Création du Corps de Ville de Troyes

        L’administration municipale est organisée de nos jours de façon uniforme. Les affaires de chaque ville ou commune, quelle que soit son importance, sont régies par un maire et des conseillers municipaux, dont le nombre varie en fonction de la population de la cité.

Les changements survenus dans la composition du Corps de Ville de Troyes sont étroitement liés à l’évolution historique.

Au Moyen Age, c’est la nécessité d’organiser la défense de la cité, de construire des fortifications pour la protéger contre l’ennemi, qui est la base de son existence : aussi, les chefs de la Milice Bourgeoise jouent-ils, tant dans les Conseils de Ville intermittents des XIV° et XV° siècles que dans l’Echevinage organisé par les chartes de Louis XI, un rôle prépondérant.

A partir du XV° siècle, la sécurité de la ville étant assurée, la constitution se modifie, et la représentation des citoyens dans le Corps municipal est réalisée par la participation des diverses corporations de la ville à sa nomination.

Pendant plus de 2 siècles, ce système se maintient, mais il fonctionne au profit exclusif des gros marchands, dont les liens familiaux se resserrent, et qui tendent ainsi à former une caste, à accaparer l’Echevinage et à exercer un pouvoir d’autant plus exclusif que la richesse s’accumule peu à peu entre leurs mains.

Le règlement de 1773, après la courte réaction de 1765, semble avoir enfin réussi à établir, tant en fait qu’en droit, une représentation plus harmonieuse, mais son application ne tarde pas à être interrompue par la Révolution.

Toutes ces constitutions municipales sont l’œuvre du roi, soit des juridictions auxquelles il a délégué ses pouvoirs. Le roi, en effet, exerce une surveillance constante sur l’application des chartes qu’il a octroyées, et son action s’est accrue en même temps que son autorité. Longtemps, il n’est intervenu que quand les intrigues venaient troubler la tranquillité de la ville. Mais à partir du XVII° siècle, lorsqu’il eut à sa disposition, en la personne de l’intendant, un agent plus sûr et de tendances moins aristocratiques que le bailli et les autres juges royaux, il s’efforça de régulariser la vie municipale, de réaliser un équilibre entre les diverses classes de la cité : c’est par ces facteurs que s’explique le règlement du 18 décembre 1773.

Si les principes qui, depuis plusieurs siècles, présidaient à l’organisation du Corps de Ville de Troyes furent brusquement abandonnés en 1789, c’est parce que l’ancien système « cessa d’avoir sa raison d’être lorsque de nouvelles maximes politiques furent adoptées ». Les conceptions alors en faveur étaient basées sur « un besoin de logique pure, de symétrie et de froide simplification ». Elles posaient en effet pour principe que l’Etat est constitué par l’ensemble des individus considérés isolément, elles en déduisaient justement qu’il convenait de supprimer tous les privilèges et, d’une manière plus générale, tous les groupes intermédiaires entre l’individu et l’Etat. Ces idées nouvelles furent mises en pratique par l’Assemblée Constituante et formèrent la base du décret du 14 décembre 1789 sur l’organisation municipale, qui décida que les corps municipaux seraient élus par tous les citoyens « actifs », sans que leur profession fût considérée.

Nous allons voir les 6 chapitres suivants : 1) Avant 1470, 2) Création de l’échevinage de Troyes, 3) Création de la Mairie de Troyes, 4) Réformes de 1535-1538, 5) Aux XVI° et XVII° siècles, et 6) Réformes du XVIII° siècle.