Robert naît à Troyes aux environs de 1028. Ses parents sont de famille noble et riche "et aussi vertueuse". Selon la tradition, la Vierge Marie apparaît à sa mère qui le porte encore, et lui présente un anneau d’or en disant : "Emmengarde, je veux que le fils que tu portes en ton sein me soit uni en mariage par cet anneau". Telle serait la source de la profonde dévotion mariale que le futur fondateur de Citeaux imprima à son Ordre naissant. Après ses études littéraires, Robert sent grandir en lui le goût d’une vie plus donnée à Dieu. A 15 ans, il entre à l’abbaye de Montier-la-Celle et y fait profession. Il est ordonné prêtre, et rapidement les frères le choisissent comme prieur de l’abbaye. Sa réputation se répand assez loin, pour que vers 1068, les moines de Saint-Michel de Tonnerre l’élisent pour abbé. Il donne sa démission vers 1071, et revient reprendre sa place parmi les frères de Montier-la-Celle. Il est choisi comme prieur de Saint-Ayoul de Provins, dépendance de Montier-la-Celle. Le pape Grégoire VII lui demande d’être à nouveau supérieur des moines de Saint-Michel. Il s’installe sur la terre de Molesme, près des Riceys, sur les rives de la Laigne. En 1075, le monastère y voit le jour. C’est le dénuement des premiers temps, et il n’y a plus rien dans le cellier. Robert envoie quelques religieux se procurer des vivres à Troyes. Comme ils se présentent pieds nus dans la ville, le bruit en vient à l’évêque Philippe de Pons qui les fait revêtir d’habits neufs et ils repartent avec une charrette de vêtements et de pains. Les seigneurs des environs font des donations en terre ou en argent, ce qui met le monastère à l’aise. Les vocations se multiplient, en particulier de jeunes nobles.
L’abbaye d’Isle (Aumont), premier établissement monastique du diocèse, est détruite par les Normands à la fin du IX° siècle. Robert crée sur son emplacement, un prieuré bénédictin en 1097.
En 1098, avec 21 compagnons, Robert fonde l’abbaye de Citeaux (où saint Bernard entrera plus tard), berceau de l’ordre cistercien, maison mère, bientôt à la tête de plusieurs centaines de monastères, ayant marqué pendant plus de 7 siècles, la vie spirituelle, économique et sociale du monde chrétien. Citeaux était un lieu désert, de forêts et d’épines, dont le nom vient d’un vieux mot français "cistels", qui désignait des joncs de marécages. Robert fait de Citeaux un centre spirituel majeur de l’Europe. L’abbaye et son immense domaine sont vendus en 1791.
En 1099, le pape Urbain II "entend la clameur des moines de Molesme", et il permet à Robert d’y revenir comme abbé.
En avril 1111, saint Robert décède. "Aussitôt apparaît dans les nues un double arc-en-ciel et une croix lumineuse". Deux hommes atteints de fièvre sont guéris au contact du suaire, et la comtesse de Nevers retrouve un bijoux précieux qu’elle a perdu, en faisant brûler un cierge en l’honneur de Robert, qui devient ainsi, un des spécialistes des objets perdus. Le corps est enseveli dans un sarcophage de pierre, au milieu de l’église abbatiale. Le nombre et la variété des miracles autour du tombeau engagent les abbés de Molesme et de l’Ordre de Citeaux à solliciter sa canonisation à Rome. Honorius III ordonne une enquête. Dans sa bulle de janvier 1223, le pape accorde aux postulateurs "de vénérer Robert comme un saint dans leur église". Innocent IV procède à la canonisation en 1243
En 1243, l’abbé Geoffroy met le chef dans un buste et le corps dans une châsse riche d’argenterie et de pierreries. Elle est vendue en 1430 à Dijon, pour payer une rançon imposée à l’abbaye. Une nouvelle châsse en argent est pillée par les protestants, et le magnifique reliquaire, œuvre d’un artiste lombard en 1781, disparaît à la Révolution. Le maire de Molesme, ayant réuni le chef au reste du corps, enferme ces reliques dans une châsse scellée du sceau municipal. Le 19 thermidor de l’an II, l’agent municipal met les ossements dans une corbeille et les place sous une pierre tombale avec un petit cercueil renfermant tous les papiers, les débris du suaire, une aube et quelques autres vêtements. L’évêque de Dijon reconnaît ces précieux restes en 1826, et les dépose dans l’église paroissiale de Molesme.
Plusieurs églises du diocèse de Troyes possèdent des statues de Robert. A Isle-Aumont, il est représenté en abbé et, à ses côtés, une petite église renferme quelques reliques. A Avirey-Lingey, crossé et mitré, il tient à la main un plateau chargé de fraises. En effet, selon la tradition, la comtesse de Bar-sur-Seine, malade, déclara à son mari qu’elle mourrait si elle ne pouvait manger de ces fruits. Or, à cette époque la neige recouvrait la terre. Le comte, ne sachant que faire, courut à Molesme conter à Robert les caprices de sa femme. Le bon abbé conduisit le comte au jardin de l’abbaye, et, après avoir prié, on découvrit la neige et l’on vit paraître des fraises d’une saveur et d’un parfum extraordinaires.
Saint Robert a aussi sa statue à Sainte-Savine, Arrelles, Vertignolles, Radonvilliers. Il est le patron des Loges-Margueron. Au musée de Détroit, Robert tient le livre de sa règle et une tige de lys. Les églises de Sainte-Madeleine et de Chaource présentent une statue en pierre peinte de l’école champenoise. A la Pinacothèque de Parme, sur un tableau, le saint abbé réécrit sa règle avec saint Bernard comme pendant. En Hollande, il est représenté dans une stalle de l’église Saint-Lambert de Wouw.
On trouve aussi saint Robert sur quelques vitraux. A Fouchères, sur un vitrail de 1575, il présente un donateur, à l’église de Riceys-Bas, à Villeloup.
La fête est inscrite au calendrier troyen au 29 avril.
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