Ce sont surtout les ouvriers du textile qui font le renom de Troyes depuis le XII° siècle jusqu’à nos jours.
Après les tisserands, les blanchisseurs, les drapiers, les faiseurs d’habits, de bourses, de bonnets, les courtepointiers, les fourreurs... vient le renom de Troyes avec la bonneterie, c’est-à-dire la production d’articles faits de boucles successives.
C’est en 1505 que l’on trouve la première trace officielle de production de bonneterie à Troyes, par les statuts d’une confrérie de bonnetiers, repris en 1554, puis confirmés jusqu’en 1698.
Le roi Henri II a porté en 1559, une paire de bas tricotés à Troyes, à l’occasion du mariage de sa sœur Marguerite avec le duc Emmanuel-Philibert de Savoie.
En 1630, est créée une manufacture de drap et tricot à l’Hospice Saint-Nicolas, pour " l’emploi des pauvres valides ", et pour " bannir la fainéantise et l’oisiveté et pourvoir à la subsistance et l’entretien des pauvres ".
En 1746, une manufacture s’ouvre à l’Hôpital de la Trinité, initialement destinée aux locataires de l’Hospice et notamment à ceux de l’orphelinat, embauchant rapidement des ouvriers à l’extérieur, pour faire face au développement des ventes vers Paris, la Normandie et la Picardie.
En 1764, il y a vingt-six métiers. En 1788, arrivent à Troyes les premiers métiers à côte. La fabrique troyenne prend une grande extension, devenant très variée, par les procédés de tissage, de couleur et de dispositions, soit en bas guillochés, moulinés, jaspés, chinés, rayés, élastiques... Elle a un grand succès et vient supplanter la fabrication anglaise, généralement plus perfectionnée et qui jouit alors de la grande faveur du public. La bonneterie auboise, c’est-à-dire presque exclusivement la production de bas, se substitue peu à peu au tissage, lequel domine depuis le XI° siècle.
En 1784, il y a 3.240 métiers à tisser et 1.000 à tricoter, en 1846, il reste 982 métiers à tisser, et il y a 10.800 métiers à tricoter.
En 1851, la Chambre de Commerce décide l’envoi de représentants du textile à l’Exposition de Londres. Les constructeurs troyens sont l’objet d’articles élogieux et de gravures dans l’Illustration Anglaise. Le Palais de Cristal, journal moniteur de l’Exposition, célèbre les mérites des exposants troyens qui se voient attribuer des médailles, pour conclure que " leur travail est bien supérieur à celui de nos voisins ". Troyes est alors considérée comme la première ville bonnetière de France.
De tout temps, la Bonneterie troyenne est à la pointe du progrès. A l’exposition de 1867 à Paris, réunissant 50.000 exposants et recevant 15 millions de visiteurs, les fabricants de Troyes, en concurrence avec le monde entier, obtiennent à eux seuls, les quatre médailles d’or. Dans la classe bonneterie lingerie, deux médailles d’or, et dans la classe matériel et procédés de tissage, une médaille d’or.
En 1872, le nombre des métiers rectilignes et circulaires est de 2.500, soit le triple de ce qu’il était à la fin du règne de Louis-Philippe. Le nombre des métiers circulaires de grand diamètre, qui produisent sept fois plus que les métiers anciens, dépasse le millier à Troyes.
La ville est le principal centre français de la production de coton. A la suite de l’exposition de 1878, sur les 249 exposants aubois, 121 obtinrent des nominations (médailles d‘or, d‘argent, de bronze...), c’est un succès considérable.
On assiste entre les années 1885 et 1910, à une extraordinaire croissance de la production auboise. C’est l’âge d’or de la bonneterie.
A la fin du XIX° siècle, les plus importantes manufactures (au nombre d’une trentaine) emploient chacune plusieurs centaines de salariés, jusqu’à 1.600 chez Mauchauffée, 1.100 chez Poron.
Troyes fabrique en 1846, 33% de la production nationale, en 1889, 34%, en 1899, 45% et en 1903, 57%. " Troyes qui fut capitale... le redevient au début du XX° siècle, par et pour la bonneterie. "
Entre 1918 et 1930, le nombre d’établissements travaillant dans le textile à Troyes, passe de 58 à 225, plus 85 dans l’agglomération.
L’année 1929-1930, par rapport à l’année 1920-1921, marque une progression de 266 % !
Par la baisse excessive des salaires en 1931, et l’automatisation croissante des métiers, se crée un déficit de main-d'œuvre, dû au peu d’intérêt que l’ouvrier trouve à travailler en bonneterie, et c’est ainsi que cette industrie manque de bras après 1932.
Cependant, de 12.000 au début du XX° siècle, le personnel de la bonneterie passe à 23.000 entre 1934 et 1936, et en 1970 le maximum, avec 24.397 (75 % des salariés sont à Troyes).
Troyes possède les deux planches assez minces, peintes en blanc, découpées en forme de jambes, destinées à donner par pressage sous la vapeur un peu de galbe aux bas noirs de l’époque, et qui sont " les formes de la reine d’Angleterre ". La reine Victoria se fournit en bas à Troyes, qu’elle considère comme la "capitale incontestée de la Bonneterie ".
En 1888 est créée à Troyes, l’École française de Bonneterie. On peut dire que dans le monde entier, un nombre très important de militaires portèrent des coiffures tricotées sur les métiers Lebocey de Troyes.
