Saint Phal est inscrit dans la plus ancienne recension du martyrologue hiéronymien (le plus ancien de langue latine, des religieux des divers ordres ou congrégations ayant pour patron saint Jérôme, tout en suivant la règle de saint Augustin), soit à la fin du VI° siècle siècle, à la date du 16 mai. C’est une garantie de l’authenticité de son existence.
La plus ancienne « Vie » remonte à la fin du VIII° siècle. Elle est conservée dans un manuscrit de Montiéramey (actuellement à la bibliothèque de Troyes) : « Comme le biographe lisait chez Grégoire de Tours que les Arvernes (l’un des 54 peuples gaulois présents en Gaule du VI° au 1er siècle avant J.-C.) furent gravement écrasés par le roi Thierry, qu’un religieux troyen nommé Aventin avait œuvré au rachat des captifs et qu’un esclave se payait 12 pièces d’or, muni de ces renseignements, il a pu composer la vie de Phal, racheté par l’abbé Aventin pour 12 pièces d’or. Puis il ajouta les miracles habituels, mais oublia totalement de décrire sa mort ». Parcourons cette biographie : saint Phal est originaire d’Auvergne, de race noble. Il a reçu la cléricature dans sa jeunesse et a quitté ses parents. Dans des circonstances obscures, il est fait prisonnier par le roi d’Austrasie Thierry 1er (511-534), un des fils de Clovis qui régnait sur l’est du royaume franc démembré à la mort de son père : Troyes faisait partie de son domaine. Or, au même moment l’abbé d’Isle-Aumont reçut un avertissement du Ciel lui annonçant en vision de recevoir le prisonnier Phal qui venait à lui, de le racheter et de le garder dans sa communauté. De fait, peu après, des prisonniers passaient devant la porte. Aventin interpelle les gardiens : « Seigneur abbé, disent-ils, nous ne refuserons pas si tu veux acheter le lot de l’Eglise ». Pour 12 pièces d’or, l’abbé satisfait la cupidité des voleurs. « L’homme admirable, recevant dans le sein de la grâce celui qui lui est profondément lié par le lien de l’éternelle charité, fit du prisonnier un fils spirituel et l’aimait non comme un serviteur mais vraiment comme le Seigneur ». Phal correspond aux espoirs que le pieux abbé a mis en lui, il se fait remarquer par sa prompte obéissance : « il accomplissait les paroles des anciens en tout et pour tout. Il accomplissait dévotement et avec un solide progrès les divins offices dans une humilité divine de sorte qu’il reçut la place du supérieur et gouverna ses frères de droit ordinaire ». En effet, au décès d’Aventin, il fut élu unanimement pour lui succéder. Loin de s’enorgueillir d’un tel rôle, il continua de se distinguer par son esprit de prière et son souci de la pénitence : son cilice et ses jeûnes fréquents ne diminuaient en rien sa crainte du Seigneur et sa parfaite charité. Le rayonnement de ses vertus se répandait hors du monastère, amplifié par une réputation de thaumaturge (qui fait des miracles). La « Vie » raconte complaisamment toute une série de miracles plus étonnants les uns que les autres. C’est la guérison de l’enfant Octavien incapable de marcher : il le met sur son lit et, pendant sa prière nocturne, l’enfant retrouve l’usage de ses jambes. C’est un homme enragé qu’on lui amène : il mord tous ceux qui l’approchent, grince affreusement des dents et doit être attaché par une quadruple chaîne. Trois jours de jeûne de saint Phal obtiennent sa libération. C’est un voleur de cheval que personne ne peut rattraper : la prière du saint l’arrête à distance du côté d’Arcis-sur-Aube et il doit revenir à son point de départ, mais il reste cloué en selle et ne peut descendre que sur l’ordre de l’abbé. C’est une femme devenue sourde et muette à la suite d’une maladie infectieuse qui est guérie subitement par l’imposition des mains. Un méchant homme, insolent et orgueilleux, tenait en prison un jeune homme coupable d’un grand crime. Emilien, le père de celui-ci court supplier saint Phal d’intervenir. Le saint homme l’envoie au juge avec le bâton sur lequel il s’appuyait solidement pour la prière avec la plus grande supplication. Mais rien n’y fait : l’impie brise le bâton et repousse le moine, et il ordonne de redoubler les supplices et finalement, de pendre le jeune homme, avec interdiction de le détacher pendant 3 jours. « Or celui qui, selon le précepte du tyran, pendait au bout de 3 jours, on le vit comme soutenu à l’aide de saint Phal qui avait posé ses pieds sur ses épaules, si bien que ni la tendresse de son cou, ni la qualité de sa gorge ne ressentaient le désagrément du massacre, ni son corps pendu le dommage de la mort. Dès lors, lorsque son père, ayant obtenu la permission de détacher son fils comme l’ayant pendu, rendait douloureusement à la terre pour l’enterrer le corps détaché, celui-ci, libéré de ses liens alors qu’il était voué à la mort, bondit, se met à marcher tout joyeux et on découvre vivant celui qu’on espérait mort, et il témoigna à ceux qui l’interrogeaient qu’il était libre parce que le compagnon des apôtres avait soutenu ses pieds ».
La « Vie » se termine brusquement sur le récit des miracles et rien n’est dit de la mort et de la sépulture de Phal. La date est fixée arbitrairement par les commentateurs entre 540 et 549.
Il est probable que c’est lors de la destruction du monastère d’Isle que les reliques de saint Phal furent transférées à l’abbaye de Montier-la-Celle avec celles de saint Ursion et de saint Maurèle. Elles y restèrent en honneur jusqu’à la Révolution. Toutefois, le crâne fut donné le 5 janvier 1640 à la paroisse de Saint-Phal. Le 24 août 1791, au moment de la dispersion des biens de Montier-la-Celle, la châsse du saint fut attribuée à l’église de Saint-André. Les reliques y furent reconnues en 1802 et en 1828.
Le 28 août 1803, Mgr de la Tour du Pin dota le trésor de la cathédrale d’un ossement de saint Phal venu de Saint-André et Mgr de Boulogne en fit la reconnaissance le 29 avril 1811.
Il est probable que c’est le don de reliques dans les siècles passés qui a multiplié les églises dédiées à saint Phal à travers la France dans les régions les plus diverses, sans parler de celles de notre diocèse : Saint-Phal et Avirey-Lingey.
Des statues le représentent à Saint-Nicolas de Troyes, à Ervy et à Saint Phal, et un vitrail à la cathédrale, à Ervy et à Piney.
Saint Phal fut longtemps célébré à Troyes le 16 mai, mais maintenant on en fait mémoire à la Toussaint du diocèse le 8 novembre.
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