Religieux et saints de l'Aube



Saint Frobert


Saint Frobert
Saint Frobert

          En 603, naît à Troyes, d’une famille de riches plébéiens, Frodebert, appelé Frobert. Dès les premières années, la sainteté de l’enfant se révèle. A l’école cléricale, fondée par l’évêque Ragnégésile, sa vive intelligence, son angélique piété, ne tardent pas à le faire remarquer. L’écolier apprend à lire dans la Sainte Ecriture. Une partie de ses nuits est consacrée à l’oraison. Sa mère, aveugle depuis longtemps, supporte avec peine son infirmité. Elle aime prendre son fils sur les genoux. Un jour, la pauvre femme, inspirée d’en haut, le supplie de faire sur ses yeux le signe de la Croix. Sa petite main se lève et il fait ce que sa mère lui demande : les yeux de l’aveugle s’ouvrent. A Troyes, où il se répand rapidement, ce miracle fait grande impression. L’attention de l’évêque est attirée sur Frobert. Il l’admet parmi les clercs de son église. Luxeuil, le célèbre monastère fondé en 520 par l’apôtre irlandais saont Colomban, est alors dans tout l’éclat de sa renommée. 600 religieux s’y trouvent réunis sous la direction de saint Walbert. Une école florissante y attire les disciples de toute la France. Ragnégélise y conduit Frobert. Chacun admire sa profonde humilité, son incomparable amour de la mortification, sa patience à toute épreuve et surtout sa candeur et sa simplicité enfantine.  L’évêque le laisse passer plusieurs années à Luxeuil, puis le rappelle à Troyes, ne voulant pas priver son diocèse de cette brillante lumière. Frobert veut continuer à vivre en religieux. Dans un coin de palais épiscopal, il de ménage une retraite. Il passe régulièrement plusieurs jours sans rien prendre de l’année tout entière, il fait un long carême. Ces jeûnes extraordinaires appellent à la calomnie. On vient dire à Ragnégésile que Frobert mange en secret dans sa cellule. Le pieux évêque veut savoir par lui-même, ce qu’il en est. Dans l’église de Sainte-Savine qu’il vient de faire construire de ses propres deniers,  fait disposer sous le porche une cellule qu’il offre un jeune reclus. Celui-ci y continue sa vie austère. Quand vient le carême, ses pénitences deviennent incroyables, et les accusations perverses redoublent. L’évêque le surveille lui-même, arrivant souvent à l’improviste dans sa cellule. Il n’a pas de peine à se convaincre que les accusations sont dénuées de fondement. Pendant ce temps, la réputation du saint jeune homme s’étend au loin.  Les malades, les infirmes, tous ceux qui souffrent, viennent en foule pour le visiter et lui demander la délivrance de leurs maux. Frobert se contente de bénir de l’huile qu’il donne à ses visiteurs. Tous ceux qui en versent sur leurs plaies s’en retournent guéris. Les possédés qui viennent à lui, il les marque de sa main au front ou sur la poitrine, puis il parle d’un ton d’autorité à l’esprit impur. Il est toujours vainqueur. Il passe 2 années auprès de son évêque, et obtient de lui la permission de s’en aller à travers la forêt dans un ermitage où il puisse prier Dieu plus à son aise.  Tout près de Troyes, il voit un terrain inculte, marécageux, sauvage, qui appartient au fisc royal : on l’appelle l’île des Germains. Frobert va à la cour trouver le roi de Neustrie et de Bourgogne, Clovis II, et lui demande sa terre. Il l’obtient grâce à l’intercession de la reine sainte Bathilde, en 655. Ce don est confirmé 2 années plus tard, par un acte de concession de Clotaire III, qui vient de succéder à son père. Saint Frobert ne dépend plus que du roi. L’île des Germains, vaste étendue de marais et de lagunes, à l’aspect triste et rebutant, offre des attraits au pieu solitaire. Les disciples viennent bientôt et nombreux. Tout est à faire : les monastères à construire, les tertres à défricher. Frobert se met vaillamment à l’œuvre à leur tête, et l’île des Germains ne tarde pas à changer d’aspect. Mais, quel courage il faut à ces moines pour aborder, sans outils suffisants, souvent sans compagnons, au milieu d’un monde ravagé, décrépit, impuissant, ces profondeurs inconnues. Cette œuvre est longue et pénible : porter partout le fer et le feu, assainir, niveler le terrain, donner un écoulement aux eaux stagnantes, dessécher les marais… En peu de temps, Frobert parvient à rendre le sol habitable. Peu à peu, avec ce qu’il hérite de ses parents, il achète les terrains voisins de son établissement et se procure tout seul ce qui lui est nécessaire en serviteurs et en ouvriers. Aux quelques cellules misérables du commencement, fait place un monastère plus spacieux, rendu nécessaire par le nombre toujours croissant des religieux. En souvenir de son humble origine, il donne au monastère le nom de Montier-la-Celle. La vie religieuse y est fervente, Frobert y introduit les pratiques du monastère de Luxeuil où il s’est formé. L’église de cette abbaye est un « chef d’œuvre d’architecture, et les connaisseurs la regardent comme une des plus belles de la province », écrit Courtalon. Beaucoup d’enfants de familles nobles viennent y prendre place. Les dons qu’ils apportent avec eux, accroissent considérablement les biens de l’abbaye, mais cette prospérité temporelle ne porte aucun dommage à l’esprit de pénitence et de régularité. Rapidement, Montier-la-Celle rivalise avec les plus florissants monastères de cette époque. Une école est adjointe au monastère, on y enseigne la théologie, la philosophie, l’histoire et le droit civil. Cela explique le grand nombre d’hommes célèbres issus de l’abbaye. En premier lieu, 5 évêques de Troyes ; Aldebert, Ardoin, saint Bobin, Bodon et Gualon. Il faut aussi mentionner saint Robert, le fondateur de Molesme et de Cîteaux, qui fut prieur de Montier-la-Celle, Pierre de la Celle évêque de Chartres, Foulque évêque d’Estonie, Etienne de Chambarut, archevêque de Toulouse et camérier du pape Clément VI. Le couvent des vierges de Saint-Quentin à Troyes, reçoit le bienfait de sa direction. Ses filles spirituelles sont souvent témoin des grâces singulières dont le ciel le favorise. Parmi ses miracles, il y a celui du « tonneau de Saint-Quentin » : le saint fait de fréquentes visites à ce couvent, y reçoit des amis, et leur offre des rafraichissements. Un jour, allant chercher un peu de vin, le frère qui l’accompagne voit du précieux liquide répandu sur le sol. Croyant à une fuite du tonneau, il l’examine de près et s’aperçoit qu’il est plein ! Le Seigneur le remplissait régulièrement « à la mesure de la générosité du saint ».

