de sa maison, couronne de France et de ses finances, se trouvait en Provence en 1595, où il exerçait les fonctions de trésorier général.
Fils de Jacques de Mauroy et de Nicole le Tartrier, il appartenait à une famille ancienne de Troyes. Fidèle aux traditions patriotiques de ses ancêtres, qui avaient doté Troyes de l’hospice de la Trinité, il n’oubliait ni notre ville, ni sa paroisse, et il envoya en 1617, à la paroisse Sainte-Madeleine où il avait été baptisé, une précieuse relique.
Honoré de Mauroy avait rendu service aux moines de Saint-Maximin, gardiens du corps de sainte Madeleine, et il avait obtenu quelques uns de ses cheveux avec certificat authentique.
Frère François Agarrat, Prieur du Couvent royal et Eglise de Sainte Marie-Madeleine, fondée à Saint Maximin en Provence (Var) et le Consul de cette ville, Barthazard Mayolli, ayant tous deux les clefs pour la garde et conservation des saintes reliques, certifièrent que pour satisfaire au désir et dévotion de Monsieur de Mauroy, Conseiller et Secrétaire du Roi et Trésorier général de France en Provence, ils lui donnèrent, le 25 avril 1595, quelque petite quantité des cheveux de la glorieuse sainte Marie-Madeleine, qui sont ceux mêmes desquels elle a touché les pieds de Jésus Christ. Ils les mirent « de leurs propres mains dans une enveloppe en papier, avec leurs signatures et le cachet de leurs armoiries, afin que personne n’en doute, et qu’il puisse lui être porté une grande dévotion ».
Le sieur de Mauroy se proposait de porter lui-même à Troyes les reliques qu’il avait obtenues, mais étant empêché, il chargea sa sœur, par lettre du 22 juin 1617, de les offrir au curé de la Madeleine : « Durant mes années passées en Provence, j’ai souvent visité le rocher et le couvent où la sainte Madeleine a fait sa pénitence, qu’on appelle au pays la Sainte Baume, Roc de la Miséricorde, haut lieu de pèlerinage, où il se voit quantité de ses cheveux, miraculeusement conservés.
Les supérieurs Dominicains ont chacun des clefs différentes, pour ne pas y aller les uns sans les autres, afin que ces reliques soient plus sûrement gardées.
Tous ces gens sont mes amis, et me sont obligés. Ils ont bien voulu me donner quelques uns des cheveux de cette Sainte pour les remettre à ma paroisse de Troyes dédiée à la mémoire de cette Sainte, à laquelle j’ai toujours eu pure dévotion.
Afin que la chose soit plus dignement reçue, vous ferez faire une boîte en argent doré, avec cristal, soutenue et relevée d’un petit pied, dans laquelle l’on pourra mettre lesdits cheveux, et je vous envoie 50 livres à cet usage. Je ne désire pas que mon nom soit mis en avant dans cette paroisse. Si j’ai tant tardé à me décharger de ces reliques, c’est parce que je voulais le faire moi-même. Je supplie Dieu de vous conserver au désir de votre humble frère et serviteur ».
Quelques jours plus tard, le sieur de Mauroy reprit la plume et ajouta sur la quatrième page de sa lettre : « Mademoiselle ma sœur, il y a plusieurs jours que je vous ai écrit cette lettre, laquelle j’ai tardé à vous l’envoyer, car je me suis résolu de faire ici le reliquaire pour y conserver ces cheveux. Je l’ai donc fait achever, en ayant donné un dessin personnel. Il est d’argent doré, les côtés non soudés, pour qu’ils puissent s’ouvrir, pour y mettre lesdits cheveux. J’ai dit à l’orfèvre qu’il mette nos armoiries au pied dudit reliquaire. Je confie le tout au Père Corrardin, qui s’en va reprendre sa place de gardien aux Cordeliers de Troyes, et je le prie d’avoir toujours soin de vous ».
Comment furent remplies les pieuses intentions du donateur ?
En voici le procès-verbal : « Le 20 juillet 1617, à 9 h du matin, nous Claude Vestier, prêtre, doyen et chanoine de l’église de Troyes et grand vicaire, Messire René de Breslay, conseiller et aumônier du Roi, évêque de Troyes, nous sommes adressés à noble homme Maître Nicolas Regnier, conseiller en la Prévôté de Troyes et Joseph Collinet, marchand, demeurant à Troyes, Marguilliers de l’église Sainte Marie Madeleine de Troyes, et noble homme Denis Rochereau, sieur de Hauteville, lesquels nous ont fait entendre que noble Seigneur Honoré de Mauroy, ayant par sa faveur obtenu du frère François Augerrat, Prieur du couvent de Ste Marie Madeleine, en la ville de Saint Maximin en Provence, et de Messire Barthazard Mayolli, Consul de ladite ville, quelque petite quantité des cheveux de Marie Madeleine, étant dans un reliquaire, avec intention de les donner à l’église Sainte Madeleine de Troyes. Le paquet a été confié entre les mains de frère Edme Corrardin, Docteur en théologie et Gardien du couvent des Cordeliers de Troyes, et déposé en la sacristie. Ayant reconnu les signatures et sceaux et cachets du paquet en entier, avons convoqué et assemblé les religieux du couvent et fait allumer cierges et flambeaux, avec les chanoines des autres églises de Troyes et plusieurs nobles du bailliage de Troyes, ainsi que plusieurs habitants, nous avons trouvé les cheveux, les avons mis dans le reliquaire et remis entre les mains du curé Latrecey pour être par lui et les marguilliers mis au trésor de l’église Sainte Madeleine… ».
Sur l’inventaire des reliques de la Madeleine, du 6 octobre 1702 est décrit le reliquaire donné par Honoré de Mauroy : « 7°, un cristal rond enchâssé en argent doré, au haut duquel il y a une image de Sainte Marie d’argent doré, avec un pied d’argent doré, dans lequel cristal sont des cheveux de Sainte Marie Madeleine ».
L’inventaire du 23 septembre 1720 le décrit à peu près dans les mêmes termes.
On ne sait pas, faute de détails
suffisants, si ce reliquaire, pesant 109 marcs 7 onces 4 gros, figure parmi les pièces d’argenterie provenant de Saint-Remi et de Sainte-Madeleine, envoyées à Paris le 21 novembre 1792.
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