Religieux et saints de l'Aube



Bienheureux Louis Brisson


Louis Brisson naît à Plancy le 23 juin 1817.

Il entre à quatorze ans au Petit Séminaire de Troyes, puis au Grand Séminaire.

Ce jeune séminariste, au cœur ardent, à l’esprit inventif, est ordonné prêtre en 1840.

Professeur au Grand Séminaire, il est aussi chargé du catéchisme et d'autres cours auprès des jeunes filles du Pensionnat de la Visitation.

Il est aumônier de la Visitation, durant 44 ans et est fortement influencé par la supérieure, Mère Marie de Sales Chappuis.

La bonneterie emploie en 1846, 36.313 ouvriers, dont 21.402 femmes et enfants. Troyes est alors le principal centre français de la bonneterie, et a le monopole des belles fabrications. Les fillettes et adolescentes viennent de la campagne pour gagner quelques deniers, et se trouvent exposées à tous les dangers, soit dans les galetas où elles s’entassent pour ne pas être à la rue, soit à l’intérieur même de la fabrique. La main d’œuvre féminine des usines est touchée par la dépravation morale qu’engendre la misère.

En 1858, le père Brisson fonde pour les jeunes ouvrières l’œuvre Saint-Jean, rue des Terrasses.

Très attentif aux besoins de la classe ouvrière, il travaille avec les directeurs d’usine. S’il le faut, il "construit ses propres ateliers, se procure ou fabrique ses machines, forme ses ouvriers, organise ses comptoirs de vente et répartit les bénéfices entre les ouvriers dans la plus grande coopérative encore jamais risquée…". Exemple d’une belle audace, à son époque, qui le fait qualifier d’" original entêté ".

Aux Tauxelles, l’Œuvre Saint-Rémy bénéficie de l’aide des frères Hoppenot, entrepreneurs textiles adeptes du catholicisme social. En 1869, à leur initiative, la construction d’un foyer, comprenant dortoirs, réfectoire et buanderie, permet l’accueil des jeunes ouvrières de leur filature voisine. Celles-ci peuvent habiter au foyer ou n’y venir que pour la détente.

Pour en assurer le fonctionnement, le P. Brisson fonde d’abord la Congrégation des Sœurs Oblates de Saint François de Sales.

La première Supérieure, la Mère Léonie Aviat (canonisée en 2001) est la co-fondatrice, le 18 avril 1866, de ces Oblates de Saint François de Sales qui, à côté de leur Oeuvre pour jeunes filles, au faubourg Croncels, prennent la direction de l’école ouverte par le curé de Sainte-Savine.

Les deux fondateurs rejoignent la pensée primitive de Saint François de Sales : s’occuper des pauvres, des malades et de l’instruction de la jeunesse.

En 1868, à la demande de Mgr Ravinet, évêque de Troyes, l’abbé Brisson prend en charge l’école Saint-Étienne qui ne compte plus que cinq élèves et croule sous les dettes.

En 1869, le chanoine Brisson crée le collège Saint-Bernard. En 1871, il le transforme en collège secondaire Saint-Bernard. L’établissement migre de la rue des Gayettes vers les Terrasses, puis rue de la Mission dans une maison appelée " Ma Campagne ". Il ne compte alors que 12 élèves et trois ou quatre prêtres séculiers, associés sous le nom d’Oblats de Saint-François-de-Sales, chargés des cours. L’abbé Brisson enseigne entre autres cours, la cosmographie. L’afflux d’élèves amène des agrandissements. Vers 1875, le collège est dédoublé. Il donne naissance au Petit-Collège, ou externat primaire Saint-Bernard, installé à Troyes, qui compte 72 élèves en 1879. À Saint-André, le " Grand Saint-Bernard " reçoit les internes : 220 en 1879.

Le 30 octobre 1868, Léonie Aviat reçoit l’habit de la nouvelle congrégation, et prend le nom de Sœur Françoise de Sales.

Le 18 octobre 1873, Louis Brisson fonde les Oblats de Saint François de Sales.

Pour son fondateur le rôle de ces prêtres est en premier lieu l’éducation de la jeunesse. " Il faut former nos élèves suivant les principes de Saint François de Sales et en faire des chrétiens fondés sur le détachement d’eux-mêmes " dit-il.

En 1893, ouverture rue des Terrasses des " Cours Saint-François de Sales " pour les jeunes filles, afin de répandre dans les différentes classes de la société l'esprit et la doctrine du saint évêque de Genève.

Les lois de "séparation de l’Etat" de 1904 imposent en France la fermeture de toutes les œuvres, la dispersion des Oblats et Oblates dans toute l’Europe, entraîne la spoliation des biens de leur congrégation. Ce fait permet la création de communautés en Allemagne, Autriche, Suisse, Hollande et Italie.

Les sœurs oblates, sont par la suite réimplantées en France où leurs œuvres sont nombreuses dans le secteur éducatif et social, tout particulièrement dans le diocèse de Troyes. En 1904, les Oblates sécularisées ouvrent pour la jeunesse féminine, un Cours Sévigné-Fénelon. En 1906 le Collège Urbain IV succède à l’ancien St Bernard (102 élèves, puis 263 en 1955 et … en 2012). En 1941, le Cours Sévigné-Fénelon prend le nom de Saint-François de Sales (70 élèves en 1911, 400 en 1955, … en 2012).

En 1948, quand prend fin l’exil de la communauté, la Congrégation réintègre la rue des Terrasses pour y installer la Maison-Mère comme à l’origine.