 

Dans sa vie, les miracles abondent : possédés délivrés, paralytiques guéris, visions, extases… on rencontre régulièrement l’intervention céleste. Déjà on le considère comme un Saint. Ragnégelise avait fait construire à Sainte-Savine une belle église pour y recevoir les reliques de la sainte. Frobert obtient, pour l’église de son monastère, le corps de la sainte, qui y demeure longtemps.

 

         En 1348, les Anglais brûlent le monastère. Les moines se retirent chez les Dominicains de Troyes, jusqu’à la réparation.

 

         Saint Frobert décède le 1er janvier 673. Le pontife, ayant remarqué que « le jour de la mort de saint Frobert où l’on célébrait sa fête, était occupé par la solennité de la circoncision de Notre Seigneur, qui se célébrait depuis longtemps, remit la fête de ce saint, au 8 janvier, afin de satisfaire la dévotion du peuple ».

 

Il y eut de nombreux miracles sur son tombeau et la renommée fut telle, « qu’une grande foule du peuple vint y implorer le secours de son intercession ».

 

En 1470, Monseigneur Louis Raguier, évêque de Troyes, transfère ces reliques dans une superbe châsse. L’église de Saint-André-les-Vergers, outre la châsse, possède 3 statues de saint Frobert, un vitrail et une décoration d’un chandelier du maître-autel. D’autres statues sont visibles à Saint-Remi, Sainte-Savine et Saint Julien. On voit aussi le saint dans le triforium de la cathédrale et dans un vitrail de Sainte-Savine.

 

         A 2 pas de la rue de la Cité à Troyes, il y a une étroite ruelle Saint-Frobert, qui s’appelait autrefois rue de la Juiverie, au fond de laquelle existait l’église saint Frobert, construite sur l’emplacement d’une synagogue établie avant le XIV° siècle, après l’expulsion des Juifs, sous Charles VII. Elle est mise en vente par le District de Troyes, comme Bien national, le 4 juin 1791, et adjugée le 18, au sieur Louis Thiébault, négociant à Troyes. Elle n’est pas démolie, mais convertie en logements et en remises à vin.


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