Religieux et Saints de l'Aube



Elisabeth Vérollot


Georges Bernanos, dans son « Dialogue des Carmélites » a rendu célèbres ces Carmélites de Compiègne, martyres de la Révolution dont l’une était auboise.

 

         Le décret du 13 Février 1790 ordonnait la dissolution des ordres monastiques et la dispersion des religieuses qui recevaient une modeste pension en compensation de la confiscation des biens de leur communauté.

 

         Comme les autres, les Carmélites de Compiègne durent quitter leur couvent, et se retirer dans leur famille ou se regrouper dans des maisons d’asile et d’assistance.

 

La plupart choisirent de continuer discrètement la vie commune en s’installant par groupes de 5 ou 6 dans des maisons privées.

 

Ainsi, notre auboise, sœur Etiennette-Jeanne, se retrouva avec 5 compagnes dans un immeuble de la rue Neuve, essayant d’y continuer paisiblement sa vie religieuse.

 

         Une visite domiciliaire en 1794, fit découvrir des papiers compromettants. Sur ordre du Comité de salut public de Compiègne, les 16 carmélites furent arrêtées le 25 juin 1794. D’abord internées à Compiègne, elles furent transférées à Paris le 10 juillet, et trouvèrent asile dans les cachots de la sinistre Conciergerie.

 

Mais bientôt, fut rédigé un acte d’accusation :   

 

« L’an second de la République une et indivisible, le 29 messidor (17 juillet 1794), à la requête du citoyen accusateur Fouquier-Tinville près le Tribunal Révolutionnaire, établi à Paris par la loi du 10 mars 1793, sont condamnées à mort les nommées Lidoine, Pellerat, Vérollot…soit 16 religieuses carmélites, prévenues de fanatisme ».

 

Elles furent condamnées pour s’être faites ennemis du peuple « en formant des rassemblements et conciliabules contre-révolutionnaires, en entretenant des correspondances fanatiques, en conservant des écrits liberticides, ainsi que les caractères de ralliement des rebelles de la Vendée » (des images du Sacré-Cœur).

 

Parmi ces femmes pour l’échafaud, il y avait une auboise, de Lignières, Elisabeth Vérollot, une bonne fille de la campagne, peu instruite. Elle avait grandi au milieu des travaux de la ferme :

 

Nom de religion : Sœur Etiennette-Jeanne de Saint François Xavier.

 

Nom de famille : Elisabeth Juliette Vérollot.

 

Née le : 12 janvier1764. Baptisée le même jour, à Lignières (Aube).

 

Entrée au Carmel : 17 janvier 1787. Prise d’habit : 9 février 1788.

 

Voeux : 11 janvier 1789.

 

Signalement : Taille : 5 pieds (=1 m,60 environ), cheveux gris, sourcils bruns, yeux bruns, nez ordinaire, bouche moyenne, front ordinaire, visage rond.

 

Les sœurs entendirent la sentence de mort dans la même salle du Palais où Saint Louis avait tenu ses audiences publiques.

 

Elles descendirent vers la cour des femmes, vêtues de leur manteau de chœur.

 

Elles furent chargées sur des charrettes, les mains liées derrière le dos. Elles firent le trajet de la Conciergerie, jusqu’à la barrière du trône, l’actuelle place de la Bastille, où les attendent le maître bourreau, derrière une haie de soldats, et des gens venus pour « voir ».

 

Arrivées au pied de l’échafaud, les religieuses entonnent le Veni Creator. La foule se tait, alors que d’ordinaire des vociférations accompagnaient le sinistre ballet de la guillotine.

 

L’une après l’autre, elles renouvellent leurs vœux de religion, et après avoir baisé la statuette de la Sainte-Vierge, les sœurs montent à l’échafaud, à commencer par la plus jeune.

 

On entend le choc de la bascule, le bruit de la lunette, la chute du couteau.

 

La tête tombe dans un sac de cuir.

 

Les corps, tout habillés sont jetés dans un grand tombereau peint en rouge où pêle-mêle, tout nage dans le sang.

 

Elles furent inhumées dans une fosse commune du cimetière Picpus.

 

Dix jours après l’holocauste, Paris se débarrassait des jacobins et envoyait Robespierre à la guillotine (le 9 thermidor).

 

Le 27 mai 1906, Saint Pie X béatifie les martyrs du Carmel.

 

Leurs noms sont gravés sur une plaque de marbre posée en 1898 sur le mur qui entoure la fosse commune.

 

Une autre plaque, dans l’église de Lignières, rappelle depuis 1994, le baptême de la bienheureuse Etiennette-Jeanne Vérollot, la plus illustre enfant du village.  

 

(Voir mon chapitre « Carmélites et le Tribunal »).

 


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