A la fabrication des bas et chaussettes, s’ajoute celle des sous vêtements (telle la culotte Petit-Bateau chez Valton, depuis 1910). Troyes occupe toujours sa place très enviée de capitale française de la bonneterie.
Les entreprises troyennes sortent des articles connus et recherchés par toute la clientèle nationale et internationale de la maille, avec les marques Absorba, Guitare, Guy de Bérac, Jantzen, Kangourou, Rop, Vitos, Caravelle, Doré Doré, Emo, Mondia, DR, Brigitte, Orly, Lacoste, Jil, Madrigal, Petit-Bateau, Amiral, Lempereur, Elbe, Everest, Iris, Soléa, Bas Minuit, Night Club, Reflex, Babygro, Dermofil, Emo, Sortilège, Jimbo, Océan, Timwear, Scandale, Polichinelle, Exciting, Coup de Cœur, Benetton, Orly, Nursery...
Très important aussi pour le rayonnement troyen, le Centre National de Recherches de la Bonneterie, affilié à l’Institut Textile de France, qui voit le jour à Troyes en 1959, et a de multiples tâches, consistant dans la promotion des progrès techniques. Il dispose de laboratoires de physique, optique, chimie, d’ateliers expérimentaux d’études, traite pour la France, l’ensemble des problèmes relatifs aux matières premières, aux tricots, aux opérations des usines, détermine l’origine des imperfections et défauts, effectue des recherches destinées à l’amélioration des conditions de production et à l’introduction de contrôles efficaces... Il reçoit de nombreux stagiaires de toutes origines qui lui assurent un rayonnement national et mondial. Ainsi, parmi les étrangers, on peut noter des européens, Belges, Portugais, Italiens, Espagnols, de toute l’Europe Centrale, Russes... mais aussi Vietnamiens, Tunisiens, Malgaches, Marocains, Péruviens, Mexicains, Paraguayens, Japonais... Plus de 50.000 stagiaires y ont enrichi leurs connaissances professionnelles et les ont perfectionnées. Troyes peut ainsi s’enorgueillir d’être à la pointe du progrès technologique.
N’oublions pas que les fêtes de la Bonneterie étaient très renommées. L’élection de la reine et de ses 6 demoiselles d’honneur, se fait en présence des autorités civiles et militaires. Puis il y a une grandiose cavalcade, pouvant compter 1.200 personnages, 300 chevaux et 14 chars !
Depuis les années 1960, la concurrence internationale, les délocalisations dans des pays moins développés ont marqué un déclin dans la fabrication, mais pas dans les marques prestigieuses.
En avril 2010, Troyes fait partie des 65 sites européens labellisés au titre du Patrimoine européen. La cité tricasse a été reconnue comme " Capitale européenne de la maille aux XIX° et XX° siècles, centre de l'économie et de l'industrie textile du département de l'Aube, innovant et rayonnant au coeur de l'Europe ".
En novembre 2012, la marque troyenne Lacoste, fondée en 1933 par le champion de Tennis René Lacoste est rachetée par le géant groupe suisse MAUS, qui détient déjà 90 % de Devanlay à Troyes.
En septembre 2015, le Coq Sportif de Romilly-sur-Seine poursuit un développement spectaculaire, et pense embaucher 200 emplois supplémentaires, d'ici 2017 !
Le 6 avril 2017, le Président de la République François Hollande vient à Troyes pour "saluer l'ouverture sur le monde de Petit Bateau", société qui existe depuis 124 ans à Troyes.
2017 : Lacoste, avec Novak Djokovic et Le Coq Sportif avec Richard Gasquet profitent de la quinzaine de Roland-Garros, pour asseoir leur notoriété.
Le Coq Sportif renoue avec le XV de France : la marque romillonne a été retenue par la Fédération française de rugby pour équiper l’équipe nationale sur la période 2018-2024 au détriment d’Adidas : 80 % du coton est tricoté et teint à Troyes.
En 2017, Lacoste ouvre à Troyes sa " Manufacturing Academy ", pour former ses salariés (1.000 personnes à Troyes). C'est à Troyes que sont fabriqués les collections particulières, comme les tenues de l'Equipe de France olympique ou les fameuses collections " capsules " siglées " made in France ". Ces collections particulières font un tabac à l'étranger, au Japon comme aux Etats-Unis.
En 2020,
le Coq sportif remporte le marché des tenues des sportifs français aux Jeux Olympiques de Paris 2024, belle vitrine pour Romilly et l'Aube.
En 2017, " Petit Bateau " (3.000 personnes sont employées), part à la conquête de l'Asie. 400 boutiques émaillent le monde en Europe, Asie, Etats-Unis, Moyen-Orient.
Le 9 avril 2019, Lacoste officialise son extension à Buchères qui passe de 18.000 55.000 m².
La
bonneterie auboise, dès la pandémie de 2020, n'a pas tardé à fabriquer ces masques indispensables : comme Lacoste, Petit-Bateau, Tissmail, Le Coq Sportif, l'entreprise de Bonneterie Bugis,
Atelier d'Ariane, Chanteclair de Saint-Pouange (qui fournit l'Elysée), Bio Serenity qui embauche 150 personnes pour fabriquer 500.000 masques par jour...
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