Une trentaine d’Oblats et une centaine d’oblates se voient confier les territoires missionnaires sud-africains. Actuellement, la Congrégation regroupe environ 800 religieux. Elle possède 8 provinces, 2 régions missionnaires. Elle a inauguré des fondations en Inde, au Bénin et en Colombie.

 

Quelques anecdotes parmi d’autres :

- en 1892, alors qu’il parcourt un pavillon attenant à un hangar de la Tuilerie de Saint Parres aux Tertres, devenu propriété des Oblates, le sol cède sous ses pas, et le P. Brisson est précipité dans une excavation qui formait jadis un des fours à briques de la maison. Un moment, il craint de ne pouvoir ni se dégager seul, ni même appeler au secours, car ce pavillon est isolé et loin, des chambres habitées. Il promet d’élever une chapelle, s’il réussit à sortir. Alors, il tente un dernier effort, et, à sa grande surprise, il parvient à se hisser jusqu’au sol ferme. Il se hâte d’ériger un petit sanctuaire, sur le plan de Saint-Gilles et, de l’ancien four il fait une sorte de crypte où se trouve, comme quatorzième station de chemin de croix, une touchante effigie du Christ au tombeau gardé par un ange.

- Un soir, alors qu’il se trouve au Grand Séminaire, à 20 h, une mère de famille vient le supplier de lui trouver 60 fr. pour un quart de son loyer que le propriétaire exige dès le lendemain, sous peine de saisie de son mobilier. Touché de cette détresse, l’abbé donne tout ce qu’il a, 20 fr. Le lendemain, au monastère, lors de sa messe, il dit : " Seigneur, s’il y a quelque chose de vrai dans ce que me dit notre Mère, faites qu’au sortir de la Messe, elle me donne les 40 fr. dont j’ai besoin. L’action de grâce terminée, l’aumônier se rend au parloir et, alors qu’il n’a parlé à personne de la visite de la veille, il voit la Supérieure lui passer par la grille 2 pièces de 20 fr. en disant : " Il faut toujours faire ce que Dieu nous demande ! ".

 

Les progrès de la science excitent la curiosité du Père Brisson. Il s’intéresse beaucoup à l’électricité et imagine même une horloge astronomique. En 1852, lors d’un séjour à la Chartreuse de Bosserville, il est frappé par le sens du blason de l’Ordre cistercien : une croix dominant le globe terrestre. La croix reste fixe pendant que la terre tourne. Il lui vient la pensée de traduire en mécanisme cette révolution des mondes dont l’homme, doit contempler les merveilles. Il imagine le plan d’un appareil qui reproduirait les principaux phénomènes sidéraux dans leur complexité et leur accord prodigieux. Il fabrique un meuble vitré de 2 m 50 de haut sur 1 m 30 de large et 0,60 m de profondeur. On peut voir le mécanisme. Il y a une sphère céleste, une sphère terrestre, et 35 cadrans qui indiquent l’heure solaire et l’heure sidérale, les mouvements de Jupiter et les éclipses de son premier satellite, les apparences de Vénus, l’heure concordante des capitales du monde et des principales îles, l’heure des marées et leur hauteur à Grandville, au Havre, à Brest, à l’Equateur, à Cherbourg, à Ostende, à Bristol. La révolution du soleil, de la lune, de Mars, de Jupiter et de Saturne, les phases, les nœuds et les éclipses de la lune, les indications du calendrier ecclésiastique, la durée des jours et des nuits, selon les différentes saisons de l’année en Laponie, à Saint-Pétersbourg, à Londres, à Paris, à Troyes, à Rome, à Jérusalem, au Pérou, enfin beaucoup d’autres renseignements relatifs à la lune, aux variations périodiques d’éclat de l’étoile Algol, à Mercure… Le jour de la semaine, le saint du jour, l’aspect du ciel et la rotation de la terre... Pour faciliter l’intelligence de tout ce mécanisme, le P. Brisson indique un moyen de donner instantanément à l’ensemble, un mouvement accéléré, qui fait passer en quelques instants une période d’un jour, d’une semaine ou d’un mois à volonté, puis on remet l’ensemble au point de départ, afin de sauvegarder l’exactitude des indications de chaque cadran.

Le P. Brisson décline dignement, sans fausse modestie, tout témoignage honorifique et refuse même des propositions d’achat très avantageuses de la part du gouvernement. Parmi les savants qui examinent l’horloge à cette époque, il y a le directeur de l’Observatoire de Georgetown près de Washington.

 

A l’occasion du jubilé sacerdotal de Pie X, en décembre 1907, les représentants de la Congrégation excusent le P. Brisson Supérieur Général des Oblats de ne pas y participer, retenu par la vieillesse. " Quel âge a-t-il ? demande le Pape " " Bientôt 91 ans, très Saint-Père " la figure du Pontife s’illumine d’un bon sourire : " Ecrivez lui vite que je le bénis avec tous ses enfants, avec toutes ses œuvres. Que la bénédiction du Pape le fasse arriver jusqu’à sa centième année ".

 

Le Père Brisson décède à Plancy le 2 février 1908, dans l’une de ses maisons de jeunes ouvrières.

 

Le 22 septembre 2012, c’est plus de 3.000 personnes, avec des pèlerins venus d’Amérique Latine, d’Afrique, des Etats Unis et de toute l’Europe, qui accompagnent en la cathédrale de Troyes, le bienheureux Louis Brisson, en présence de Manuel Valls, ministre de l’Intérieur et des Cultes. La célébration solennelle se déroule sous la présidence du cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, venu spécialement de Rome et représentant le pape Benoît XVI. Il y a aussi Carlos Peraherra, le miraculé équatorien, qui est à l’origine de la reconnaissance par l’Eglise de la béatification de Louis Brisson.


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