Hélène vivait du temps de saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople et de l’Empereur Arcade, au commencement du V° siècle.
Son corps qui était à Corinthe, fit partie du dépôt des reliques dont fut chargé Garnier, évêque de Troyes en 1204.
Ce prélat étant mort, son chapelain Langlois transporta le corps de sainte Hélène à Troyes, où il n’arriva qu’en 1209.
La joie des Troyens à la vue de ces reliques fut bientôt changée en inquiétude. On ne connaissait pas la sainte dont on venait de recevoir le corps, et Langlois n’avait apporté aucun acte qui instruise de son histoire. Quelques uns, voyant les ornements dont ces reliques étaient accompagnées, pensèrent que c’était la mère du grand Constantin. Dans cette incertitude, et pour fixer l’objet du culte, l’évêque Hervée, successeur de Garnier, et le chapitre de la cathédrale, renvoyèrent Langlois à Constantinople, pour s’informer de la naissance, des actions, de la mort et du culte de la sainte.
En effet, si Hélène est une sainte parce qu’elle est une remarquable thaumaturge, l’on peut espérer que les étonnants miracles qu’elle a accumulée tout au long de sa vie, se reproduiront encore dans notre cathédrale, attirant ainsi les dévots et les pèlerins qui pourront contribuer de la sorte aux frais énormes de la construction du nouvel édifice.
Peu de jours après son arrivée, Langlois découvrit, à Constantinople, un ecclésiastique nommé Angermer, du diocèse de Troyes, qui avait acquis l’usage de la langue grecque et était devenu lecteur de l’église de Chalcédoine. Langlois lui déclara le sujet de son voyage et le pria de lui donner les éclaircissements qu’il venait chercher. Angermer les lui promit.
Langlois fit à la hâte une vie de sainte Hélène qu’il dit avoir trouvée dans les anciennes bibliothèques, et « dans de très amples collections », dont il lui donnait un extrait, pour remettre à l’évêque de Troyes. Il y rapporte que sainte Hélène prit naissance dans la ville de Naturas, peu éloignée de la mer et de Constantinople, entre cette ville et Selymbria, aujourd’hui Sélivria, que son père était Agiel, roi de Corinthe, et que sa mère s’appelait Gratulie. On y voit que sa naissance fut annoncée par un présage miraculeux, et que, lorsqu’elle vit le jour, Evagre, évêque de Phillippes, la nomma Hélène, du mot grec qui signifie lampe, lumière, comme devant être un flambeau de l’église. Il nous apprit que dès sa plus tendre enfance, elle avait reçu le don des miracles. Aussi, lui en fait-il opérer une multitude.
Villehardouin, témoin oculaire, confirme le culte de sainte Hélène.
Dès que son corps est déposé dans la cathédrale, il y a 36 miracles.
Sans plus attendre, l’évêque Hervée fait construire une châsse exposée entre les premières travées du chœur qui commence à s’élever. Las ! Une tornade, le 9 novembre 1228, fait s’ébouler une partie de la construction. La châsse est détruite, mais le corps est préservé intact.
« Le lundi après Quasimodo 1229, le doyen Milon ordonne que chaque chanoine (ils sont plus de 70), donnera sur sa prébende, un setier de grains par charité », pour la réfection de la châsse.
L’évêque Nicolas de Brie qui achevait le chœur au milieu du XIII° siècle, le fit orner de verrières, dont plusieurs de la vie d’Hélène.
Cette sainte est alors regardée comme une, des patronnes de la ville de Troyes et du diocèse.
A partir de 1260, il y a une procession annuelle en l’honneur d’Hélène, ordonnée par Nicolas de Brie.
Au XIV° siècle, on trouve mentionnée dans la cathédrale, une chapelle de sainte Hélène. Elle se trouvait à l’angle, du collatéral droit du chœur et du transept. Elle fut endommagée dans la chute du clocher le 13 août 1365.
Le prestige de sainte Hélène était tel que la reine Anne d’Autriche de passage dans notre ville le 20 avril 1630, visita dévotement ses reliques. Ce fut aussi le cas le 9 mai 1666, de la princesse douairière de Conti, nièce de Mazarin, qui assista ce jour-là à la messe dans la cathédrale.
En 1706, l’obligation de la fête chômée, jusque là étendue à l’ensemble du diocèse, fut limitée à la ville de Troyes. Cette dernière prescription fut à son tour supprimée en 1763, malgré la protestation des chanoines soucieux de l’honneur « dû à l’un des anges tutélaires de la cité ».
Le culte de sainte Hélène fut définitivement ruiné dans la sinistre nuit du 9 au 10 janvier 1794, où la plupart des reliques de la cathédrale furent jetées au feu allumé dans la sacristie par les révolutionnaires.
Les quelques débris qui furent sauvés furent reconnus par Mgr de Boulogne le 24 avril 1811, et par Mgr de Séguin des Hons en septembre 1830.
Cette sainte est regardée comme une, des patronnes de la ville de Troyes et du diocèse.
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